Monsieur le Président,

La Suisse remercie l’Indonésie d’avoir organisé ce débat ouvert. Nous saluons le premier rapport du Secrétaire général sur les liens entre le terrorisme et la criminalité organisée.

Les organisations terroristes et les réseaux criminels transnationaux exploitent et profitent de l’absence de bonne gouvernance et d’état de droit, de la porosité des frontières, des niveaux élevés de corruption ainsi que de la faiblesse et de l’inefficacité des institutions démocratiques et de l’application de la loi. Ces conditions contribuent à exacerber les conflits armés et autres situations de violence, le terrorisme et la criminalité transnationale organisée s’épanouissant et se renforçant mutuellement.

Si les liens entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée sont globalement reconnus, ils sont indéniablement complexes et diversifiés. Nous nous félicitons que cette question importante soit désormais inscrite à l’ordre du jour du Conseil de sécurité. Les efforts déployés au niveau mondial pour comprendre et lutter contre ces phénomènes et leur articulation doivent toutefois être renforcés.

La Suisse aimerait souligner trois priorités dans ce but :

Premièrement, tous les efforts déployés pour lutter contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée doivent pleinement respecter le droit international, y compris les droits de l’homme et le droit international humanitaire. Ils doivent être conformes aux principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité et de non-discrimination. Étant donné la convergence croissante entre le terrorisme et la criminalité organisée, les réponses de la justice pénale doivent tenir compte de ce lien et recourir aux méthodes opérationnelles et instruments juridiques qui ont démontré leur efficacité. La Suisse réitère l’appel lancé par le Secrétaire général aux États membres pour qu’ils adoptent des approches fondées sur les droits de l’homme pour lutter contre ces crimes.

Deuxièmement, le Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF), représente une plate-forme importante sur ce sujet. Avec le Nigéria, la Suisse copréside le groupe de travail sur la justice pénale et l’état de droit de ce forum. Elle mène ainsi une initiative sur la réponse de la justice pénale aux liens entre le terrorisme, la criminalité transnationale organisée et la criminalité internationale. Un addendum aux bonnes pratiques de La Haye sur ces liens devrait être adopté en septembre prochain par le GCTF. Il fournira des orientations et recommandations sur la manière de renforcer les approches de la justice pénale et d’améliorer la capacité des responsables de l’application des lois et des procureurs à détecter, enquêter et poursuivre les crimes qui se situent à la charnière du terrorisme et de la criminalité organisée transnationale, tout en respectant le droit international et en particulier les obligations en matière de droits de l’homme.

Troisièmement, il convient de s’attaquer à la corruption et au terrorisme de manière plus cohérente. La résolution 2482 (2019) est explicite sur le fait que le contre-terrorisme doit inclure la lutte contre la corruption. Nous demandons au Conseil de sécurité d’y consacrer davantage d’attention. Il est également nécessaire d’approfondir la recherche sur le lien entre les deux phénomènes afin de faire face aux risques de manière appropriée. C’est pourquoi la Suisse a travaillé avec le Royal United Services Institute (RUSI) pour analyser le lien entre la corruption, le terrorisme et son financement. L’une des conclusions de ces travaux souligne l’importance de renforcer les approches de la justice pénale et l’application de la loi en la matière car la corruption, en exploitant les liens avec les groupes de criminalité organisée, favorise le financement du terrorisme.

Lorsque le terrorisme et la criminalité transnationale organisée se retrouvent, souvent les conflits armés et autres situations de violence s’intensifient. L’impact négatif sur la paix et la sécurité internationales est alors bien réel. Rompre ce cycle nécessite l’engagement de l’ensemble de la communauté internationale et nous appelons tous les États membres et les Nations Unies à intensifier leurs efforts.

Je vous remercie.