Monsieur le Président,

Félicitations! Il y a vingt ans, le Conseil de sécurité a marqué l’histoire en reconnaissant qu’une représentation accrue des femmes à tous les niveaux de décision était essentielle afin de prévenir, gérer et résoudre les conflits. En adoptant la résolution 1325, le Conseil a répondu aux appels lancés par les défenseuses et les défenseurs des droits des femmes, qui continuent d’être des actrices et acteurs cruciaux pour toute avancée en la matière.

Ces vingt dernières années, d’importants progrès ont été réalisés en ce qui concerne l’autonomisation des femmes et la protection de leurs droits. La Suisse salue ces évolutions et relève, à travers le monde, des mesures encourageantes. En Colombie, d’anciennes combattantes se sont tournées avec succès vers les autorités pour que celles-ci tiennent compte de la notion de genre et prennent des engagements en faveur de la réintégration dans les plans de développement. Au Mali, les femmes dirigeantes de toutes tendances politiques, bien que fortement sous-représentées dans le gouvernement de transition, jouent un rôle clé dans la recherche de solutions inclusives. Enfin, au Soudan, des femmes ont assumé un rôle central et ont œuvré sans relâche en faveur de la paix dans le cadre de la transition politique en cours.

Il est cependant nécessaire d’aller plus loin. La pandémie de COVID-19 a révélé la fragilité des progrès enregistrés au cours des vingt dernières années. Comme l’a souligné le Secrétaire général dans le rapport servant de base à la discussion d’aujourd’hui (S/2020/946), un renversement de tendance pourrait bien avoir lieu en matière d’égalité des sexes. Le Conseil peut et doit faire plus pour maintenir l'agenda « Femmes, paix et sécurité » à travers les différents points à son ordre du jour. Cet agenda est un moteur clé pour obtenir un changement sur le terrain, et le Conseil en est l’instrument le plus influent. Nous avons besoin d’une action déterminée pour accroître la participation significative des femmes et leur leadership dans la prise de décisions, pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes et pour promouvoir les femmes qui œuvrent en faveur de la paix et des droits de l’homme.

Parmi les priorités de notre action collective pour les années à venir, la Suisse souligne les points suivants :

Premièrement, le Conseil devrait systématiquement aborder la question de la participation pleine, égale et significative des femmes à la paix et à la sécurité, non seulement dans ses travaux thématiques, mais aussi dans tous les points relatifs aux situations géographiques à son ordre du jour. Le Conseil de sécurité doit adopter une position ferme sur l’importance de la reconnaissance, du soutien et de la protection des femmes dans leur travail de prévention des conflits, de maintien de la paix et de promotion du respect des droits de l'homme. L'inclusion de la société civile est essentielle, tant au Conseil que lors de la mise en œuvre sur le terrain. En 2007, la Suisse a été l'un des premiers pays à adopter un plan d'action national (PAN) pour mettre en œuvre l’agenda « Femmes, paix et sécurité ». Nous avons appris au fil du temps l’importance de processus inclusifs et participatifs afin de renforcer cet agenda. Les groupes de femmes et la société civile ont joué un rôle important dans l'amélioration de notre PAN. Nous avons même un groupe de parlementaires suisses qui agissent comme ambassadeurs de l’agenda. Tous et toutes sont des partenaires étroitement associés à la mise en œuvre du PAN.

Deuxièmement, le Conseil devrait recourir aux outils dont il dispose pour renforcer les mesures visant à lutter contre les violences sexuelles. Pour mettre un terme à l’impunité, il doit promouvoir une culture de la dissuasion. Les violences sexuelles sont trop souvent utilisées comme arme de guerre. La décision du Conseil d’établir des critères de désignation autonomes portant sur les violences sexuelles dans les régimes de sanctions à l’encontre de la République centrafricaine et du Soudan du Sud a révélé un changement de paradigme. Le Conseil doit utiliser toutes les mesures ciblées dont il dispose contre les auteurs de violences sexuelles récidivistes et garantir la protection de tous les survivants.

Troisièmement, nous avons besoin d’un nombre plus élevé de femmes dans les opérations de paix. La Suisse encourage par exemple la participation de policières au sein de missions onusiennes et leur apporte un soutien lors de leur recrutement, pendant leur formation, au cours de leur déploiement et à leur retour. Nous savons que la diversité rend le maintien de la paix par des mesures civiles et militaires plus efficace, en permettant un meilleur accès aux communautés. Nous nous félicitons de l'adoption unanime en août dernier par le Conseil de la résolution 2538 (2020) sur le rôle des femmes dans le maintien de la paix. Nous saluons également les efforts des Nations unies pour augmenter le nombre de femmes dans les missions de maintien de la paix, en particulier aux postes de direction.

Monsieur le Président,

L’année prochaine, la Suisse renforcera encore son engagement en assumant la co-présidence du Réseau de points focaux Femmes, paix et sécurité. La Suisse continuera résolument de s’engager pour l’agenda «Femmes, paix et sécurité». Il est de notre responsabilité collective de garder toujours présente la vision que nous partageons, de redoubler d’efforts et d’agir concrètement pour la mise en œuvre de cet ambitieux mais indispensable programme d’action.

Je vous remercie.