Monsieur le Président,
La Suisse tient à remercier l’Allemagne pour l’organisation de ce débat et les intervenants pour leur contribution. La Suisse salue tout particulièrement le leadership dont fait preuve le Secrétaire général pour renforcer l’action de l’ONU face à la pandémie de la COVID-19 et pour mobiliser les Etats membres en vue d’une réponse globale concertée et efficace.
Cette pandémie, d’abord une crise sanitaire, a causé une crise économique et sociale sans précédent. Elle représente un défi pour la sécurité humaine et également pour la paix et la sécurité internationales. Il est donc impératif d’en atténuer les risques sécuritaires. Une approche préventive, qui inclut le respect des droits de l’homme, est nécessaire dans toute réponse urgente et stratégie à moyen ou long terme pour combattre les effets de la pandémie.
La Suisse souhaite souligner trois domaines d’actions importants pour une réponse du Conseil à la pandémie:
Tout d’abord, l’impact et la propagation du coronavirus accentuent les nombreuses situations de conflit armé et d’autres situations de violences à l’agenda du Conseil. Il est primordial d’empêcher la régression des processus de paix. Le ralentissement de la mise en œuvre de l’accord au Soudan du Sud en lien avec la pandémie crée, par exemple, un vide sécuritaire dont profitent plusieurs groupes armés. Au Yémen, la médiation de l’ONU et l’accès aux populations vulnérables est rendue plus difficile encore. Il est impératif de faire taire les armes et de prioriser la réponse à la pandémie. La Suisse salue donc la résolution 2532 finalement adoptée hier par le Conseil de sécurité qui demande la cessation d’hostilités dans toutes les situations sur son agenda et qui soutient les efforts du Secrétaire général.
Deuxièmement, la Suisse exhorte toutes les parties aux conflits armés à garantir aux acteurs humanitaires un accès rapide, sans entrave et durable aux populations touchées. La pause humanitaire que réclame à présent le Conseil devrait permettre l’accès de l’aide humanitaire. En Syrie, par exemple, la COVID-19 souligne l'urgence d'utiliser tous les moyens possibles pour atteindre les personnes dans le besoin. Il est crucial que le mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière soit prolongé à temps et soit renforcé par l’inclusion du passage frontalier à Yaroubiya. Face à l’impact négatif de la pandémie sur la mise en œuvre de ses agendas prioritaires, le Conseil doit assurer un suivi rigoureux de ses engagements en matière de protection des civils, y inclus femmes et enfants. De plus, le Conseil et tous les états membres sont appelés à mettre en œuvre la résolution 2286 pour la protection de la mission médicale. Il est inadmissible qu’au milieu d’une pandémie, les attaques sur des patients, des hôpitaux et du personnel médical accroissent.
Troisièmement, pour lutter contre la pandémie de la COVID-19 et ses effets, le travail des agences spécialisées de l’ONU est essentiel. L’expertise opérationnelle de la société civile est aussi importante. C’est l’Organisation Mondiale de la Santé qui joue un rôle central dans la coordination de la réponse onusienne à la pandémie et la mise en œuvre du règlement sanitaire international, y inclus la transmission d’informations vérifiées. La désinformation et les incitations à la haine peuvent aussi accentuer les risques pour la paix et la sécurité. Pour ces raisons, la Suisse encourage tous les Etats à veiller à ce que des informations fiables sur la pandémie soient disponibles rapidement.
Monsieur le Président,
L’Assemblé Générale a appelé à la solidarité mondiale pour lutter contre la COVID-19 le 2 avril - il y a trois mois déjà - dans sa résolution 74/270 initiée par la Suisse et d’autres Etats membres. Nous constatons avec satisfaction que le Conseil y fait référence dans sa résolution adoptée hier.
Comme le démontre l’évolution de la situation sur les points à l’agenda du Conseil ces derniers mois, la pandémie du COVID-19 renforce la violence et l’instabilité tout en se nourrissant de ces dernières. La Suisse salue alors le fait que le Conseil a reconnu le lien entre la Covid-19 et la paix et la sécurité internationales et qu’il a renforcé son engagement pour répondre à la pandémie. C’est un signal politique important. La Suisse exhorte le Conseil et la communauté international à mettre en œuvre cette résolution dans les différents contextes à son agenda.
Je vous remercie.