Monsieur le Président,
Je voudrais également commencer par remercier l’Envoyée spéciale, Madame Salvador, non seulement de son intervention, mais aussi de son engagement et l’engagement de toute la Mission et de l’équipe. Je salue aussi la présence du Premier ministre d'Haïti et du ministre des Affaires étrangères de la République dominicaine, ainsi que des représentants du Canada et de Saint-Kitts-et-Nevis au nom de la CARICOM.
La crise multidimensionnelle en Haïti - et nous l'avons entendu - persiste, comme le confirme le rapport du Secrétaire général. Il y a cependant des signes positifs. D'une part, nous sommes encouragés par le déploiement des premiers membres de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) sous la direction du Kenya. Pour rétablir la stabilité et la sécurité dont Haïti a tant besoin, il est essentiel que la mission atteigne ses objectifs conformément à son mandat et dans le plein respect du droit international, en particulier des droits humains. Nous saluons également la formation d'un nouveau gouvernement. Il s'agit d'une étape indispensable vers un avenir plus stable et plus prospère pour le pays et doit ouvrir la voie à la tenue d’élections libres, équitables et sûres. En même temps, nous rappelons l'importance de l'inclusion des femmes dans tous les processus politiques - ce que nous avons entendu aujourd’hui était encourageant - et de la mise en œuvre du minimum constitutionnel de 30 % de quotas pour les femmes dans la fonction publique.
J’aimerais encore souligner trois points :
Premièrement, nous demandons instamment l’accès humanitaire complet, sûr, rapide et sans entrave à toutes les personnes dans le besoin. Nous saluons l'engagement sans faille des organisations humanitaires en Haïti et restons préoccupés par les risques sécuritaires et les restrictions d'accès auxquels leur personnel est confronté chaque jour. Nous devons poursuivre nos efforts communs pour augmenter substantiellement l'aide humanitaire afin de répondre aux besoins urgents de la population. Le début de la saison des tempêtes tropicales, y inclus l'évolution inquiétante de l'ouragan Beryl et son impact sur l'ensemble de la région, nous rappelle également que la situation humanitaire peut s'aggraver rapidement. Haïti est particulièrement vulnérable aux conséquences néfastes du changement climatique, notamment aux phénomènes météorologiques extrêmes. Ces effets, combinés à la crise humanitaire, intensifient les risques sécuritaires et économiques dans le pays. Nous devons donc investir dans le renforcement de la résilience, notamment par des mesures de préparation aux catastrophes et de réduction des risques.
Deuxièmement, les crimes liés à la violence des gangs, en particulier envers les femmes et les filles, ne doivent pas rester impunis. Les auteurs doivent être tenus pour responsables. Pour ce faire, la police nationale haïtienne et les systèmes judiciaires et pénitentiaires continuent d'avoir besoin du soutien de la communauté internationale et ceci de manière durable. En outre, le flux d'armes et de munitions continue d'alimenter la violence, y compris les violences sexuelles et basées sur le genre qui sont endémiques. Nous devons tous redoubler d'efforts afin de mettre en œuvre l'embargo sur les armes et de mettre fin à la prolifération d’armes en Haïti.
Troisièmement, le regrettable et choquant recrutement croissant d’enfants par les gangs – l’UNICEF estime que 30 à 50 % de leurs membres sont des enfants – nécessitera davantage d'efforts pour permettre leur désengagement et leur réintégration conformément aux normes internationales. Les enfants affiliés à des gangs doivent être traités avant tout comme des victimes. Les autorités nationales compétentes doivent être dotées des capacités adéquates pour répondre à leurs besoins éducatifs, physiques et psychologiques. Nous encourageons le BINUH à poursuivre ses efforts dans ce domaine. En outre, nous demandons à la MSS de faire des droits et de la sécurité des enfants l'une de ses priorités en veillant à ce que les forces déployées mettent en place de solides mesures de protection et de sauvegarde des enfants.
Monsieur le Président,
Un effort commun et coordonné de toutes les forces impliquées – le BINUH, la MSS, le gouvernement, la police nationale et la société civile – est nécessaire pour gérer durablement la crise complexe de Haïti. Le BINUH reste un élément central de la réponse internationale en Haïti. Son mécanisme de surveillance des droits humains et son engagement pour la réduction de la violence au sein de la communauté continuent de répondre à des besoins de plus en plus urgents. La Suisse salue son travail et remercie les efforts de son personnel dans des circonstances très difficiles. Nous soutenons ainsi le renouvellement de son mandat afin de contribuer à la sécurité et la stabilité pour la population haïtienne.
Je vous remercie.