Merci, Madame la Présidente.

Nous saluons l’attention portée au sujet de cette séance et nous remercions toutes les intervenantes. « La paix commence avec moi, vous et nous tous » - voici le message puissant des 75 ans de maintien de la paix des Nations Unies. Ce message doit résonner avec l’ensemble de la population, femmes et filles inclues.

L’expérience et les exemples que les intervenantes ont présentés ce matin nous le démontre : si la participation des femmes aux processus de paix est négligée dans le traitement des conflits, ceux-ci se prolongent et, les femmes et les filles en payent le prix fort. Les considérations de genre sont donc essentielles afin que les retraits des opérations de paix ne se traduisent pas par un recul en matière des droits des femmes et d’égalité de genre. Le retrait d’une mission de paix ne doit pas entrainer la perte des progrès durement acquis dans le domaine femmes, paix et sécurité.

Le constat n’est pas nouveau. En 2021, ce Conseil a souligné dans sa résolution 2594 l'importance de l'analyse de genre, de l'expertise en matière de genre et de l'intégration de cette dimension, ainsi que de la pleine participation des femmes tout au long des processus de transition. Certains instruments développés dans ce contexte restent, cependant, inutilisés.

Comment pouvons-nous alors parvenir à des retraits qui ne torpillent pas l’égalité des genres et les droits des femmes ?

Premièrement, les critères de référence de genre doivent faire partie intégrale de toutes les composantes d'une mission de l'ONU, et ce, dès son déploiement. Le Secrétaire général le soulignait dans son rapport sur les transitions en 2022 : Les critères doivent résulter d’un processus inclusif et être appliqués de façon cohérente. La capacité des institutions nationales de sécurité à protéger la population, à maintenir l'espace civique et à assurer le respect des droits humains sont des éléments clés, tout comme la participation continue des femmes aux processus décisionnels, notamment liés au retrait des missions et à l’avenir de leur pays. Une politique spécifique en matière de genre, par exemple sous forme d'un plan d'action national, peut englober toutes les mesures visant à maintenir et à promouvoir l'égalité entre les genres.

Deuxièmement, il faut rappeler la responsabilité première des États de protéger leurs populations, en tenant compte des besoins et des vulnérabilités spécifiques au genre, guidée par le cadre international des droits humains, y compris la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF). Comme évoqué lors de notre réunion Arria en mars, la CEDEF est un instrument essentiel pour rendre les États responsables de la protection des droits des femmes avant, pendant et après un conflit. Le Conseil de sécurité et les Nations unies doivent travailler en étroite collaboration avec les autorités nationales et locales dès le déploiement d’une mission onusienne afin de préparer les plans de retrait, de faciliter le renforcement et le transfert des capacités et d’adopter une approche budgétaire sensible au genre, guidée par des critères de référence établis.

Finalement, il est essentiel de documenter les expériences des retraits passés et de les partager afin d’en tirer des enseignements sur les conséquences par rapport aux droits, la participation et la sécurité des femmes. Au Mali et au Soudan, par exemple, les réductions des effectifs onusiens ont entrainé une interruption du suivi, de l’établissement de rapports et de l'analyse de la situation des droits des femmes, y compris les violences sexuelles liées aux conflits. La Commission de consolidation de la paix (CCP) offre une plateforme pour cet apprentissage collectif qui peut également être mis au bénéfice du travail de ce Conseil. Le Fonds de consolidation de la paix joue un rôle important en aidant à combler les déficits financiers les plus urgents dans les contextes de transition. Il est nécessaire que des ressources supplémentaires soient allouées au Fonds. Mais cela ne suffit pas. Les transitions doivent être planifiées de manière durable, y compris avec des ressources provenant du budget ordinaire.

Madame la Présidente,

Alors que le maintien de la paix évolue, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser les femmes de côté. Leurs droits et leur sécurité sont essentiels pour parvenir à une paix durable.

Nos décisions actuelles jettent les bases des futurs efforts de maintien de la paix. Ce Conseil doit se montrer à la hauteur de l'affirmation selon laquelle les femmes et les filles ne sont pas seulement des bénéficiaires de la paix, mais des architectes essentielles de celle-ci.

Une transition réussie est une transition avec et pour les femmes.

Je vous remercie.

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