Monsieur le Ministre,
Je vous remercie pour vos mots d’introduction, ainsi que pour la co-organisation de cette réunion en format « Arria ». La Suisse vous est également reconnaissante d’accueillir cet évènement sous votre présidence du Conseil de sécurité.
Excellences,
Chères et chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Je vous souhaite, à mon tour, la bienvenue en ce 22 mars, Journée mondiale de l'eau.
Cette date est très symbolique cette année puisqu’elle coïncide avec l’ouverture de la Conférence des Nations unies sur l'eau 2023.
La Suisse se réjouit du retour de cette thématique à la surface de l’agenda onusien, 46 ans après la dernière conférence sur l’eau, c’était en 1977.
Les défis actuels en matière d’accès, de gestion et de gouvernance des eaux sont multiples et exigent des solutions multilatérales.
C’est pourquoi, lors du débat général de la Conférence, la Suisse se prononcera pour l’inscription durable de cette thématique dans les priorités de l’ONU. Le Conseil de sécurité doit également y porter son attention.
C’est dans ce même élan que nous – la Suisse et le Mozambique - avons décidé de traiter d’un aspect complexe de l’accès à l’eau : la protection des services et des infrastructures hydrauliques lors de conflits armés.
Mesdames et Messieurs,
L’eau est essentielle à toute vie sur terre et l’accès à l’eau est un droit fondamental. Il doit être garanti en tout temps, y compris en temps de guerre.
Pourtant, malgré les engagements pris au sein même du Conseil de sécurité ; et malgré leur protection par le droit international humanitaire, les installations hydrauliques continuent d’être détruites ou endommagées dans des conflits armés. Cela doit changer sans délais.
Les conséquences sont dramatiques :
Premièrement : Les civils pris au piège des combats se retrouvent sans ressources, sans hygiène et sans eau potable. Les premières victimes sont en majorité des enfants et des personnes âgées. S’attaquer à l’eau, c’est s’attaquer aux plus vulnérables d’entre nous. Nous disposons ici, aujourd’hui, d’une tribune pour lancer un appel sans équivoque : Le droit international humanitaire - soutenu par les résolutions du Conseil de sécurité en matière de protection d’infrastructures vitales et d’accès à l’eau - doit être respecté et mis en œuvre, partout et sans exception.
Deuxièmement : Si l’eau est essentielle aux populations pendant les conflits, elle reste indispensable après la fin des hostilités. Aucun processus de paix solide, aucune reconstruction durable n’est possible sans infrastructures de bases. Leur reconstruction coûte cher - en argent, mais surtout en temps.
Cette attente place des régions entières sur « pause » - si j’ose dire. Elle retarde le retour des personnes déplacées et hypothèque leurs chances de retrouver une vie normale. Par ricochet, cette situation empêche toute reprise des activités économiques et sociales dans des zones déjà durement frappées par la guerre. L’instabilité demeure et le risque d’attiser les anciennes tensions est élevé.
Troisièmement : Une eau potable et des installations sécurisées font barrage à d’autres dangers. Les risques de pollution, les maladies et la vulnérabilité aux catastrophes naturelles aggravées par le changement climatique sont fortement réduits.
Voilà, chers collègues, pourquoi l’eau est un enjeu majeur pendant et après un conflit armé, y compris pour les actions de ce Conseil en faveur de la paix.
C’est aussi dans cet esprit que La Liste de Genève des « principes relatifs à la protection des infrastructures hydrauliques dans le contexte de conflits armés » a été rédigée. Cette liste s’inscrit dans mouvement Blue Peace, axé sur la diplomatie de l’eau et initié par la Suisse.
Mesdames et Messieurs,
J’attends de la discussion qui va suivre qu’elle nous permette de définir - et de mettre en œuvre - des mesures efficaces pour la protection des services et des infrastructures d'eau essentiels.
Enfin, j’aimerais souligner que la protection de l’accès à l’eau et des infrastructures d’assainissement est au cœur de la protection des civils dans les conflits armés. Il s’agit d’une des priorités de la Suisse en tant que membre du Conseil de sécurité de l'ONU.
Merci pour votre attention et bonne discussion.