Monsieur/Madame le/la Président(e),

Nous remercions les États-Unis et l’Albanie d’avoir convoqué cette séance ainsi que la Rapporteuse spéciale, Mme Salmón, le chef de la section "Prévention et maintien de la paix" du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, M. Turpin, ainsi que M. Joseph Kim, réfugié de la République populaire démocratique de Corée, pour leurs présentations.

Dix ans se sont écoulés depuis la création de la Commission d'enquête sur les droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC). Dans son rapport qui faisait état de violations graves, généralisées et flagrantes des droits de l’homme, cette Commission soulignait que (je cite) "la gravité, l'échelle et la nature de ces violations révèlent un État unique en son genre dans le monde contemporain" (fin de citation). À ce jour, aucune amélioration n’est à constater. Les choix politiques restent les mêmes et les institutions et la culture d’impunité qui sont au cœur de ces actes sont toujours en place.

Monsieur/Madame le/la Président(e),

La Suisse reste préoccupée par les violations graves et systématiques des droits de l’homme en RPDC. Celles-ci comprennent entre autres la détention arbitraire, le travail forcé dans les centres pénitentiaires et les camps de travail, la torture, les exécutions et les disparitions forcées. Ces violations pourraient constituer de crimes contre l’humanité ou d'autres crimes internationaux. 

Nous sommes inquiets de l’absence totale de l’État de droit, de médias indépendants et d’une société civile libre. Le sort des femmes et des filles coréennes, qui sont souvent victimes de la traite des êtres humains, de l'exploitation sexuelle et de la violence basée sur le genre nous préoccupent également.

Les droits de l’homme sont universels et indivisibles. La Suisse réitère son appel à l’égard de la RPDC d’assumer pleinement ses responsabilités à cet égard et de collaborer avec les mécanismes internationaux, particulièrement avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et la Rapporteuse spéciale.

Nous soulignons que les auteurs des violations des droits de l’homme doivent être traduits en justice. La Suisse déplore qu’aucune responsabilité ne soit établie au niveau national en RPDC et demande d’examiner toutes les options pour assurer que ces violations ne demeurent pas impunies.

Le Conseil de sécurité ne peut rester inactif vis-à-vis de ces questions, car elles touchent à sa responsabilité pour la paix et la sécurité internationales. Le développement des programmes nucléaire et militaire reste possible seulement au prix de violations graves des droits de l’homme et d’une situation humanitaire précaire. Le lien est sans équivoque : D'importantes ressources sont allouées au coûteux programme nucléaire, même en période de famine. La production de ces ressources entraîne des violations des droits de l'homme.

Il est donc important que le Conseil de sécurité traite de la situation en RPDC de manière globale. La Suisse continue de soutenir la tenue d’un débat formel du Conseil de sécurité sur la situation des droits de l’homme en RPDC.

Monsieur/Madame le/la Président(e),

Malgré les tensions politiques, la communauté internationale doit prendre en compte la crise humanitaire accentuée par l’auto-isolement disproportionné que les autorités ont imposé dans le sillage de la pandémie. La malnutrition de la population vulnérable s’est encore aggravée, tout comme le droit d’accès à un système de santé.

La Suisse appelle le gouvernement de la RPDC à garantir l’accès complet et sans entrave aux acteurs humanitaires en accord avec les principes humanitaires. Le régime de sanctions dispose d’un système d’exemption que nous nous engageons à maintenir et améliorer.

Monsieur/Madame le/la Président(e),

Nous ne laissons pas pour compte la population de la RPDC. La Suisse est prête à travailler avec tous les acteurs pour améliorer le respect des droits de l’homme en RPDC. Protéger les droits de l’homme et mettre fin à l’impunité en RPDC sont indispensables pour assurer la stabilité et une paix durable dans la région.

Je vous remercie.