Madame la Présidente,
Je vous remercie de nous convier à ce briefing sur la situation au Proche-Orient.
Je tiens aussi à remercier le Coordonnateur spécial adjoint Muhannad Hadi pour sa présentation au nom du Coordonnateur spécial Tor Wennesland.
A travers vous, la Suisse rend hommage au rôle central de l’ONU pour la paix, la stabilité et l’aide humanitaire dans la région. Le Secrétaire général, ses hauts-représentants et les agences de l’ONU doivent pouvoir faire leur travail, parler sans entrave avec toutes les parties et venir en aide à tous les individus dans le besoin.
En cette journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, la Suisse réitère sa sympathie et son soutien aux femmes et aux jeunes filles victimes de violences dans ce conflit, notamment de violences à caractère sexuel. De telles violences – que l’ONU a attestées lors des actes de terreur perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023 – constituent des violations graves du droit international humanitaire et de droits humains, et peuvent constituer des crimes de guerre voire des crimes contre l’humanité.
Nous sommes également très préoccupés par les informations sur les violences sexuelles et basées sur le genre contre des Palestiniennes et Palestiniens dans les lieux de détention, lors de raids dans les maisons et aux points de contrôle. A Gaza, la situation humanitaire catastrophique et l’effondrement de l’ordre public font jouer aux femmes un rôle essentiel dans la réponse à la crise.
Toutefois, cela les expose au manque d’intimité et ses conséquences variées sur leur hygiène ou leur intégrité physique. Il faut mettre un terme aux souffrances et à la déshumanisation de toutes les victimes de ce conflit.
La Suisse réitère son appel à un cessez-le-feu et à la libération des otages qui soient tous deux inconditionnels et immédiats. Nous regrettons profondément la non-adoption, mercredi passé, du projet de résolution des membres élus coordonnés par le Guyana qui en faisait la demande explicite.
Alors que la recherche d’un consensus du Conseil pour une action ferme doit se poursuivre, les principes fondamentaux du droit international, y compris du droit international humanitaire, font consensus depuis des décennies. Les obligations en la matière s’appliquent dans les conflits armés en toute circonstance.
Parmi ces obligations figurent celle de traiter humainement toute personne privée de liberté en lien avec ce conflit, l’interdiction de prendre des personnes en otage ; l’obligation de faciliter un accès rapide, sûr et sans entraves de l’aide humanitaire ; d’assurer la protection des civils et des infrastructures civiles, y compris le personnel et les locaux de l’ONU. De plus, en tant que Puissance occupante, Israël a l’obligation de faire en sorte, dans toute la mesure de ses moyens, que les besoins essentiels de la population palestinienne soient satisfaits.
La Suisse est en faveur de toute action qui puisse assurer la redevabilité pour les violations graves du droit international, y compris les actes des terreur perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023, et toute autre violation commise par les parties au cours des hostilités à Gaza, en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est. Concernant les mandats d’arrêts émis le 21 novembre par la Cour pénale internationale, la Suisse souligne que l’indépendance de cette institution judiciaire doit être respectée. Elle déplore toute forme de menaces ou de mesures prises à l’encontre de la Cour, ses officiels et ceux qui coopèrent avec elle.
Madame la Présidente,
La Suisse rejette toutes les déclarations qui visent à une annexion de territoire, au développement de nouvelles colonies et à la prise de mesures qui introduiraient des changements permanents, notamment démographiques et administratifs, dans le Territoire occupé, aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie, y inclus Jérusalem-Est. Nous rappelons que l’occupation israélienne, qui dure depuis 1967, est illégale. Avec les attaques, menaces et intimidations des colons, elle constitue un obstacle majeur à la solution à deux Etats démocratiques, Israël et Palestine, dont Gaza fait partie intégrante, vivant côte-à-côte en paix, à l'intérieur de frontières sûres et reconnues.
A la logique destructrice qui prévaut aujourd’hui, il faut opposer des efforts concrets de paix, telles que l’Alliance globale en faveur de la mise en œuvre de la solution à deux Etats, lancée ici même à New York en septembre dernier.
Je vous remercie.