Monsieur le Président,
Je remercie le Royaume-Uni pour l’organisation de ce débat et les intervenantes pour leurs contributions.
« Nous devons combattre la violence sexuelle en période de conflits armés par tous les moyens, et empêcher que les corps soient utilisés comme champs de bataille ». Voilà le rappel de Dr Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix conjointement avec Nadia Murad qui nous a briefé aujourd'hui.
Il y a 14 ans, avec la résolution 1820, le Conseil de sécurité a fait de la violence sexuelle dans les conflits armés une question de sécurité à part entière. Depuis, un cadre normatif solide a été établi. Mais, comme l'indique le Secrétaire général dans son rapport annuel: « L'impunité reste la norme et le rythme de la justice demeure douloureusement lent. »
La Suisse reste très inquiète que le rapport montre une fois de plus l’utilisation de la violence sexuelle et sexiste comme tactique de guerre dans de nombreux conflits en 2021. De plus, le mécanisme de surveillance et de communication de l'information indique que les viols et d'autres formes de violence sexuelle contre les enfants ont augmenté en 2021. En Ukraine, les femmes et les enfants sont désormais confrontées à un risque accru de violence sexiste, d'exploitation sexuelle, d'abus et de trafic. Cette semaine encore, le Conseil a été informé d’une multiplication inquiétante des allégations de violence sexuelle commise en Ukraine.
Nous appelons toutes les parties dans tous les conflits à cesser immédiatement de commettre ces crimes. Les faits et les responsabilités doivent être établis et nous devons mettre fin à l’impunité généralisée.
Je soulèverais trois points à cet égard :
Premièrement, soyons clairs: les causes profondes de la violence sexuelle liée aux conflits ne peuvent être véritablement résolues que si la participation, l'autonomie et les droits des femmes sont garantis. Lorsqu’il mandate les missions de l’ONU, le Conseil doit veiller à inclure des dispositions sur la promotion de l'égalité des genres et la participation pleine, égale et significative des femmes à tous les niveaux de décision. Pour que l'ONU puisse remplir ses mandats, des conseillers pour la protection des femmes doivent être déployés et être dotés de ressources suffisantes.
Deuxièmement, nous devons lutter contre l'impunité aux niveaux local, national et global. Le Conseil peut notamment inscrire des critères de désignation axés sur la violence sexuelle dans les régimes de sanctions. Nous nous félicitons de l’utilisation croissante de ce type de critères. La Suisse soutient les efforts de la Cour pénale internationale d’enquêter sur ces crimes et de développer des approches sensibles au genre. En outre, par l'intermédiaire de la société civile, nous aidons les survivantes à faire valoir leurs droits en recueillant des preuves. La Suisse a par exemple soutenu des femmes rohingyas à déposer des requêtes auprès de la Cour pénale internationale au nom de centaines de survivantes de violences basées sur le genre.
Troisièmement, les droits et besoins des survivantes et survivants, surtout leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs, doivent être au cœur de nos actions. Conformément à la résolution 2467, nous appelons à soutenir avec des financements adéquats les efforts de prévention et de réponse, y inclus les réseaux de solidarité communautaire. La Suisse travaille étroitement avec la société civile et les femmes défenseuses des droits de l’homme. Dans d'innombrables conflits, elles sont en première ligne de la lutte contre la violence sexuelle et fournissent des services essentiels. Les États ont l'obligation de veiller à ce qu’elles bénéficient d'un environnement sûr.
Monsieur le Président,
14 ans après l'adoption de la résolution 1820, nous devons – comme le dit le Dr Mukwege – faire en sorte que les corps ne soient plus utilisés comme champs de bataille. Nous devons mettre fin à l’impunité. En tant que candidate au Conseil, la Suisse s’efforce à continuer à être un plus pour la paix et l’humanité, et reste pleinement engagée dans cet objectif.
Je vous remercie.