Briefing: Kosovo

Je vais maintenant faire une déclaration en ma qualité de représentante de la Suisse.  

Je voudrais commencer, comme mes collègues, par remercier la Représentante spéciale du Secrétaire général pour son intervention. Je souhaite la bienvenue aux Ministres des affaires étrangères de la Serbie et du Kosovo.  

La Suisse entretient des liens profonds et de longue date avec les Balkans occidentaux. La diaspora de cette région en Suisse joue un rôle essentiel en tant que pont entre nos sociétés, favorisant la compréhension mutuelle.   

Depuis notre entrée au Conseil de sécurité, nous avons été témoins de situations tendues dans les quatre municipalités du nord du Kosovo. Les défis pour la stabilité et les bonnes relations interethniques persistent. Les actions unilatérales menées au cours des six derniers mois ont engendré une insécurité considérable, affectant la vie quotidienne des citoyens, en particulier celle des Serbes du Kosovo.   

La Suisse souligne que la coexistence pacifique et inclusive est indispensable pour assurer une stabilité durable. Le respect des droits humains, y compris des droits des minorités, et l'adhésion aux principes démocratiques et de l’Etat de droit sont essentiels. La participation des Serbes du Kosovo à la gouvernance locale et nationale et à la vie communautaire est indispensable à un vivre-ensemble plus apaisé.   

En outre, les retards dans les enquêtes sur l'attaque de Banjska et les affrontements de mai 2023, ayant blessé des soldats de la KFOR, ajoutent à l’inquiétude. Plus d’un an après, il est important que la justice suive son cours avec plus de célérité.   

Ces développements soulignent l’importance de faire avancer le dialogue facilité par l'UE. Nous réaffirmons notre soutien à ce processus et notre engagement à y contribuer. Les questions en suspens devraient être abordées dans ce cadre, de manière constructive et dans un esprit de confiance. Pour que les solutions soient durables, le processus devrait toutefois être plus inclusif, en assurant la participation pleine, égale et significative des femmes.   

Il est regrettable qu'après l’élan généré par les accords de Bruxelles et d'Ohrid au début de l’année 2023, le dialogue se soit essoufflé. Les dirigeants politiques du Kosovo et de la Serbie doivent faire preuve de volonté politique et s’engager pleinement dans sa mise en œuvre.

Nous appelons les deux parties à honorer leurs engagements sans délai et sans conditions préalables. Cela implique, pour le Kosovo, de mettre rapidement en place l'Association des municipalités à majorité serbe et pour la Serbie, de ne pas s'opposer à l'adhésion du Kosovo aux organisations internationales. Le respect des engagements passés est la base des avancées futures. 

Excellences,   

Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis la fin de la guerre. Nous reconnaissons le rôle vital joué par les organisations internationales dans la stabilisation et le développement du Kosovo, notamment la KFOR, dans laquelle des milliers de soldats suisses ont servi. Nous félicitons également la MINUK pour le travail important qu'elle a accompli depuis 1999 et estimons qu'une discussion constructive sur un éventuel réexamen stratégique pourrait être utile pour ses efforts futurs.   

La communauté internationale continue d’avoir un rôle à jouer pour soutenir la stabilité régionale. Toutefois, c'est au Kosovo et à la Serbie qu'incombe la responsabilité de désamorcer les tensions et d’assurer des progrès dans leurs relations de voisinage.  

A cette fin, des solutions politiques doivent être trouvées. Cela exige un engagement soutenu et des efforts pragmatiques. Nous saluons les récents résultats dans le cadre du processus de Berlin et soulignons que l’intégration régionale est une condition préalable à la prospérité de la région. Nous soulignons également qu'il importe de favoriser la confiance entre les parties, notamment par des efforts de réconciliation. La coopération sur le sort des personnes disparues est un pas dans cette direction. La Suisse contribue à cet objectif avec une mission d’experts afin de tester la possibilité d’utiliser de nouvelles technologies dans la recherche de personnes disparues.   

En soutenant ces efforts, la Suisse contribue à la normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie. Nous continuerons à œuvrer à la promotion de la paix et à la prospérité dans les Balkans occidentaux, au-delà de notre rôle au Conseil.