Monsieur le Président,
Nous vous remercions d’avoir convoqué ce débat. Nos remerciements s’adressent également au Secrétaire général, au Président de l’Assemblée générale, au Co-Président du groupe d’étude de la Commission du droit international ainsi qu’à Madame Coral Pasisi pour leurs exposés.
Les faits sont clairs: notre planète se réchauffe, provoquant la montée des eaux et la fonte des glaciers. La Suisse est au premier rang pour observer ce dernier phénomène. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius permettrait de ralentir la hausse du niveau de la mer. Une mise en œuvre efficace de l’Accord de Paris est donc cruciale pour éviter les pires impacts du changement climatique.
Agir pour la sécurité climatique est l’une des priorités du gouvernement suisse au Conseil de sécurité. Notre pays continuera donc de s’engager à limiter les effets négatifs du changement climatique sur la paix et la sécurité.
Permettez-moi de souligner trois points :
Premièrement : L’élévation du niveau de la mer en raison du réchauffement climatique peut augmenter l’insécurité. La montée des eaux menace les infrastructures, voire même l'existence de certains Etats insulaires ou côtiers. Certains d'entre eux pourraient se retrouver immergés. Par ailleurs, la production agricole, la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau et l’habitat sont menacés par l’érosion du sol et la salinisation de l’eau. Certaines régions deviennent inhabitables, ce qui pourrait contraindre des millions de personnes à s’exiler à l’intérieur ou à l’extérieur de leur pays. Dans des contextes fragiles où les capacités de l’Etat sont limitées, tout cela peut engendrer des tensions liées, par exemple, à l’accès aux services de base. Bien que les populations dans leur ensemble subissent les conséquences de la montée des eaux, ce sont souvent les groupes marginalisés ainsi que les femmes qui en souffrent tout particulièrement.
Deuxièmement : le Conseil de sécurité a un rôle clé à jouer. Il doit faire face à l’un des plus grands risques contemporains pour l’humanité. Le Conseil doit être en mesure d’anticiper les impacts du changement climatique sur la paix et la sécurité internationales au moyen de systèmes d’alerte précoce au sujet des conflits basés sur des données scientifiques fiables. Il doit ensuite intégrer les conclusions de ces évaluations dans ses activités, y compris les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales. A cet égard, les conseillers climatiques du Mécanisme de sécurité climatique sont un bon exemple. L’élévation du niveau de la mer demande toutefois une réponse intégrée de l’ensemble du système onusien, y inclus de la Commission de la Consolidation de la Paix, et ce sur la base des mandats accordés à chaque entité travaillant sur cette problématique.
Troisièmement : pour faire face à la montée du niveau de la mer, le droit international doit nous servir de boussole. La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer ou le principe de prévention des dommages en sont des composantes cruciales. Cependant, malgré le cadre établi du droit international, ces défis climatiques nous confrontent également à de nouvelles questions complexes, au sujet par exemple du statut d’Etat, des droits de l'homme ou encore de la protection des personnes contre les effets spécifiques de ces menaces. Nous saluons pour cette raison le travail en cours de la Commission du droit international.
Monsieur le Président,
Les impacts du changement climatique et l’élévation du niveau de la mer se font déjà sentir aujourd’hui, de manière différenciée en fonction des contextes. Comme l’eau qui relie les glaciers suisses et les îles pacifiques, leurs effets sur la paix et la sécurité dépassent les frontières et nous concernent tous. La Suisse a pris les devants en lançant l’Initiative Nansen avec la Norvège ainsi que la «Plateforme sur les déplacements liés aux catastrophes naturelles» basée à Genève. Cette plateforme vise à améliorer la protection des personnes déplacées au-delà de leurs frontières dans le contexte des catastrophes et du changement climatiques. Nous continuerons notre engagement, notamment en tant que co-président du Groupe d'experts sur le climat, pour limiter les effets négatifs du changement climatique sur la paix et la sécurité lors de notre mandat au Conseil de sécurité.
Je vous remercie.