Questa dichiarazione è stata fatta in francese. La Svizzera si esprime sempre in francese al Consiglio di Sicurezza dell'ONU. Infatti, si tratta dell'unica lingua che è sia lingua ufficiale dell'ONU sia lingua nazionale svizzera.

Monsieur le Président,

J’aimerais d’abord vous remercier pour la tenue de ce débat sur un sujet d’une telle importance. Je remercie également le Secrétaire général des Nations Unies pour le briefing qui nous a été apporté tout à l’heure, et le Président des Comores et Président de l’Union Africaine, pour son intervention.

Ce que l’on doit constater, chers collègues, c’est que, malgré les efforts persistants de ce Conseil, malgré l’engagement infatigable des organisations internationales et des organisations régionales, le terrorisme persiste.

On doit constater également que c’est une menace grave pour la paix, une menace pour la sécurité, mais c’est surtout une menace qui change constamment d’apparence, qui s’adapte, si on peut le dire ainsi, à des contextes, qui eux-mêmes changent constamment.

Et je crois que le Secrétaire général l’a répété à très bon escient dans son dernier rapport sur la menace représentée par Daech : le terrorisme et l’extrémisme violent trouvent dans les conflits actuels et dans toute sorte d’instabilité des terrains fertiles pour se propager.

C’est donc probablement dans ces contextes-là beaucoup plus facile de recruter, de propager des idéologies haineuses et d’inciter à la violence.

C’est un risque qui existe partout, mais cette tendance s’est manifestée de manière particulièrement alarmante sur le continent africain récemment. Vous avez parlé, Monsieur le Président, de Cabo Delgado, avec une situation qui occupe toujours votre pays. J’ai eu l’occasion de m’en rendre compte également à titre personnel, au mois de février cette année, lors d’une visite au Mozambique. Je vous remercie à nouveau, Monsieur le Président, pour cette occasion d’aller faire cette visite de terrain avec vous dans le nord du pays et de voir la situation directement sur place.

Ce que l’on voit, dans ce contexte, c’est que de nouveaux groupes terroristes émergent. On voit également que des groupes armés existants rejoignent des organisations désignées comme terroristes par les Nations Unies, et que ces menaces continuent de faire des victimes, continuent de déchirer les sociétés et de déstabiliser des économies.

Et donc je crois, Monsieur le Président, chers collègues, que nous devons changer cela. Pour changer cela il faut briser ce cycle de la violence.

Quelle est la réponse ?

Les éléments nécessaires nous les connaissons : il s’agit de l’Etat de droit, de la prévention - le Président des Comores et Président de l’Union Africaine l’a mentionné de façon très marquée tout à l’heure - les partenariats et l’inclusion.

En premier lieu, nous devons veiller au plein respect du droit international. Je pense ici en particulier en particulier du droit international humanitaire, mais aussi évidemment aux droits humains et bien sûr également au droit des réfugiés.

Qu’est-ce que ça veut dire, respecter l’Etat de droit ? Et bien cela signifie d’abord que les opérations antiterroristes ne doivent pas pouvoir servir de prétexte pour ne pas respecter les règles qui protègent les populations civiles, ni pour écarter des opposants politiques.

Respecter l’Etat de droit, cela signifie aussi, que nous devons garantir que l’aide humanitaire parvienne à chaque personne dans le besoin, et ce, sans retard, et sans entrave.

Cela signifie enfin tenir compte de la situation particulière des enfants et considérer les enfants associés à des groupes terroristes comme des victimes.  

La Suisse a soutenu l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime pour élaborer un manuel contenant des orientations pour décideurs et praticiens sur l'évaluation psychosociale des enfants associés à des groupes criminels et armés. C’est une dimension qui me parait particulièrement importante dans ce débat.

Monsieur le Président,

La paix, la sécurité et la prospérité sont les meilleures réponses aux idéologies incitant à la violence terroriste ou extrémiste.

C’est pour cela que nous devons affronter tous les défis mondiaux actuels et futurs. Autrement dit : affronter tout ce qui créé et maintient de l’instabilité.

Et après avoir parlé des enfants -  c’est une dimension que je souhaitais vraiment porter dans ce débat - j’aimerais vous parler aussi des problèmes que pose, dans ce contexte, le changement climatique.

Des intempéries extrêmes, la désertification, cela attise les disputes, les conflits, cela déclenche des flux migratoires, souvent incontrôlés. Cela peut aggraver évidemment les conflits et être exploité par des groupes terroristes et extrémistes violents.

Et je le mentionne ici parce que c’est aussi pour cela et dans ce contexte que la Suisse travaille avec l'Institut des Nations unies pour la recherche sur le désarmement et l'Université des Nations unies sur un projet qui démontre cette relation entre les difficultés de subsistance liées au climat, d’une part, et le recrutement des groupes armés, d’autre part, et ce dans le bassin du lac Tchad.

Et je crois que c’est bien ce que nous devons avoir en tête, les problèmes sont liés, et, en quelque sorte, se nourrissent les uns les autres. C’est aussi pour cela que je voulais parler du changement climatique, et comme le disait le Président Nyusi à l’instant, la réponse doit être globale, et elle doit être aussi holistique. On ne peut pas résoudre le problème simplement en prenant un petit morceau isolé : il faut voir l’ensemble, ce que nous devons nous attacher à faire.

Et c’est dans ce contexte également que la stratégie antiterroriste des Nations Unies – et ses quatre piliers, que je mentionnais tout à l’heure – fournit un ensemble de mesures qui, mises en œuvre de manière équilibrée, sont un excellent outil pour avancer ensemble. C’est une stratégie qui est également symbole de notre unité.

Le Président Nyusi a donné quelques pistes, quelques éléments de réflexion, pour la révision qui nous attend. Un élément me paraît important dans ce cadre-là : à chaque révision de la stratégie, nous avons su trouver un consensus.

Ce consensus, c’est une des meilleures réponses que l’on puisse apporter à celles et ceux qui cherchent à nous diviser. Nous devrions nous efforcer de le consolider avec l’actuelle 8e révision.

Il ne faut pas oublier que les organisations régionales et sous régionales sont particulièrement importantes si l’on souhaite comprendre les dynamiques sur le terrain.

Il faut donc favoriser la collaboration plus étroite avec elles, avoir une meilleure coordination des initiatives dans ce domaine, et souligner qu’il est indispensable de s’attacher aux causes profondes du problème. On ne peut pas voir ce problème seulement comme un problème purement militaire ou sécuritaire : il faut le voir globalement.

Dans ce contexte, la Suisse a développé un programme de formation sur la prévention - dont parlait le Président des Comores tout à l’heure - avec les États membres de l’Union africaine, en partenariat avec le Centre africain d’étude et de recherche sur le terrorisme de l’Union. Je ne peux que souligner, à ce titre, l’importance de la prévention.

Pour arriver au terme de mon intervention, Monsieur le Président, les partenariats, l’inclusion et l’Etat de droit sont des éléments nécessaires, absolument indispensables, dans la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme. Il faut veiller, dans un tel contexte, à ce que les femmes, les jeunes et la société civile soient reconnus dans leur rôle d’acteurs et actrices du changement et de la paix, et le faire toujours dans le plein respect du droit international.

Parce que sinon, nous trahirions nos propres valeurs et nous risquerions de perdre la confiance de nos populations. Et cette confiance – ne l’oublions jamais – est absolument essentielle pour priver le terrorisme durablement de son terreau.

Je vous remercie pour l’organisation de cet important débat, Monsieur le Président, cher ami, et merci de votre attention.