Questa dichiarazione è stata fatta in francese. La Svizzera si esprime sempre in francese al Consiglio di Sicurezza dell'ONU. Infatti, si tratta dell'unica lingua che è sia lingua ufficiale dell'ONU sia lingua nazionale svizzera.

 

Monsieur le Président, 

Je remercie le Secrétaire général António Guterres pour son intervention.   Je voudrais tout d’abord aussi exprimer notre préoccupation face à la violence qui sévit actuellement au Soudan et qui frappe de manière inacceptable la population civile. La Suisse se joint à l’appel du Secrétaire général.

L’adoption de la Charte des Nations unies le 26 juin 1945 a signifié un changement de paradigme fondamental : la guerre - auparavant moyen légitime de politique étrangère - était désormais interdite. L'expansion territoriale par la force - autrefois privilège des grandes puissances militaires - proscrite. L’interdiction du recours à la force, accompagnée de l'obligation de résoudre les conflits de manière pacifique, étaient révolutionnaires. Ces principes ont placé les pays de toute taille et de toute puissance sur un pied d'égalité sur le plan juridique. 

Ou presque. Les privilèges des grandes puissances furent intensément débattus – déjà à San Francisco – et finalement acceptés, à la condition d’une promesse claire : une responsabilité accrue des membres permanents de ce Conseil pour la paix et la sécurité internationales.

En tant qu’Etats membres, nous avons tous souscrit aux principes et valeurs de la Charte et réitéré cet engagement dans une excellente déclaration lors des 75 ans de l’ONU. Pourtant, la Charte est violée massivement. La souveraineté étatique, l’intégrité territoriale et l’interdiction du recours à la force continuent à être bafouées, depuis plus d’une année, par l’agression militaire d’un membre permanent du Conseil de sécurité contre son voisin. La recette la plus efficace pour préserver le multilatéralisme et l'intégrité de la Charte est donc de la respecter. La Suisse condamne avec la plus grande fermeté l’agression militaire contre l’Ukraine et je réitère ici l’appel ferme à la Fédération de Russie pour qu’elle retire sans délai ses troupes de l’ensemble du territoire ukrainien.

Ce débat ouvert est présenté comme une opportunité pour le Conseil de démontrer son attachement à la Charte et de discuter du renforcement du multilatéralisme. C’est un devoir que nous n’avons pas uniquement aujourd’hui, mais à chaque fois que nous appelons à la protection des civils, à chaque fois que nous condamnons les violations du droit international et à chaque fois que nous exhortons les parties au conflit à faire taire les armes et à rejoindre la table des négociations. 

C’est un devoir que nous avons en vertu des Conventions de Genève - réussite du multilatéralisme, car elles sont parmi les rares traités internationaux à avoir été ratifiés universellement. Quand l’année prochaine ces Conventions célèbreront leur 75e anniversaire, les Etats devront prendre des mesures concrètes pour renforcer le respect du droit international humanitaire. 

Puis, c’est un devoir, en temps de paix comme en temps de guerre, par rapport aux droits humains qui servent à protéger la dignité humaine. Les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l'homme cette année sera l’occasion d’en réaffirmer l'universalité. 

La Suisse est convaincue qu’un multilatéralisme efficace demeure la seule façon de réaliser la vision d’un monde pacifique et juste. D’un monde où règne la force de la loi et non la loi du plus fort et où la dignité humaine est toujours - toujours ! – respectée. Un monde, enfin, dans lequel l’ensemble de la population profite du progrès social et économique. 

Nous en sommes convaincus, parce que le respect de la Charte reste existentiel - pour un Etat petit ou de taille moyenne comme le nôtre et comme la majeure partie des Etats membres des Nations unies. Indépendamment du fait de savoir si ce monde est unipolaire, bipolaire ou multipolaire. 

Nous en sommes également convaincus, parce que la Charte et le multilatéralisme ont permis à l’humanité de faire des progrès remarquables, comme d’éviter – à ce jour – une confrontation nucléaire, de décoloniser nombreuses régions du monde, de réduire la pauvreté, d’améliorer l’accès aux systèmes de santé et d’éducation, de progresser économiquement et même de marcher sur la lune et créer une intelligence artificielle. 

Nous avons réussi – dans cette enceinte – à négocier les buts du développement durable et de l’agenda 2030 - qui – si nous les mettons enfin pleinement en œuvre – peuvent sauver cette planète et créer plus d’égalité pour nos enfants et nos petits-enfants.

Force est de constater que l’efficacité de la Charte fonctionne selon la volonté des Etats de la mettre en œuvre. Et cette volonté fait trop souvent défaut. Nous vivons une période de polycrises. L’ONU estime qu’un ou une jeune sur quatre est touché par la violence ou les conflits armés, que ce soit une fille sous les frappes aériennes à Khartoum, Bakhmout ou Sagaing, livrée à la violence sexuelle à Port-au-Prince ou à Goma ou privée d’éducation à Kandahar.

Les principes de la Charte ne sont pas un menu à choix. Nous appelons au respect inconditionnel du droit international par tous les acteurs, en toutes circonstances. Et nous appelons au courage pour enfin sérieusement engager des réformes du système multilatéral, y compris de ce Conseil, afin de rétablir la confiance dans et au sein de ce système. Avec Notre Programme Commun et le Nouvel Agenda Pour la Paix, nous avons une chance unique, mais aussi une nécessité urgente. Nous devons rapidement changer le cours de l’histoire. Avec du leadership, de la volonté politique et de la confiance, nous pouvons y parvenir.

L’histoire jugera si nous avons respecté la Charte. On peut nier les faits, utiliser une rhétorique cynique ou diffuser de la désinformation, mais on ne peut pas tromper la mémoire de l’histoire. Elle nous jugera. Et la famille humaine ne pourra pas guérir avant que justice soit faite aux victimes et que la confiance soit rétablie. C’est aussi la toute première recommandation du rapport présenté par le Conseil consultatif sur le multilatéralisme efficace la semaine passée : recréer la confiance par l’inclusion et la responsabilité.

Cette confiance exige que nous nous écoutions les uns les autres. Menons un dialogue sur ce qui nous unit. Un dialogue constructif plutôt que des discussions sur le nombre de pôles de ce monde. Un dialogue pour rappeler le respect des principes universels auxquels nous avons souscrit. Il n'y a pas d'alternative à un multilatéralisme efficace – un multilatéralisme universel, inclusif et fondé sur le droit international. 

Je vous remercie.

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