Diese Stellungnahme wurde auf Französisch gelesen. Die Schweiz spricht im UN-Sicherheitsrat immer auf Französisch. Es ist die einzige Sprache, die sowohl offizielle Sprache der Vereinten Nationen als auch eine Landessprache der Schweiz ist.
Excellences,
J'ai le plaisir de vous accueillir à cette réunion "formule Arria" qui a pour thème : « Libérer le potentiel de la science au service de la paix et de la sécurité ».
Le Conseil de sécurité a pour mandat de traiter des nombreuses crises qui secouent le monde. Gaza et le Soudan n'en sont que deux exemples actuels. Pourtant, même en ces temps difficiles, il est essentiel que nous adoptions une vision à plus long terme.
Les défis à la paix et à la sécurité sont complexes et interdépendants. Le nombre de conflits armés augmente. Les impacts du changement climatique exacerbent les risques. Les technologies émergentes affectent profondément nos sociétés - en temps de guerre comme en temps de paix - et la désinformation menace la confiance au sein des nations et entre elles.
Nous devons utiliser le savoir et la compréhension afin de réagir à ces évolutions de manière efficace. « La paix ne peut être maintenue par la force ; elle ne peut être obtenue que par la compréhension ». C’est la célèbre phrase du scientifique Albert Einstein qui était – d’ailleurs - aussi citoyen suisse. Il faisait allusion, bien sûr, à la compréhension en tant que « dialogue ». Cependant, il est possible d'y voir également la nécessité d'une compréhension plus approfondie des obstacles qui entravent la paix. C'est exactement ce que la science peut apporter.
Les scientifiques et les institutions universitaires entretiennent des relations étroites avec de nombreuses composantes du système des Nations unies. La semaine dernière, l'ECOSOC a organisé son forum multipartite annuel sur la science, la technologie et l'innovation. Cela illustre bien le partenariat entre le monde scientifique et les débats politiques d'un organe central des Nations unies.
La réunion d'aujourd'hui nous offre l'opportunité de réfléchir ensemble à la façon dont le Conseil de sécurité pourrait, lui aussi, améliorer son interaction avec les acteurs scientifiques et leurs résultats afin de mettre pleinement le pouvoir de la science au service de la paix et de la sécurité.
Excellences,
Permettez-moi de souligner trois points.
Premièrement : la science renforce la confiance.
Dans son Nouvel Agenda pour la paix, le Secrétaire général décrit un monde à la croisée des chemins. Pour faire face aux menaces interdépendantes, il pose ce nouvel agenda sur la base d'un principe fondamental : la confiance. La confiance repose sur la compréhension mutuelle, mais aussi sur des faits et des connaissances fiables. Les nombreuses mesures de confiance, comme les missions d'observation, la vérification ou l'échange d'informations, qui ont permis d'atténuer les risques et de prévenir la violence dans le passé en témoignent.
La communauté scientifique est bien équipée et expérimentée pour produire des connaissances fiables. Pourtant, nous sommes toujours confrontés au défi de la désinformation et du fait que la science peut, elle aussi, être utilisée à mauvais escient. Les membres des Nations unies, mais surtout ceux du Conseil de sécurité, ont la responsabilité particulière de préserver et de respecter l'intégrité des preuves scientifiques introduites dans les délibérations du Conseil. Nous devons veiller à offrir une plateforme aux voix de la communauté scientifique qui représentent les méthodes et les principes du travail scientifique.
Il y a presque exactement un an, lors du tout premier débat ouvert du Conseil de sécurité organisé par la Suisse, nous avons entendu un appel fort au Conseil - et à la communauté internationale - pour agir sur la base de connaissances fiables. Agir de manière décisive sur la base de preuves scientifiques et s'appuyer plus activement sur des connaissances fiables afin de comprendre, d'anticiper, d'atténuer et de traiter les risques pour la paix et la sécurité.
Deuxièmement : la diplomatie scientifique soutient la paix et la sécurité.
La Suisse a fait de la diplomatie scientifique une priorité de sa politique étrangère.
La science et la coopération scientifique internationales ont historiquement contribué à instaurer la confiance. Dans le cadre de l'initiative « Blue Peace » de la coopération au développement suisse, par exemple, des connaissances techniques scientifiquement fondées sont associées à un dialogue politique afin de favoriser la coopération régionale sur la manière de gérer pacifiquement des ressources en eau limitées.
Les 39 organisations internationales et les plus de 400 organisations non-gouvernementales basées à Genève compilent et publient un volume considérable de données de qualité. Par exemple, dans le domaine du climat, l’Organisation météorologique mondiale et UNOSAT permettent d’anticiper des déplacements dus aux sécheresses et aux inondations. Ces données peuvent transformer l'analyse et la prise de décision fondées sur des données probantes, y compris pour la paix et la sécurité. Dans ce contexte, nous soulignons l’importance de disposer de données ventilées par âge et sexe qui peuvent mettre en évidence les domaines dans lesquels des efforts supplémentaires sont nécessaires pour atteindre les objectifs de l’agenda « Femmes, paix et sécurité ».
Le Secrétaire général a lui aussi pris des mesures importantes pour renforcer le rôle de la science au sein de l'ONU, par la création du conseil consultatif scientifique et la transformation vers une ONU 2.0. C'est-à-dire une ONU qui travaille avec les outils et les méthodes les plus récents, fondés sur des données et des preuves. Cela représente un grand potentiel pour un meilleur soutien au travail du Conseil ainsi qu'aux nombreuses missions sur le terrain. Ces initiatives méritent notre attention et notre soutien.
Troisièmement, le Conseil doit se baser sur la science.
Nous encourageons activement les échanges entre les États membres et le monde académique afin de mieux comprendre et évaluer les multiplicateurs de risques, tels que le changement climatique. Nous invitons également à renforcer les capacités des Nations unies et de ses opérations de paix : par exemple en soutenant comme la Suisse des conseillers en climat, paix et sécurité qui se basent sur les connaissances scientifiques pour améliorer la mise en œuvre des mandats sur le terrain.
Nous appelons les membres du Conseil à continuer à engager et à intensifier le dialogue avec la communauté scientifique, dans un cadre formel et informel, sur les questions inscrites à son ordre du jour.
Excellences,
Aujourd'hui, nous espérons entendre vos avis et recommandations sur comment le Conseil de sécurité pourrait mieux répondre aux défis mondiaux complexes à travers la science. Comment le Conseil pourrait intégrer plus efficacement les outils et les connaissances scientifiques dans son travail. Comment le Conseil de sécurité pourrait renforcer les capacités scientifiques dans les opérations mandatées, et quelles actions et quels engagements les membres de l’ONU pourraient prendre pour libérer le potentiel de la science au service de la paix et de la sécurité.
Pour commencer, nous entendrons trois intervenants.
Henrietta Fore est membre du conseil d'administration du Geneva Science and Diplomacy Anticipator (GESDA). GESDA se situe à l'intersection de la science et de la diplomatie et vise à anticiper les grandes tendances scientifiques des prochaines années. Elle nous informera des décisions que nous devons prendre aujourd'hui pour construire un avenir durable et pacifique.
Le Lieutenant général Mohan Subramanian, commandant de la force de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (UNMISS), présentera comment le recours à la science peut améliorer l'accomplissement du mandat des missions de maintien de la paix.
Sascha Langenbach, chercheur à l'Ecole polytechnique fédéral de Zurich, utilise la technologie de l'apprentissage automatique pour améliorer la prédiction des conflits grâce aux données collectées par les missions de l'ONU. Il illustrera le potentiel concret des méthodes et des ressources scientifiques et la manière dont elles peuvent être mises au service de la paix et de la sécurité.
J’ai le grand plaisir d’inviter maintenant Madame Henrietta Fore à s’exprimer sur le sujet qui nous réuni ce matin.