Diese Stellungnahme wurde auf Französisch gelesen. Die Schweiz spricht im UN-Sicherheitsrat immer auf Französisch. Es ist die einzige Sprache, die sowohl offizielle Sprache der Vereinten Nationen als auch eine Landessprache der Schweiz ist.

 

Merci, Monsieur le Président – bienvenue de retour dans cette chambre.

Permettez-moi de commencer par l'histoire inspirante de deux jeunes actrices du changement :

Ibtihal est libyenne, originaire de Tripoli. Elle a organisé, en plein conflit, un programme de formation pour aider les femmes et les jeunes à accéder à des moyens de subsistance.

Et Sena, née à Damas, a emprunté en 2016 les routes des réfugiés vers la Türkiye. Elle analyse dans sa thèse de doctorat les œuvres littéraires de réfugiés syriens qui, je cite Sena, « tentent de montrer [les réfugiés] sous un visage différent : celui de la bravoure, de la résilience ». 

Monsieur le Président, 

Ibithal et Sena ne sont pas seules. De nombreux jeunes femmes et hommes en Méditerranée s’engagent pour faire face aux défis interconnectés qui pèsent sur leur avenir : conflits, changement climatique, marginalisation, manque d’emploi – et l’apparente paralysie des institutions étatiques quand il faudrait agir sur le long terme. 

Je remercie donc Malte de nous avoir réunis autour de ce thème, et les intervenantes et intervenants de leurs contributions.   

Monsieur le Président, 

La volonté des jeunes à s’engager ne fait aucun doute, et on vient de le voir. Ce qu'il faut, c'est la volonté des dirigeantes et dirigeants politiques à faire leur part :

Il s’agit, d’abord, d’autonomiser les jeunes sur le plan économique et social pour qu’ils disposent des ressources, des capacités et de la confiance pour être des agents de changement. Cela implique de mettre en œuvre l’Agenda 2030 pour le développement durable. Mais tout aussi important, de mieux prévenir la violence et les conflits armés qui sont souvent à l'origine du manque de perspectives des jeunes.   

Trop de jeunes en Méditerranée portent aujourd’hui le triple fardeau des conflits, de la marginalisation et de l’insécurité économique. Ce fardeau les pousse à perdre la confiance dans les institutions étatiques, à emprunter des routes migratoires dangereuses – nous l’observons en Bosnie-Herzégovine, en Syrie ou encore en Libye. Et ce fardeau risque de s’alourdir à mesure que s’accentuent les effets du changement climatique, qui à leur tour accentuent les inégalités et la pauvreté. Il est donc dans l'intérêt de toute la région et au-delà de soutenir les jeunes de la Méditerranée dans le développement de leurs compétences économiques et sociales, comme le fait par exemple la Suisse dans son projet « Youth for change » en Bosnie-Herzégovine.  

Si l’autonomisation est nécessaire, elle n’est pas suffisante. Il s'agit également de valoriser les jeunes en tant qu'actrices et acteurs du changement. De considérer leur dynamisme comme une chance pour la paix et le développement durable et non comme un danger. De lever les obstacles à la participation des jeunes et de les encourager dans leur engagement, plutôt que d'assécher leurs idées avant même qu'elles ne germent.  

La valorisation implique aussi de passer de la parole aux actes.   

Les agendas « Jeunesse, paix et sécurité » et « Femmes, paix et sécurité » montrent des pistes pour renforcer réellement la participation, si la volonté politique est là. Le dernier rapport JPS du Secrétaire général fournit des exemples concrets de leadership par des jeunes, comme le dialogue intergénérationnel sur la jeunesse et la sécurité climatique lors de la COP28 ou l’intégration des jeunes dans des initiatives de consolidation de la paix environnementale, au sein de missions de paix à Chypre et ailleurs. Tous les États membres auront bientôt la possibilité de faire preuve de leur engagement envers les jeunes, en inscrivant dans le Pacte pour l'avenir le développement d'une norme de référence mondiale pour une véritable participation des jeunes, sous les auspices du Bureau des Nations unies pour la jeunesse. Le Conseil de sécurité pourrait encore renforcer son action, par exemple en établissant un Plan d’action jeunesse, paix et sécurité, sur le modèle de la Commission de Consolidation de la Paix. 

J'en viens à mon dernier point : la protection. Même si certains jeunes courageux s’expriment malgré des menaces, la peur en fait taire beaucoup d’autre. La démarche à suivre est évidente : créer, hors et en ligne, des espaces civiques où les jeunes de tous genres, de toutes communautés et de tous horizons peuvent s’exprimer librement et sans crainte de représailles ; où le dialogue interculturel et intergénérationnel fleurit et où les discours de haine s’assèchent.    

Monsieur le Président,    

Les pays qui bordent la Méditerranée sont loin d'être uniformes. Souvent, cette mer emblématique se présente comme un trait d'union entre des mondes très différents.    

Mais partout dans la Méditerranée – dans le monde entier, à vrai dire – les jeunes sont un moteur crucial pour la construction de sociétés pacifiques, durables et prospères. Nous avons donc tout intérêt à les autonomiser, les valoriser et les protéger ; à créer un environnement propice à leur participation. Comme le dit un proverbe arabe : « le sort de chaque nation dépend de sa jeunesse ».

Je vous remercie.