Diese Stellungnahme wurde auf Französisch gelesen. Die Schweiz spricht im UN-Sicherheitsrat immer auf Französisch. Es ist die einzige Sprache, die sowohl offizielle Sprache der Vereinten Nationen als auch eine Landessprache der Schweiz ist.

 

Merci, Monsieur le Président.

Je tiens à vous remercier pour l’organisation de cette séance sur un thème urgent. Je remercie le Secrétaire général adjoint Monsieur Jean-Pierre Lacroix et son Excellence Keo Chhea pour leurs interventions.

Je commencerai par une citation de M. Giles Duley, premier défenseur mondial des Nations unies pour les personnes handicapées dans les situations de conflit et de consolidation de la paix, lorsqu'il a rencontré un garçon dans un hôpital en Afghanistan : « Ses blessures étaient si semblables aux miennes (je suis un triple amputé), et je me souviens avoir pensé à la douleur physique et émotionnelle que je ressens encore, et je me suis demandé pourquoi un jeune garçon devrait vivre ce que je vis chaque jour simplement parce qu'il se rendait à l'école à pied ».

Il y a deux semaines, les Etats parties à la Convention sur l’interdiction des mines anti-personnel se sont réunis à Siem Reap, Cambodge, pour leur Cinquième Conférence chargée de l’examen de la Convention. Nous pouvons constater que depuis son entrée en vigueur, beaucoup de progrès ont pu être réalisés, grâce aux efforts des pays affectés par les mines et les restes explosifs de guerre, mais aussi grâce au soutien de pays partenaires, des organisations de la société civile et de l’ONU, notamment de l’UNMAS. Rien qu’en 2023, 280 km2 ont pu être dépollués et plus de 400 km2 ont été remis à disposition de la population.

Toutefois, des milliers de kilomètres carrés restent pollués depuis des décennies. Pire encore : de vastes zones deviennent nouvellement contaminées, notamment par des engins explosifs improvisés. Le déminage humanitaire reste un processus de longue haleine. Les conséquences humanitaires sont graves : chaque année, des milliers de civils, dont de nombreux enfants, sont victimes de ce fléau. Les conséquences ne se limitent pas aux zones directement affectées ; les champs pollués en Ukraine, par exemple, peuvent influencer le prix du pain sur un autre continent.

Le lien entre le déminage humanitaire, la paix et le développement durable est évident. Ce lien a d'ailleurs été reconnu par ce Conseil dans sa Résolution 2365 (2017), qui souligne le rôle essentiel du déminage dans la stabilisation et la protection des civils. C’est également la raison pour laquelle la lutte antimines fait partie intégrante de la stratégie suisse de désarmement et nous avons adopté un plan d'action dédié pour les années 2023-2026. Ce plan prévoit trois champs d’action :

Premièrement, il s’agit de promouvoir le cadre normatif, de veiller à ce que les parties aux conflits armés respectent leurs obligations respectives. La Suisse a toujours plaidé en faveur de l'universalisation et de la mise en œuvre des Conventions d'Ottawa et d’Oslo, et je réitère cet appel. Le respect des obligations du deuxième protocole modifié et du protocole V de la Convention sur certaines armes classiques (CCAC) ainsi que des règles et principes fondamentaux du droit international humanitaire a déjà un effet considérable. C’est précisément dans des situations de conflit armé que ces conventions sont véritablement mises à l'épreuve et qu’il est nécessaire de s’y tenir.

Deuxièmement, il faut s’engager directement dans les pays et territoires affectés. La Suisse déploie du personnel militaire spécialisé dans les opérations de maintien de la paix, et appuie des projets dans les pays concernés : par exemple en Ukraine, en Colombie, en RDC, en Syrie et au Cambodge. Cela comprend la dépollution, l'éducation aux risques et l'assistance aux victimes. Il faut adapter les interventions au contexte par une forte appropriation locale et prendre en compte notamment les aspects liés au genre, y compris en travaillant dans des équipes équilibrées entre femmes et hommes. En matière d’éducation aux risques, le point le plus important est un focus sur les enfants : un manque de sensibilisation et leurs corps plus légers les rendent de loin plus vulnérables aux blessures graves et mortelles.  

Troisièmement, l'innovation ouvre de nouvelles voies. Le Centre international de déminage humanitaire à Genève, œuvre à plusieurs niveaux pour rendre la lutte antimines plus sûre, plus efficace, plus précise et plus performante. Le Centre contribue au développement continu et à la mise en œuvre des standards internationaux de l’action contre les mines. Par l’organisation d’ateliers, de conférences et la réalisation d'études, il promeut des technologies innovantes, comme des détecteurs plus performants ou des drones pour accélérer les enquêtes non-techniques.

Monsieur le Président,

Rien que cet après-midi, alors que nous lisons nos déclarations, sept personnes ont été tuées ou blessées par des mines terrestres et des restes explosives de guerre, selon les statistiques. Six d'entre elles sont des civils. La Suisse a été active dans l’action contre les mines depuis plus de 30 ans et nous entendons poursuivre cet engagement face aux multiples guerres en cours. Notre expérience au Conseil, en accord avec nos priorités et notre engagement pour la protection des civils et une paix durable, nous a démontré le besoin d’insister sur l’application du droit international humanitaire. Même à ce jour, lorsque certaines zones, telles que Gaza, restent inaccessibles, il est crucial d’entreprendre des travaux anticipatoires afin d’être en mesure d’intervenir dès que les conditions le permettront. La sécurisation des voies d’accès doit figurer parmi les premières mesures à mettre en œuvre pour garantir toute initiative de déminage humanitaire ou de stabilisation, essentielle à l’établissement d’une paix durable.

Je vous remercie.

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