Je vais maintenant faire une déclaration en ma qualité de représentante de la Suisse.

Je voudrais, comme mes collègues, remercier la Sous-Secrétaire générale d’OCHA ad interim, Madame Msuya, pour sa présentation de la situation catastrophique à Gaza. Et ceci, dans tous les domaines fondamentaux que sont, notamment, la sécurité alimentaire, la santé, ou encore l’éducation.

Et je la cite: “The level of suffering is difficult to capture in words”. Je pense que c’est une phrase qui restera avec nous.

Permettez-moi donc en guise d’introduction de dire ce que je dirai aussi en conclusion : il faut un cessez-le-feu immédiat à Gaza, comme ce Conseil le demande depuis des mois.

Chers et chères collègues,

Le collègue algérien l’a dit, nous commémorons aujourd’hui la journée internationale de l’alimentation ainsi que la fondation, il y a 78 ans, de la FAO, qui a éradiqué la faim ou amélioré la sécurité alimentaire dans biens des pays du monde. Tragiquement à Gaza, cette journée marque un triste rappel : la famine y menace la vie de centaines de milliers de personnes – à commencer par les enfants. 

La Suisse rappelle que la résolution 2417 de ce Conseil condamne fermement – je cite – « les refus illicites d’accès humanitaires et le fait de priver les civils des biens indispensables à leur survie ». Le Statut de Rome considère que l’utilisation de la famine comme méthode de guerre est un crime de guerre, dont les responsables doivent être traduits en justice. 

A Gaza les civils, y compris les 400'000 personnes dans le nord, n’ont comme seul bouclier le droit international humanitaire. Il est donc indispensable que les parties mettent en œuvre ce droit.   

Les menaces qui guettent ces civils sont terrifiantes. Les écoles devenues refuges sont bombardées – comme le week-end dernier à Jabalya. Il en va de même pour les complexes hospitaliers. Le déni presque complet d’aide humanitaire expose la population civile à des épidémies d’un autre âge. Sans parler du fait que les enfants ne sont plus allés à l’école depuis plus d’un an.  

Cela nous oblige à nous confronter à un certain nombre de questions :

L’acheminement de l’aide humanitaire destinée à lutter contre l’insécurité alimentaire de la population de Gaza est-il intentionnellement entravé ? Les nouveaux ordres d’évacuation transmis par Israël à des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont-ils une tentative d’introduire des changements permanents dans le Territoire palestinien occupé ? La Suisse rappelle que de telles mesures seraient illégales en vertu du droit international humanitaire. 

Dans le même temps, le Hamas continue de lancer des roquettes sur Israël, y compris jusqu’à Tel Aviv, ce que nous condamnons. La situation humanitaire des otages encore en vie est également catastrophique. Nous avons fermement condamné les actes de terreur atroces du 7 octobre commis par le Hamas et appelé à la libération immédiate et sans conditions des otages. Et nous continuerons à le faire.

Nous n’avons cessé de le répéter : toutes les parties – ceci inclus le Hamas et d’autres groupes armés dans la bande de Gaza – doivent respecter le droit international humanitaire. Mais les crimes terribles du Hamas ne suspendent en rien l'obligation d'Israël de se conformer lui-même strictement au droit international humanitaire. 

Israël doit maintenant en toute urgence et avec vigueur prendre des mesures effectives pour fournir les services de base et l’aide humanitaire d’urgence aux Palestiniens de Gaza, comme l’exige la Cour internationale de justice. Nous rappelons qu’il s’agit d’une obligation selon le droit international humanitaire.

A cette fin, seule une collaboration étroite entre Israël et les agences humanitaires spécialisées peut permettre un acheminement sûr, rapide et sans entraves de l’aide humanitaires aux civils dans le besoin. La Suisse salue le travail de ces agences – y compris UNWRA, WHO et UNICEF – qui ont réalisé une première vague de vaccinations contre la polio dans des conditions extrêmement difficiles le mois passé.  

Les agences humanitaires doivent pouvoir opérer dans un espace humanitaire sûr pour mener à bien leur travail, y compris la seconde phase de vaccinations prévue cette semaine.

Les attaques que les humanitaires subissent – dans les hostilités, mais aussi dans les médias – sont inacceptables. Ce Conseil a réaffirmé unanimement son soutien au Secrétaire général et au personnel de l’ONU, notamment le personnel humanitaire et de maintien de la paix, qui opèrent dans ces conditions extrêmement hostiles.    

Face à l’escalade massive de violence dans le Territoire palestinien occupé et dans la région, le respect du droit international humanitaire et la mise-en-œuvre des résolutions de ce Conseil de sécurité sont des jalons fondamentaux et indispensables pour la désescalade et sur le chemin de la paix. Celle-ci doit se fonder sur la solution à deux états.  

Je le répète donc encore une fois : il faut un cessez-le-feu immédiat à Gaza comme ce Conseil le demande depuis des mois. Maintenant.  

La Suisse reste prête à prendre avec les autres membres de ce Conseil – ensemble – les mesures nécessaires pour y parvenir. 

Je vous remercie.