Je vais maintenant faire une déclaration en ma qualité de représentante de la Suisse.

Je voudrais, comme mes collègues, remercier l’Envoyé spécial du Secrétaire général de sa présentation et de tout son travail précieux. J’adresse également mes très sincères remerciements à Madame Sarah Kyabu pour sa précieuse contribution et son engagement dans un contexte difficile. Je souhaite la bienvenue aux représentants des Etats de la région, y compris Madame la Ministre des affaires étrangères.

Comme l’a souligné aujourd’hui l’Envoyé spécial, la paix et la sécurité dans la région ne peuvent être atteintes que par la coopération et le rétablissement de la confiance mutuelle. La prolifération des acteurs armés étatiques et des technologies militaires dans l'est de la RDC a exacerbé les tensions régionales, accroissant ainsi le risque d'un conflit de plus grande envergure. Face aux souffrances persistantes des populations civiles et aux violations récurrentes du droit international, nous devons redoubler d’efforts pour trouver des solutions politiques viables et prévenir une escalade du conflit.

J’aimerais donc soulever trois points à cet égard :

Premièrement, une solution politique reste la seule voie viable pour établir les fondations d'une paix durable dans la région. Il est urgent de mettre un terme à l’escalade des tensions. La Suisse salue à cet effet les initiatives régionales, et soutient le Processus de Luanda. Le cessez-le-feu du 30 juillet, signé par la RDC et le Rwanda, représente une avancée importante, qui a déjà permis une réduction des affrontements. Cet accord doit impérativement être respecté et les engagements pris pleinement tenus.

Comme rappelé par Madame Kyabu, les processus régionaux doivent également garantir une participation pleine, égale et significative des femmes. C'est une condition essentielle pour une paix durable et nous saluons les efforts entrepris par le Président Lourenço et l’Envoyé spécial. Le Forum régional de haut niveau des femmes des Grands Lacs, prévu les 18 et 19 octobre à Luanda, constitue une occasion notable de renforcer leur participation aux processus de paix. La Suisse est engagée auprès des délégations de femmes pour soutenir leur participation.

Deuxièmement, la population civile doit être protégée en tout temps et leurs droits doivent être respectés. Les violences perpétrées par toutes les parties au conflit ont engendré une crise humanitaire alarmante dans les Grands Lacs, faisant de cette région l'une des plus touchées par les déplacements forcés dans le monde – on l’a entendu. Les répercussions de cette crise sont particulièrement dévastatrices pour les femmes et les filles, qui, comme l’a si bien rappelé Madame Kyabu, subissent des formes extrêmes de violence et d’exploitation sexuelles. Cette situation est intolérable. En outre, en RDC, l'intensification des combats a considérablement aggravé la vulnérabilité des enfants. Fort de ce constat, la Suisse appelle à nouveau toutes les parties à cesser immédiatement toute violation du droit international.

Enfin, il est crucial que les États de la région s'attaquent ensemble aux causes profondes du conflit. Ces derniers mois, les affrontements entre acteurs armés au sujet de l’exploitation et le commerce illicite des ressources naturelles s’est intensifiée. Cette dynamique alimente les hostilités et sape les efforts de paix dans la région des Grands Lacs. A cet égard, nous sommes notamment préoccupés par la prise de zones minières par les groupes armés, comme celle de Rubaya par le M23. Dans ce sens, il est impératif de renforcer la gouvernance transparente des ressources naturelles et de lutter contre les activités illégales qui alimentent les conflits. Nous encourageons les pays de transit et de destination des minerais à s'engager dans des chaînes d'approvisionnement responsables, notamment par l'amélioration de la traçabilité des minerais.

Chères et chers collègues,

La paix n’est pas encore gagnée, mais il existe aujourd’hui de réelles opportunités dans la région des Grands Lacs. Ainsi, le Conseil de sécurité doit assumer pleinement son rôle en accompagnant les États de la région dans la recherche de solutions pérennes. L’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération demeure à ce jour un instrument essentiel pour la stabilité, et il mérite d'être revitalisé. La Suisse, quant à elle, restera fermement engagée à soutenir les initiatives régionales et à promouvoir la paix et la stabilité dans la région, tant à travers ses représentations dans la région des Grands Lacs que dans les forums multilatéraux.

Je vous remercie.

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