Monsieur le Président,
Je remercie l’Envoyé spécial Geir Pedersen et le Directeur de Coordination d’OCHA, Ramesh Rajasingham, pour leurs interventions.
Je souhaite mettre l’accent sur trois points :
Concernant la situation sécuritaire, la Suisse reste très préoccupée par le potentiel d’escalade des hostilités militaires en Syrie. Les frappes sur la région de Masyaf le 9 septembre dernier qui ont, selon les autorités, tué au moins 18 personnes, dont des civils, en sont une nouvelle illustration. La Suisse appelle toutes les parties, y compris les Etats de la région, à la retenue. De plus, il est impératif de mettre en œuvre un cessez-le-feu au niveau national comme le prône la résolution 2254. Le respect du droit international humanitaire par toutes les parties et le retour au dialogue sont des moyens de prévention essentiels qui permettront d'éviter que l’escalade ne s’étende davantage en Syrie.
Les hostilités militaires en cours en Syrie et la solution politique sont intimement liées. La Suisse soutient les appels de l’Envoyé spécial à mettre fin à la violence armée et entamer des avancées substantielles vers une solution politique, conformément à la résolution 2254. Il y a cinq ans ce mois-ci, le Comité Constitutionnel voyait le jour. Nous continuons d’appeler à sa relance prochaine et restons prêts à soutenir et accueillir de nouvelles rencontres à Genève sous l’égide de l’ONU. Nous prenons aussi note de la récente rencontre du Comité de liaison arabe et de la Syrie au Caire. Nous encourageons les pays de la région à poursuivre leur engagement en faveur d’une solution politique ainsi que leur bonne coordination avec les Nations unies.
Pour la Suisse, l’inclusion de la société civile et notamment des femmes dans les efforts vers une solution politique est essentielle. Nous encourageons l’étroite collaboration entre le Bureau de l’Envoyé spécial et le Civil Society Support Room (CSSR), plateforme qui assure la large participation de la société civile et compte actuellement 43% de femmes. Le CSSR assure que les priorités et les réalités des Syriens et des Syriennes soient prises en compte sur le terrain et dans le processus politique. Ce Conseil doit écouter leur voix.
Ecouter par exemple la voix d’Ayoush, agricultrice et mère célibataire vivant à Idlib, qui confie : « Mon seul souhait est de retrouver une vie normale, afin que mes enfants puissent avoir un emploi régulier, un revenu stable et une famille aimante - une vie sans les souffrances quotidiennes que j'ai endurées ».
Ceci me mène à la situation humanitaire qui continue de se détériorer, alors que ce sont presque 17 millions de Syriennes et Syriens qui dépendent de l’aide humanitaire. La Suisse rappelle que toutes les modalités d’accès aux bénéficiaires – y compris à travers les lignes de front et à travers les frontières syriennes – sont nécessaires pour adresser des besoins en constante augmentation. Nous le répétons : le déficit de financement de la réponse humanitaire en Syrie est particulièrement inquiétant. Il entrave considérablement la capacité des organisations humanitaires à fournir des services essentiels et une aide vitale aux personnes touchées par la crise. La Suisse reste déterminée à soutenir les populations non seulement dans le pays, mais aussi dans la région. Ainsi, nous maintenons nos contributions à un niveau stable et nous sommes engagés à verser plus de 65 millions de dollars pour l'année en cours.
Enfin, ce mois de septembre marque la rentrée scolaire dans de nombreux pays du monde, y compris en Syrie. Or, treize années après le début de la crise, l’éducation, un élément clé pour l’avenir des jeunes, est gravement compromise. La situation humanitaire et économique désastreuse conjuguée à la violence augmente le risque de déscolarisation et de recours à des mécanismes de survie négatifs. Certaines familles se voient contraintes de choisir entre se nourrir et envoyer leurs enfants à l’école, de marier leurs filles trop jeunes ou de recourir au travail infantile. Leurs enfants sont ainsi exposés à des risques de protection accrus. Des générations entières d’enfants, qui n’ont connu que la guerre, sont menacées.
Monsieur le président,
Après tant d’années de conflit, et pour éviter de nouveaux cycles de conflit, la population syrienne doit retrouver une forme de normalité et regagner de l’espoir. Ce Conseil doit s’engager pour que le souhait d’Ayoush se matérialise enfin. Il doit s’engager pour donner à toute une génération d’enfants l’opportunité de construire en paix la Syrie de demain. La Suisse continuera son engagement à cette fin.
Je vous remercie.