Madame la Présidente,

J'ai l'honneur de prendre la parole au nom du Groupe des amis (GoF) pour la Protection des civils dans les conflits armés (PoC), un réseau transrégional de 27 Etats membres*.

Nous remercions les États-Unis d'avoir organisé cet important débat et les intervenants pour leurs contributions. Comme le souligne le rapport du Secrétaire général, la situation globale de la protection des civils est sombre. En Afghanistan, en RDC, en Éthiopie, au Mali, en Syrie, en Ukraine, au Yémen et dans de trop nombreux autres endroits, ce sont les civils qui souffrent le plus des conséquences des conflits armés. Cela doit changer, et cela ne peut changer que par le strict respect du droit international humanitaire (DIH) par toutes les parties à un conflit armé, en toutes circonstances. Nous souhaitons particulièrement souligner l'importance de l'intégration et de la mise en œuvre du DIH au niveau national.

Des services fondamentaux tels que les soins médicaux aux blessés et aux malades sont entravés ou volontairement attaqués dans de nombreux contextes. Le GoF rappelle le DIH et la résolution 2286 (2016) sur la protection de la mission médicale, qui doivent tous deux être rigoureusement mis en œuvre par toutes les parties à un conflit armé. En outre, avec la tendance à une augmentation de la faim due aux conflits l'année dernière, il est urgent de redoubler d'efforts pour prévenir et soulager la faim dans les conflits armés, conformément au DIH et aux résolutions 2417 (2018) sur les conflits et la faim et 2573 (2021) sur les infrastructures civiles critiques. De même, le nombre de personnes déplacées de force atteint un niveau record, dont près des deux tiers sont des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Nous nous félicitons par conséquent de l'élaboration du programme d'action du Secrétaire général sur le déplacement interne et encourageons tous les acteurs concernés à mettre en œuvre ces recommandations, en étroite consultation avec les États membres concernés.

Dans certains contextes, des générations entières d'enfants grandissent sans avoir jamais vécu en paix. Le GoF appelle tous les acteurs à prévenir les violations graves des droits de l'enfant et à assurer leurs besoins spécifiques de protection. À cet égard, nous nous félicitons de l'adoption, l'année dernière, de la résolution 2601 qui met particulièrement l'accent sur la sauvegarde du droit à l'éducation. Les violences sexuelles liées aux conflits touchent les enfants, les femmes et les hommes, 97% des victimes enregistrées étant des femmes et des filles. La stigmatisation des personnes survivantes doit cesser pour que celles-ci se sentent capables de se manifester, d'accéder aux services et de demander des comptes. À cet égard, le renforcement des systèmes judiciaires est également essentiel. Des mesures préventives visant à garantir que de tels actes horribles ne se reproduisent pas sont primordiales.

Le GoF souligne l'importance de respecter le droit international humanitaire et la nécessité de renforcer la protection des civils, y compris contre les conséquences humanitaires qui pourraient résulter de l'utilisation d'armes explosives en zones peuplées. Le GoF prend note des consultations en cours menées par l'Irlande.

En ce qui concerne les opérations de paix, nous reconnaissons les efforts importants déployés pour améliorer la protection des civils par les opérations de maintien de la paix grâce à l'initiative A4P et à l'A4P+. En outre, nous soulignons que les transitions vers d'autres formes de présence de l'ONU nécessitent une attention particulière sur la protection des civils. Nous appelons le Conseil, l'ONU et les États membres à veiller à ce que la protection soit ancrée comme une priorité dans la planification et la mise en œuvre des transitions afin d'éviter les lacunes dans la sécurité des civils.

Madame la Présidente,

Le rapport de cette année décrit les défis la superposition de défis dans les opérations humanitaires. Je voudrais souligner deux points à cet égard.

Premièrement, la sécurité des acteurs humanitaires et de leurs biens doit être améliorée. C'est l'une des conditions préalables les plus importantes pour un accès rapide, sûr et sans entrave à tous ceux qui en ont besoin. Ensuite, la non-criminalisation des contacts avec toutes les parties aux conflits armés, y compris tous les groupes armés, dans le but de négocier l'accès et le respect du DIH est primordiale.

Enfin, nous nous faisons l'écho des recommandations du SG contenues dans le rapport et encourageons vivement le Conseil, les États membres et l'ONU à les mettre en œuvre.

Madame la Présidente,

Permettez-moi d'ajouter deux points à titre national et de faire miens les propos suivants du Président du CICR : « L'essence même du travail humanitaire et des Conventions de Genève est que des organisations neutres et impartiales puissent agir en temps de guerre. »

Face à cette affirmation, la Suisse souhaite en premier lieu souligner qu'il existe de nombreuses preuves que les sanctions et les mesures antiterroristes peuvent avoir des impacts négatifs involontaires sur les engagements humanitaires. Comme le confirme l'adoption de la résolution 2615 (2021) sur l'Afghanistan, lorsqu'il y a une volonté politique, il existe des solutions pour atténuer ce défi, telles que des exemptions humanitaires complètes. Nous appelons le Conseil à inclure de telles exemptions dans tous les régimes de sanctions et les mesures antiterroristes, et les États membres à les mettre en œuvre en conséquence.

Deuxièmement, le changement climatique, la dégradation de l'environnement et les conflits armés créent une spirale négative qui se renforce mutuellement, menaçant la sûreté et la sécurité des populations affectées. Les conséquences négatives du changement climatique peuvent également prolonger les conflits en cours et augmenter le nombre de victimes parmi les civils, mais aussi menacer les efforts de paix et de développement à long terme. Il convient de s'attaquer à ce problème de manière globale et sans délai.

En tant que candidate au Conseil de sécurité, la Suisse s'engage en faveur de la protection des civils dans les conflits armés et de la pleine application du DIH. Nous travaillons pour être un plus pour la paix et un plus pour la dignité humaine dans la guerre.

 

*Allemagne, Australie, Autriche, Bangladesh, Belgique, Brésil, Canada, Côte d’Ivoire, République Dominicaine, Espagne, France, Indonésie, Irlande, Italie, Japon, Koweït, Liechtenstein, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume- Uni, Suède, Ukraine, Uruguay et Suisse.