Madame la Présidente,

Je tiens à remercier l’Indonésie pour l’organisation de ce débat public ainsi que l‘intervenante et les intervenants pour leur contribution.

La pandémie de la COVID-19, d’abord une crise sanitaire, s’est transformée en crise économique et sociale sans précédent dont les conséquences à moyen et long terme restent incertaines. Elle représente d’ores et déjà un défi majeur pour la paix et la sécurité internationales, ainsi que pour la prévention des conflits et la pérennisation de la paix. Les conséquences risquent de réduire à néant les acquis de la consolidation de la paix et du développement, de réprimer davantage les droits de l’homme, d'accroître les tensions sociales et politiques et de donner lieu à de nouveaux conflits. L'appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial immédiat, son rapport sur les impacts socio-économiques de la pandémie, son document d’orientation sur les droits de l'homme et les rapports des missions et des équipes de pays sur le terrain mettent clairement en évidence ces risques. L’impact de la pandémie se fait ressentir dans toutes les situations à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

La pérennisation de la paix et la prévention sont au cœur de toute réponse efficace et durable à la pandémie. Le Conseil doit assumer sa responsabilité selon les trois axes suivants:

Tout d’abord, la Suisse salue l’écho unanime donné par la résolution 2532 (2020) à l'appel du Secrétaire général. La résolution contient des mesures importantes pour acheminer l'aide humanitaire et maintenir l’espace pour la diplomatie. Elle doit se traduire par des mesures de suivi spécifiques dans les situations à l’ordre du jour du Conseil comme dans la zone du Sahel, en Syrie, au Yémen et au Soudan, où l’intensité des violences est à la hausse et où la situation humanitaire se détériore. Le Conseil doit exiger des parties aux conflits armés qu’elles garantissent un accès rapide, sans entrave et durable d’aide humanitaire pour répondre aux besoins des populations. Il doit mettre tout son poids derrière les efforts en matière de médiation et de pérennisation de la paix.

Deuxièmement, en vue d’une réponse coordonnée et intégrée à la COVID-19, la Suisse appelle le Conseil à renforcer la collaboration avec d’autres acteurs et actrices, tels que la Banque Mondiale, les organisations régionales, les autorités nationales et la société civile. Cette collaboration doit inclure une analyse conjointe qui révèle les risques posés par la pandémie, prend compte de la dimension socio-économique et répond aux causes profondes des conflits. La Commission pour la consolidation de la paix, particulièrement active depuis le début de la pandémie, joue un rôle de conseil essentiel à l'appui du Conseil de sécurité à cet égard. Ce dernier doit mieux collaborer avec les organes et mécanismes de droits de l’hommes qui mettent justement en exergue l’impact accélérateur de la COVID-19 sur les violations de ces droits, qui sont souvent des signes d’alerte précoce de futurs conflits. Les consultations dans le cadre de la Revue de l’architecture de consolidation de la paix qui ont eu lieu à Genève, organisées par la Suisse, ont également mis en évidence le rôle des communautés humanitaires et de désarmement. La Suisse appelle le Conseil à intégrer encore davantage ces différentes expertises, y inclus en invitant de tels représentantes et représentants à ses travaux.

Troisièmement, la prise en compte de la COVID-19 dans les renouvellements de mandats des missions progresse, mais est encore insuffisante. La Suisse appelle le Conseil à un renforcement des mandats des missions pour leur permettre de jouer un rôle de premier plan dans la réponse à la pandémie, dans l’amélioration de la résilience des pays où elles sont engagées et dans la pérennisation de la paix. Un renforcement de ces mandats pour le soutien aux institutions étatiques inclusives et responsables, la protection des civils, la surveillance des droits de l’homme et l’inclusion des femmes et des jeunes est essentiel pour une réponse durable à la pandémie et pour la consolidation de la paix.

Tous ensemble, nous devons renforcer la solidarité et maintenir notre soutien aux efforts de prévention et de consolidation de la paix, y inclus par un financement adéquat des instruments pertinents tels que le Fonds pour la consolidation de la paix. Malgré des défis immenses, la COVID-19 constitue aussi une opportunité pour une meilleure reconstruction et un engagement accru en faveur de la pérennisation de la paix. 

Je vous remercie.