Monsieur le Président,

Je tiens à exprimer ma gratitude envers le Haut-Commissaire pour son exposé et les efforts inlassables de son agence pour les communautés affectées par le déplacement dans le monde entier.

Le Haut-Commissaire vient de l'illustrer : des millions de vies ont été déracinées en raison de conflits armés, y compris aux suites de violations du droit international humanitaire, ainsi qu’en raison de persécutions, d’insécurité alimentaire, de catastrophes naturelles résultant du changement climatique ou de violations des droits de l'homme.

La communauté internationale ne doit pas oublier ces femmes, ces hommes et ces enfants déplacés par les conflits à Gaza, au Soudan, en Ukraine et ailleurs, tout comme les crises prolongées dans lesquelles sont plongés les Rohingyas, les personnes déplacées au Moyen-Orient, en Afghanistan et en République démocratique du Congo, l'insécurité croissante au Sahel, les flux migratoires préoccupants à travers les Amériques, la Méditerranée et le golfe du Bengale, et bien d'autres encore.

Ce Conseil doit avant tout rechercher l’unité nécessaire pour soutenir les efforts de résolution pacifique des conflits et de consolidation de la paix.  Il peut également remédier aux facteurs qui sont à l’origine de déplacements forcés. Nous identifions plusieurs pistes d’action.

Premièrement, il est essentiel de garantir la sécurité et la protection des personnes qui ont été forcées de quitter leur foyer. Nous rappelons l’obligation de respecter le droit international humanitaire, le droit international relatif aux droits de l’homme et le droit international sur le statut des réfugiés qui règlent la protection des personnes déplacées, notamment dans des contextes des conflits armés. En pratique, il s’agit par exemple de faciliter la recherche des personnes disparues lors de déplacements forcés. A cet égard, dans le cadre du processus de Rabat, la Suisse, la Gambie et le CICR ont lancé un processus visant à établir un réseau de points focaux nationaux pour les migrants et réfugiés disparus.

Deuxièmement, les acteurs humanitaires doivent disposer des moyens et de la sécurité nécessaires pour faire leur travail. Le deuxième Forum mondial sur les réfugiés à Genève en décembre 2023 a débouché sur 1’750 engagements de soutien. 2 milliards de dollars de contributions financières additionnelles y ont été annoncées. C’est un signe de solidarité envers les réfugiés, les pays et les communautés qui les accueillent. La résolution 2730 que nous avons adoptée vendredi dernier rappelle les obligations des parties au conflit à respecter et à protéger le personnel humanitaire et onusien qui fournit assistance et protection à la population civile affectée par les conflits armés. Nous réitérons ici notre appel ferme à toutes les parties aux conflits d'assurer un accès humanitaire rapide, sûr et sans entraves, comme l’exige le droit international humanitaire.

Troisièmement, afin d'effectuer un véritable changement de direction dans la prévention et les réponses aux déplacements forcés, il est tout aussi crucial de prendre en compte leurs causes profondes dans une approche holistique : les conflits et l'insécurité, notamment alimentaire, risquent de s’amplifier avec les conséquences néfastes du changement climatique. L’action préventive peut être renforcée par l’utilisation accrue de données et de méthodes scientifiques, permettant par exemple d’anticiper les déplacements dus aux événements climatiques extrêmes. Nous devons employer ces outils de manière plus étendue pour permettre une action précoce.

Monsieur le Président,

Il est essentiel que ce Conseil tire profit des moyens à sa disposition pour soutenir les personnes déplacées et les efforts de prévention et de résolution des multiples crises et conflits armés qui nécessitent son attention. La Suisse va continuer à s'investir dans ce sens.

Je vous remercie.