Merci, Monsieur le Président.
Et comme il s’agit de la première séance publique du mois, je vous souhaite beaucoup de succès pour votre présidence et je vous assure de notre plein soutien durant ce mois. Je remercie la présidence du mois de juillet pour les travaux accomplis.
Monsieur le Président,
La Suisse remercie le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), M. Karim Khan, pour la présentation de son 39e rapport sur la situation au Darfour. Nous saluons également la participation à la présente séance du représentant du Soudan.
Alors que nous discutons au sein de ce Conseil des divers efforts diplomatiques pour protéger les civils, garantir l'accès humanitaire et trouver une solution politique, les atrocités et hostilités continuent sans relâche. Des rapports indépendants estiment que 2,5 millions de personnes mourront de la famine causée par le conflit actuel au Soudan d'ici la fin du mois de septembre, le Darfour étant la région la plus durement touchée.
La reddition des comptes pour les crimes commis depuis 2002 reste indispensable pour s'attaquer aux causes profondes de la poursuite du conflit et des violations commises aujourd'hui. Pour les victimes, les survivants et leurs familles, cela représente une condition essentielle pour établir une paix durable.
Je souhaiterais souligner trois points :
Premièrement, le travail de la CPI vise à redonner de l’espoir aux victimes et à mettre fin au cycle de violence. Nous prenons note des avancées importantes au cours des huit derniers mois et saluons la décision du Procureur de mener une enquête sur les incidents survenus dans le cadre des hostilités actuelles et notamment sur les allégations de crimes de violence sexuelle et basée sur le genre ainsi que de crimes contre les enfants. La Suisse continue de suivre avec intérêt le procès de M. Ali Abd-Al-Rahman et se félicite de la célérité de la procédure qui devrait aboutir en 2025.
Deuxièmement, la coopération est primordiale pour permettre à la Cour d’accomplir son mandat. Nous notons l’évolution positive du soutien reçu de la part des autorités soudanaises et nous espérons que ces progrès se consolideront à l’avenir. Nous réitérons notre appel aux autorités soudanaises et aux forces d’appui rapide à s’acquitter de leur obligation de coopérer en tout temps avec la Cour en vertu de la résolution 1593. Nous notons en outre que des premiers échanges ont eu lieu avec les chefs tribaux et administratifs des communautés arabes qui seraient impliquées dans le conflit au Darfour. Enfin, nous félicitons la coopération appuyée entre le Bureau du Procureur et les pays tiers.
Troisièmement, nous soulignons le rôle important de la société civile et des communautés touchées pour assurer que justice soit rendue. Nous appuyons les efforts entrepris pour intensifier la collaboration entre ces acteurs et la Cour et remercions toutes celles et ceux qui risquent quotidiennement leur vie pour documenter les faits sur le terrain. À cet égard, j’aimerais exprimer notre soutien au mandat de la Mission internationale indépendante d’établissement des faits pour le Soudan établie par le Conseil des droits de l’homme, qui joue également un rôle important dans la documentation du conflit actuel.
Monsieur le Président,
Pour que justice soit rendue, au Darfour et dans toutes les situations dont la Cour est saisie, cette dernière doit pouvoir effectuer son travail libre de toute interférence. Nous réitérons notre engagement à soutenir et à défendre les principes et les valeurs consacrés par le Statut de Rome et à préserver l’intégrité de la Cour, sans se laisser décourager par aucune menace exprimée ou mesure prise à son encontre. Nous appelons les États à s'abstenir d'exercer toute forme de pression et rappelons que de telles atteintes à l'administration de la justice sont interdites par le Statut de Rome.
Quinze mois après la nouvelle escalade dans ce conflit, il n’y a toujours aucun signe d'apaisement. Le plein soutien de l’ensemble de la communauté internationale est nécessaire - et ceci sans plus attendre - afin de garantir que justice soit rendue à toutes les victimes de ce conflit et que la reddition de comptes soit assurée sur l’ensemble du territoire soudanais.
Je vous remercie.