Monsieur le Président,

La Suisse tient à remercier l’Irlande pour l’organisation de ce débat et les intervenantes et intervenants pour leurs contributions.

« L’humanité est confrontée à un choix brutal et urgent: l’effondrement ou le progrès vers un avenir plus vert. » Le Secrétaire général l’a rappelé lors de la présentation de Notre Programme Commun. Il a souligné une fois de plus la grave instabilité et le chaos climatique qui nous menacent. Les conséquences du changement climatique sur la paix et la sécurité internationales sont profondes.

Comme membre actif du Groupe d’amis sur le Climat et la Sécurité, la Suisse tient à souligner trois domaines d’action qui nécessitent un engagement accru du Conseil de sécurité:

Premièrement, les risques climatiques devraient être intégrés de manière adéquate et plus systématique dans les mandats des opérations de paix de l’ONU. Le Conseil a reconnu récemment les effets négatifs du changement climatique sur la paix et la sécurité en Afrique de l'Ouest et au Sahel. Lors des renouvellements de mandats à venir – comme ceux du Bureau des Nations Unies en Haïti ou de la Mission pour la stabilisation en République centrafricaine – nous appelons le Conseil à mandater les missions de paix pour qu’elles analysent et relatent les risques climatiques dans leur zone de déploiement, les mesures déjà prises et les possibles améliorations. Ces risques devraient également être pris en compte dans le contexte des transitions et retraits des opérations. La Suisse accueillerait favorablement un volet prioritaire du Fonds de consolidation de la paix dédié aux risques climatiques afin de soutenir ces efforts.

Deuxièmement, le changement climatique est aujourd’hui un facteur de risque pour les conflits et le sera de manière encore plus prononcée dans le futur. La Charte des Nations Unies confère au Conseil de sécurité la tâche de faire face aux risques et menaces à la paix et la sécurité internationales. Dans l’exercice de son mandat, le Conseil devra capitaliser sur les ressources disponibles au sein du système onusien. Des collectes de données, des scénarios climatiques et des systèmes d'alerte précoce sont déjà utilisés avec succès. Il est important de partager ces connaissances et de promouvoir les synergies. Le Conseil pourrait bénéficier davantage du rôle consultatif de la Commission de consolidation de la paix. La collaboration avec le monde académique et la société civile est aussi essentielle. Avec des partenaires divers, notamment des membres du Conseil de sécurité, la Suisse a d’ailleurs promu la technologie digitale pour visualiser les liens entre changement climatique et situations de violence en Afrique de l’Ouest. Une analyse similaire en Afrique de l’Est sera bientôt présentée. Pour l’ensemble des situations à son agenda, le Conseil devra fonder son action sur des données scientifiques. Ce projet a également mis en avant l’importance des partenariats avec des organisations régionales et du savoir-faire local.

Troisièmement, le défi commun offre également des opportunités. L’initiative Blue Peace lancée par la Suisse en est un exemple comment la gestion commune des ressources en eau partagées permet de réduire les tensions et de contribuer à stabiliser des relations entre les différents États ou parties prenantes. Plusieurs programmes ont été mis en œuvre au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Afrique de l’Ouest. Le lien entre risques climatiques et sécurité, ainsi que la prévention de conflits par la coopération sont aussi au centre d’une formation offerte par le Geneva Center for Security Policy, soutenu par la Suisse, pour des acteurs des secteurs public et privé. Le soutien du Conseil de sécurité à la diplomatie préventive, à travers les missions politiques spéciales, s’inspire d’une même approche et présente un important potentiel de développement.

Monsieur le Président,

La prévention inclut l’action climatique. La COP-26 de Glasgow nous pousse à accélérer nos efforts communs vers les objectifs de l'Accord de Paris. Limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C doit être notre priorité. Comme candidate au Conseil de sécurité pour 2023/24, la Suisse poursuivra également son engagement pour atténuer les conséquences du changement climatique sur la paix et la sécurité.

Je vous remercie.