Nous remercions la Sierra Leone d'avoir organisé cette réunion importante. Nos remerciements s’adressent également aux intervenantes et aux intervenants pour leurs présentations pertinentes.
Le débat d'aujourd'hui met en lumière l’augmentation continue de la menace terroriste et de l'extrémisme violent en Afrique de l'Ouest et au Sahel. Selon les rapports de l'équipe de surveillance du régime des sanctions 1267 - les groupes terroristes désignés par les Nations unies continuent de multiplier les attaques et d'étendre leur emprise sur le territoire dans cette région.
Pour lutter efficacement contre cette menace, nous devons nous attaquer aux griefs que ces groupes cherchent à exploiter, notamment l'absence de perspectives économiques, la marginalisation, les faiblesses de gouvernance ou les violations systémiques des droits humains, y compris les violences sexuelles et basées sur le genre. Nous devons également tenir compte des effets néfastes du changement climatique, tels que l'augmentation des sécheresses et de la désertification, qui peuvent contribuer à l'insécurité alimentaire et hydrique, ainsi que à la perte des moyens de subsistance. Les groupes armés, y compris les groupes terroristes désignés par les Nations unies, tirent profit de ces circonstances en ciblant et recrutant spécifiquement des jeunes marginalisés. Il est essentiel de comprendre cette dynamique pour élaborer des stratégies globales traitant à la fois les symptômes et les causes sous-jacentes qui alimentent la violence et favorisent le recrutement par les groupes terroristes.
Nous devons aborder la résolution des conflits de manière globale, comme le rappelle le nouvel agenda pour la paix qui met l'accent sur la prévention. Pour vous donner un exemple, la Suisse, en collaboration avec le Centre régional des Nations Unies pour la Paix et le Désarmement en Afrique (UNREC) et l'Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), a récemment organisé un séminaire au Togo pour discuter des causes de la demande d'armes et de l'extrémisme violent, qui sont souvent les mêmes. Le rapport, qui émet également des recommandations pour s'attaquer à ces causes profondes, sera publié ce vendredi.
L’expérience souligne l'importance d'approches sensibles au genre et d'une collaboration étroite avec la société civile, qui doit pouvoir agir sans crainte de représailles. Nous plaidons également en faveur de stratégies tournées vers l'avenir pour mettre en œuvre la gouvernance démocratique, en garantissant la participation pleine, égale, significative et sûre des femmes et des jeunes. Les jeunes personnes et les femmes sont des partenaires essentiels dans nos efforts communs pour construire des communautés résilientes, résoudre les conflits par le dialogue communautaire et la médiation, et pour surmonter les traumatismes. Enfin, comme le souligne une récente étude du Programme des Nations unies pour le développement, les opportunités d'emploi peuvent remédier aux vulnérabilités économiques contribuant souvent à la radicalisation, offrant ainsi une voie durable vers la paix et la stabilité.
Monsieur le Président,
Pour s'attaquer aux causes profondes et multiples, nous encourageons une approche collaborative entre l'Union africaine, la CEDEAO et les entités compétentes des Nations unies, y compris le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), ainsi qu'un dialogue renforcé et un partenariat solide avec le secteur privé et la société civile. Nous encourageons également les échanges de bonnes pratiques entre les pays de la région.
Enfin, la lutte contre le terrorisme ne peut réussir que si nos actions respectent toujours le droit international, en particulier les droits humains et le droit international humanitaire. C’est ainsi que nous pouvons éviter d'exacerber les griefs que les terroristes cherchent à exploiter.
Je vous remercie.