Diese Stellungnahme wurde auf Französisch gelesen. Die Schweiz spricht im UN-Sicherheitsrat immer auf Französisch. Es ist die einzige Sprache, die sowohl offizielle Sprache der Vereinten Nationen als auch eine Landessprache der Schweiz ist.

 

Monsieur le Président,

Je vous remercie pour l’organisation de ce débat ainsi que nos intervenantes et intervenants pour leurs contributions. 

Il n'y a pas de gloire dans la prévention. L’histoire se rappelle des conflits et de leurs dénouements. Des monuments à la victoire abondent. Tandis que les guerres évitées et la violence désamorcée retiennent à peine notre attention. Il serait pourtant plus utile d’ériger des statues aux héroïnes et héros qui ont su prévenir ou surmonter les conflits, aux facilitateurs et aux médiatrices qui ont sauvé les vies de milliers de civils et évité des catastrophes humanitaires.

Nous saluons à ce titre que le Sierra Leone ait mis un accent sur les leçons tirées de sa propre histoire récente. 

Nous saluons également que ce débat se tienne à l’aune du Nouvel Agenda pour la paix, qui nous appelle à faire de la prévention une priorité politique et à développer des stratégies nationales de prévention. À ce titre, nous sommes fiers d’avoir pu joindre nos forces dans le cadre de l’initiative des présidences successives d’août, de septembre et d’octobre de ce Conseil pour une action commune, lancée il y a quelques instants. 

Monsieur le Président,

Les enseignements de votre pays sont précieux, mais il serait faux de croire que la prévention concerne uniquement les Etats qui ont subi ou risquent de subir un conflit armé, alors que l'extrémisme violent, voire la violence intraétatique et interpersonnelle, doivent être affrontés par toutes et tous. 

Ainsi, une étude récente dans le cadre de l’initiative Halving global violence du groupe des Pathfinders a démontré les coûts économiques importants de la violence dans différents pays, dont la Suisse.

La prévention, tel que l'explique le Nouvel agenda pour la paix, doit être abordée au niveau local et national, tout en s’appuyant sur l'échange d'expériences entre différents pays.

Permettez-moi de contribuer à ce débat par cinq observations :

Premièrement, la prévention dépend de la confiance dans la sécurité, la justice et la garantie de liberté. Ce sont des responsabilités nationales, ancrées dans les conventions et engagements au niveau international. Une telle confiance est un puissant antidote contre la violence. Les droits humains affirmés par la Déclaration universelle des droits de l'homme il y a plus de 75 ans, ont également un objectif préventif. Nous l’avons aussi affirmé par l’adoption de l’Agenda 2030.

Deuxièmement, il est important de désamorcer nos appréhensions politiques par rapport à la notion de prévention et de nous laisser guider par les faits. Des études récentes fondées sur des données probantes de contextes nationaux divers identifient des éléments clés pour les stratégies nationales de prévention. Ces éléments vont des mesures garantissant la sécurité et l'indépendance du système judiciaire, aux initiatives visant à renforcer la tolérance, la solidarité et l’inclusion, en passant par la confiance dans les institutions (au cœur de l'ODD 16), ainsi que l’atténuation des effets du changement climatique et à l'adaptation à celui-ci.

Troisièmement, la prévention est efficace si elle émane du niveau local. La Suisse le reconnaît en déléguant de nombreux pouvoirs au niveau régional et local et en encourageant, par exemple, des initiatives de la société civile pour lutter contre l’extrémisme, la violence et la marginalisation.

Nous pouvons profiter de nos expériences et offrir un soutien mutuel. C’est ainsi qu’au Bénin, la Suisse soutient l’initiative présidentielle visant à prévenir la propagation des groupes extrémistes armés. Le gouvernement met en œuvre une approche holistique en investissant dans l’aménagement du territoire et les incitations économiques, afin d'améliorer les conditions de vie de la population dans le nord et d’empêcher son recrutement par des groupes extrémistes. Ce n’est qu’un exemple de plusieurs projets nationaux qui méritent notre soutien, pourtant loin des conflits retenant l’attention de notre Conseil, qui doit trop souvent se pencher sur des situations de crises aiguës.

Quatrièmement, la Commission de consolidation de la paix est toute indiquée pour un partage d'expériences sur la prévention nationale. Grâce à son expertise collective, elle peut accompagner les pays qui le souhaitent dans leurs processus de consolidation de la paix. Nous saluons d’ailleurs son avis, qui nous est non seulement précieux dans le cadre de cette séance, mais pourra nous guider également dans tous nos futurs travaux. En outre, grâce au Fonds pour la consolidation de la paix, l’ONU dispose d’un instrument agile qui peut servir de catalyseur pour des investisseurs aux moyens plus considérables, tels que les institutions financières internationales. 

Finalement, ce Conseil doit quant à lui pleinement assumer son rôle dans la prévention. D'une part, il doit mieux utiliser les instruments du chapitre VI, qui lui permettent de formuler des recommandations pour le règlement pacifique des différends. D'autre part, les missions régionales qu’il mandate, à l’instar de celles en Afrique de l'Ouest et au Sahel, en Afrique centrale ou en Asie centrale, doivent être capable de soutenir – à leur requête – les gouvernements afin d’identifier les risques accrus de conflit et à les réduire durablement.

Monsieur le Président, 

Comme le soulignait bien Manratu Kamara, auteure sierra-léonaise : nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons choisir de créer un nouvel avenir. À quelques semaines seulement du Sommet de l’avenir, ce débat ouvert nous sert d’appel clair pour la conclusion d’un pacte ambitieux en matière de prévention. Saisissons cette occasion. 

Je vous remercie.

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