Comme mes collègues, je voudrais commencer par remercier l’orateur et les oratrices de leurs contributions éclairantes.
Lors du Sommet sur l'avenir, Monicah Malith, une jeune Soudanaise, nous a lancé un appel poignant : « façonner un avenir basé sur la coopération, la compréhension et des objectifs communs ». Ses mots résonnent avec force et nous rappellent que l’avenir de ce monde est entre les mains de sa jeunesse. D’ici 2050, 40% des jeunes dans le monde vivront sur le continent africain. C’est donc les jeunes Africaines et Africains qui joueront un rôle clé pour la construction de l’avenir du monde. Ils incarnent l'espoir et l'engagement. Il est donc essentiel de leur donner les moyens d'agir et de les associer pleinement aux processus de paix et de développement.
La coopération entre les Nations Unies et l'Union africaine (UA) est un pilier fondamental de la paix et du développement dans le monde en général et en Afrique en particulier. Ce partenariat s'est renforcé au fil des années, mais les défis actuels exigent une collaboration encore plus étroite – particulièrement dans le domaine de la prévention et la consolidation de la paix.
Permettez-moi de mettre en avant trois points pour une mise en œuvre tangible de la vision du Nouvel Agenda pour la Paix :
Premièrement, la prévention. Nous le savons toutes et tous : la prévention des conflits est plus que jamais cruciale. Les crises que traverse le continent africain sont souvent la conséquence de facteurs interconnectés : mauvaise gouvernance, marginalisation politique, inégalités, défis sécuritaires, non-respect des droits humains, changements climatiques et d’autres. Face à cette complexité, l'ONU et l'UA doivent renforcer leur diplomatie préventive et investir dans des mécanismes d'alerte précoce – particulièrement par rapport à la montée des tensions interétatiques. L'UA dispose d'un certain nombre d'instruments de diplomatie préventive, comme le Panel des Sages et les jeunes ambassadeurs africains pour la paix (AYAP), qui font déjà un travail essentiel et pourraient en faire encore plus avec le soutien nécessaire.
Deuxièmement, le changement climatique. La Suisse salue le travail de l’UA visant à élaborer une position africaine commune sur le changement climatique, la paix et la sécurité. En effet, le changement climatique constitue une menace existentielle pour la paix et la sécurité en Afrique. Les sécheresses prolongées, les inondations dévastatrices et la dégradation des terres exacerbent les tensions et des conflits. Nous devons donc agir de manière urgente et coordonnée pour atténuer les effets du changement climatique et renforcer la résilience des communautés africaines. Dans cette optique, la Suisse soutient le bureau des Nations Unies auprès de l'Union africaine dans le domaine du climat, de la paix et de la sécurité. Une approche régionale et transfrontalière est essentielle pour faire face aux risques sécuritaires liés au changement climatique et permettrait à l'UA de conserver un rôle de leader dans ce domaine.
Troisièmement, les institutions et réseaux. Nous devons renforcer les synergies entre nos institutions et réseaux. Les outils et les mécanismes existants, tels que le Réseau des femmes africaines dans la prévention et la médiation des conflits (FemWise) et le Réseau des femmes leaders africaines, offrent un potentiel immense.
En partageant nos bonnes pratiques et en renforçant nos collaborations – par exemple entre les organismes subsidiaires et groupes d’experts informels – nous pouvons multiplier notre impact. Le rôle de l'UA dans la gestion des défis actuels et émergents du continent en matière de sécurité est essentiel. Pour remplir leurs mandats, les missions de paix doivent pouvoir s’appuyer sur un financement prévisible, durable et flexible. La Suisse salue la création du groupe de travail conjoint ONU-UA pour la mise en œuvre de la résolution 2719 (2023). Cette coopération est essentielle pour la préparation opérationnelle. Les mises à jour régulières par le secrétariat dont nous bénéficions, sont les bienvenues.
Nous attendons la finalisation et l'adoption de la feuille de route commune et le rapport dédié sur l’opérationnalisation de la résolution. En attendant, le Conseil de sécurité discutera avec le Conseil de Paix et de Sécurité des progrès réalisés dans la mise en œuvre de la résolution lors de leur échange annuel à la mi-octobre.
En conclusion, l’Afrique est – de par sa jeunesse, son potentiel économique et ses ressources naturelles – un continent d’avenir. Pour promouvoir ce potentiel, nous devons agir ensemble, avec détermination et solidarité. En investissant dans la jeunesse, en renforçant la coopération entre l'ONU et l'UA, et en faisant face aux défis communs, nous pouvons tous bâtir un continent plus pacifique, plus juste et plus prospère. La retraite à venir avec le Conseil de Paix et de Sécurité qui se déroulera d’ici deux semaines, sera une occasion unique d'approfondir les sujets mentionnés en salle aujourd’hui.