Monsieur le Président,
Je salue la participation de la Vice-présidente de la Colombie, S.E. Mme Francia Márquez Mina à cette réunion. Votre présence témoigne de l'engagement de la Colombie pour construire une paix durable et atteste de la coopération appréciée avec le Conseil de sécurité.
C’est avec une grande préoccupation que nous avons appris la tentative d’attentat contre la Vice-Présidente hier. Nous lui exprimons notre sympathie et condamnons fermement tout acte de violence.
Permettez-moi de remercier l’Envoyé spécial, M. Carlos Ruiz Massieu pour son exposé. Mes remerciements s’adressent également à M. Valbuena pour sa déclaration informative.
L'engagement de longue date de la Suisse en Colombie se veut une contribution à la mise en œuvre complète de l'Accord de paix. La Suisse a notamment accompagné le volet de l’Accord consacré à la participation politique. Elle s’est également engagée en appui du Système intégral pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition aux côtés de Colombiennes et Colombiens, qui n’ont ménagé aucun effort en faveur des victimes de ce conflit armé. Notre contribution a mis en avant une approche holistique centrée sur les besoins des victimes et fondée sur le respect du droit. Mon pays se réjouit de poursuivre son appui à la construction d’une paix durable en tant que membre de ce Conseil.
Je souhaite souligner trois points à cet égard :
Premièrement, la Suisse salue les efforts importants du gouvernement colombien pour faire avancer la mise en œuvre intégrale et effective de l'Accord de paix. La reprise des négociations avec l'ELN et la poursuite du dialogue avec les autres groupes armés, y inclus en vue de l’obtention d’un cessez-le-feu, sont des plus encourageantes. La bonne communication entre les autorités colombiennes et le parti COMUNES est elle aussi un gage de sérieux et d’engagement clair en faveur de la paix. Nous saluons le travail de la Mission de vérification de l'ONU et sa capacité d'adaptation pour soutenir la Colombie sur le chemin de paix.
Deuxièmement, La Suisse se réjouit de l’unanimité affichée par ce Conseil lors de l’adoption de la résolution 2673 sur l’élargissement du Mandat de la Mission de vérification de la mise en œuvre de la réforme rurale et des chapitres ethniques à l’Accord de paix. Ces chapitres sont essentiels : la réalisation des objectifs fixés permettra de travailler sur les causes profondes du conflit armé et les inégalités historiques. Si les récents efforts du gouvernement colombien pour lutter contre les activités criminelles sont louables, nous demeurons préoccupés par le niveau de violence auquel sont confrontés les membres de partis politiques, les dirigeantes et dirigeants sociaux, les défenseuses et défenseurs des droits humains, les anciens combattants, ainsi que les communautés indigènes et afro-colombiennes. Comme le note le rapport du Secrétaire général, la violence à l’encontre des femmes constitue un frein à leur participation décisive dans le processus de paix. S’assurer du bon fonctionnement de la Commission nationale des garanties de sécurité est vital pour leur protection et doit être une priorité. Les enfants indigènes sont touchés de manière disproportionnée par de graves actes de violence. A cet égard, mon pays salue l'adoption récente de la « Déclaration sur la sécurité dans les écoles », une étape indispensable pour la mise en œuvre de mesures de prévention visant à assurer la protection des plus vulnérables.
Troisièmement, conformément à son engagement pour la paix et le développement social durable en Colombie, la Suisse a répondu à l’appel des parties au conflit et soutiendra les négociations de paix en cours avec l'ELN. Avoir été choisis à nouveau comme un des Etats accompagnants de ces négociations est une grande responsabilité dont nous mesurons l’ampleur. Nous saluons donc aussi en particulier la forte représentation des femmes dans ce processus.
Monsieur le Président,
La Colombie a adopté avec succès une approche centrée sur les victimes pour panser les plaies de décennies de violence. Elle peut servir d'exemple à d'autres pays touchés par des conflits. L’engagement continu de la Colombie au sein de la Commission de consolidation de la paix témoigne de ce potentiel.
Permettez-moi de conclure avec les paroles du Père Francisco de Roux, ancien président de la Commission de la Vérité [et je cite]: « No podemos postergar más el dia en que la paz sea un deber y un derecho de obligatorio cumplimiento. Colombia conoció lo que significa la paz y no va a renunciar a ello ». La Suisse encourage la communauté internationale, et ce Conseil, à redoubler d’efforts dans son soutien à la Colombie pour l'instauration d'une paix durable, et se tient prête à favoriser et accompagner tout dialogue.
Je vous remercie.