Diese Stellungnahme wurde auf Französisch gelesen. Die Schweiz spricht im UN-Sicherheitsrat immer auf Französisch. Es ist die einzige Sprache, die sowohl offizielle Sprache der Vereinten Nationen als auch eine Landessprache der Schweiz ist.

 

Je vais à présent faire une déclaration à titre national.

Je remercie, comme mes collègues, le Commissaire général de l’UNRWA, Monsieur Philippe Lazzarini, et la Directrice de la division financement et partenariats d'OCHA, Madame Lisa Doughten, non seulement de leurs présentations mais surtout aussi de leur grand engagement dans les circonstances les plus difficiles.

Un an après le 7 octobre 2023, la Suisse reste profondément choquée par les actes de terreur et la prise d’otage perpétrés par le Hamas en Israël. Mon pays réitère sa ferme condamnation de ces actes et exprime toute sa sympathie envers les victimes et leurs proches. Nos pensées vont aussi aux familles des otages encore détenus à Gaza, dont j’ai eu l’honneur de recevoir plusieurs, et nous partageons leur peine et admirons leur courage. Nous le répétons : la libération immédiate et inconditionnelle des otages est exigée par toutes les résolutions adoptées par ce Conseil depuis le 7 octobre. Nous condamnons par ailleurs les tirs de roquettes par le Hamas contre Israël, comme celles d’avant-hier.

Depuis le 7 octobre pourtant, et nous l’avons entendu de tous les collègues ici sans exception, l’escalade massive de la violence, notamment à travers les opérations militaires israéliennes, a exacerbée la souffrance de la population civile à Gaza de façon incommensurable : nous connaissons les chiffres, plus de 41'000 personnes sont mortes, 2,2 millions de personnes, soit l’ensemble de la population, vivent dans des conditions catastrophiques, sans aucune protection, en proie aux hostilités incessantes, à la famine et aux épidémies.

Le bilan humain du conflit est dévastateur, aussi en Cisjordanie. La Suisse condamne le fait que les hostilités et autres actes de violence fassent de nombreuses victimes civiles en territoire palestinien occupé – dont beaucoup d’enfants. Plusieurs millions de civils ont été déplacés de force en raison des hostilités, y compris à la suite d’ordres répétés d’évacuation.

La Suisse appelle encore une fois à la mise en œuvre immédiate des quatre résolutions adoptées par ce Conseil depuis le 7 octobre. Elles sont contraignantes. Et cela comprend un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

L’aide humanitaire arrivant à Gaza reste largement insuffisante, nous l’avons entendu. Toutes les parties ont l’obligation d’autoriser et de faciliter l’accès humanitaire rapide et sans entrave, conformément au droit international humanitaire. La faim s’étend à Gaza. L’usage de la famine comme méthode de guerre est un crime de guerre en vertu du Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Selon les ordonnances de la Cour internationale de justice, contraignantes pour les parties en question, Israël doit prendre sans délai toutes les mesures nécessaires et effectives, en étroite coopération avec l’ONU, pour assurer – sans restriction et à grande échelle – la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire requises de toute urgence à la population, par tous les points de passages et dans toute la bande de Gaza.

Ceci est aussi crucial à la veille de la deuxième phase de la campagne de vaccination contre la poliomyélite. La première phase a montré que les Nations unies et ses agences spécialisées – notamment l’OMS, l’UNICEF et l’UNRWA – peuvent remplir la mission d'aide humanitaire qui leur est garantie par le droit international humanitaire, s'il existe une volonté politique à cet effet.

Comme le rappelle la résolution 2730, le personnel humanitaire est notamment protégé par le droit international humanitaire et les attaques ne doivent pas être dirigées contre eux. Or, depuis le 7 octobre, plus de 300 travailleurs humanitaires ont été tués dans ce conflit. La Suisse a condamné les attaques et la violence perpétrées contre le personnel de l’ONU, y compris par des colons israéliens contre les bureaux de l’UNRWA à Jérusalem-Est cette année. L’UNRWA – dont le mandat est conféré par l’Assemblée générale depuis 1949 – est le plus grand acteur humanitaire dans le territoire palestinien occupé, et joue un rôle crucial pour empêcher une déstabilisation encore plus grande de la région.

En Cisjordanie, à l’ombre de l’escalade régionale, la violence s’intensifie. Les moyens militaires utilisés en témoignent. Jamais autant d’attaques aériennes n’ont eu lieu depuis la seconde intifada, y compris en fin de semaine dernière à Tulkarem, causant des victimes civiles. Dans le cadre d’opérations des forces de sécurité israéliennes, l’usage de la force doit notamment répondre au critère de proportionnalité et respecter les droits de tout individu à la vie et à la sécurité de sa personne.

A l’heure où la région toute entière sombre de plus en plus dans la violence, nous appelons les Etats membres à réaffirmer leur soutien à l’engagement des Nations unies, en vertu de la Charte. La Suisse réitère aussi son plein soutien au travail du Secrétaire général et de ses hauts représentants, et condamne les récents propos à leurs égards.

A travers son action humanitaire à Gaza, mais aussi ses bons offices et ses opérations de maintien de la paix dans la région, notamment au Liban, l’ONU reste cruciale pour remédier à l’escalade régionale qui menace la paix et la sécurité internationales.

Nous appelons toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire en tout temps et en toutes circonstances. En outre, nous rappelons que tous les Etats ont aussi l’obligation de faire respecter ce droit. Nous appelons donc tous les Etats à user de leur influence à cet effet.

La Suisse condamne toutes les violations du droit international humanitaire par toutes les parties au conflit. Cette année marque le 75e anniversaire de l’adoption des Conventions de Genève de 1949. Ces Conventions représentent, de par leur universalité, un véritable succès du multilatéralisme. Or, les innombrables souffrances humaines dans la région sont les sombres rappels que ces Conventions, ainsi que l’ensemble des règles du droit international humanitaire, sont aujourd’hui bafouées. La violation de ces règles constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales dont nous, membres du Conseil de sécurité, sommes les garants. Nous devons unir nos forces afin de faire du respect du droit international humanitaire une priorité politique.

Le respect du droit international est la boussole pour le règlement des différends, pour prévenir une escalade régionale encore plus grave et limiter les souffrances. Le respect de la Charte, du droit international humanitaire et des droits de l’homme doit être la ligne de conduite incontournable pour toutes les parties aux conflits.

Enfin, nous rappelons qu’il est urgent de retrouver un horizon politique conforme aux résolutions de l’ONU. La solution à deux Etats démocratiques, Israël et Palestine, dont Gaza fait partie intégrante, vivant côte-à-côte en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, est l’unique issue possible à cet égard.

Je vous remercie.