Merci, Madame la Présidente.
Je voudrais également commencer par remercier la Représentante spéciale du Secrétaire général de son exposé mais aussi de son grand engagement que nous avons pu observer pendant ces deux dernières années. Je salue également la présence de la Ministre des Affaires étrangères de la RDC et des représentants du Rwanda et de l'Angola à cette réunion. Je voudrais aussi remercier Mme Passy Mubalama du sens de réalité qu’elle nous a dépeint par rapport à la population dans l’Est du pays, surtout aussi la population féminine.
Permettez-moi de commencer par reprendre les mots inspirants de Sarah Ntambwe, défenseuse des droits humains, devant ce Conseil, lors de notre Présidence en octobre : « Le processus de paix est une porte d’espoir pour nous qui rêvons de vivre dans un monde où la musique des bombardements et les pleurs ne se feront plus entendre. » Ces mots résonnent comme un puissant appel à l’action, écho de ce que nous avions déjà perçu lors de notre visite du Conseil de sécurité en RDC. Pour concrétiser cet espoir, la Suisse s’est pleinement investie au cours des deux dernières années afin de promouvoir une résolution pacifique du conflit, renforcer la protection des civils, et défendre le respect du droit international. Dans cet esprit, j’aimerais mettre en avant trois points :
Premièrement, la Suisse continuera – au-delà de son mandat au Conseil – à soutenir les efforts régionaux pour trouver des solutions politiques au conflit et renforcer la participation des femmes. Nous saluons les avancées du Processus de Luanda, ainsi que l’annonce de la tenue d’un sommet tripartite le 15 décembre. L’inclusion de la vision des acteurs et actrices locaux demeure une nécessité pour mettre fin aux conflits. La signature récente du concept des opérations entre la RDC et le Rwanda constitue une étape importante. Cependant, des mesures concrètes doivent suivre sans délai pour instaurer la confiance. Nous réitérons la nécessité que le Rwanda retire immédiatement ses troupes de la RDC et cesse tout soutien au M23. Parallèlement, la RDC doit intensifier ses efforts pour neutraliser les FDLR et cesser toute coopération avec ce groupe.
Deuxièmement, la situation sécuritaire et humanitaire alarmante dans l’Est de la RDC doit cesser au plus vite. Nous l’avons entendu, dans les camps de déplacés de l’Est de la RDC, déjà surpeuplés, les populations subissent une insécurité accrue, des violences sexuelles et basées sur le genre, ainsi que des conditions de vie insoutenables. Malgré le cessez-le-feu annoncé le 4 août, les affrontements persistent, exacerbant les souffrances des civils. La Suisse est particulièrement préoccupée par l’expansion territoriale continue du M23 dans le Nord Kivu, marquée par l’établissement d’une administration parallèle. Nous condamnons les attaques indiscriminées des groupes armés tels que ADF, CODECO et Zaïre. Il est essentiel que l’attention portée au M23 ne fasse pas oublier les victimes des violences en Ituri et ailleurs et que la reddition des comptes soit assurée.
Troisièmement, malgré un contexte difficile, nous continuerons à soutenir la MONUSCO pour qu’elle puisse jouer un rôle central dans la protection des civils. La Mission ne peut remplir pleinement son mandat que si les attaques et entraves régulières à son égard cessent, tel que le brouillage des communications signalé dans le Nord-Kivu et les campagnes de désinformation. Par ailleurs, nous appelons toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et à garantir la sûreté et sécurité du personnel onusien et humanitaire.
Enfin, la Suisse soutient pleinement le renouvellement du mandat de la MONUSCO, avec une priorité maintenue sur la protection des civils. Suite au désengagement de la Mission du Sud Kivu, il est crucial d’en tirer des enseignements concrets pour éviter tout vide sécuritaire fragilisant davantage la région. Dans cette perspective, la Suisse continuera de promouvoir un dialogue inclusif entre la RDC, la MONUSCO et la société civile afin d’aligner le processus de désengagement sur les besoins des populations locales.
Madame la Présidente,
Les Congolaises et les Congolais doivent pouvoir vivre dans la paix, la dignité et la sécurité, et leurs aspirations doivent rester au centre des priorités de ce Conseil. La Suisse appelle les membres du Conseil de sécurité ainsi que les États de la région à demeurer unis dans la quête d’une paix juste et durable en RDC. Depuis plus de 60 ans, la Suisse et sa coopération international sont présentes dans la région des Grands Lacs. Nous sommes résolus à poursuivre nos efforts aux côtés des autorités et du peuple congolais, tant à Kinshasa que dans l’Est du pays, pour soutenir les processus de paix et contribuer à un développement durable.
Je vous remercie.