Monsieur le Président,

Je remercie Alice Wairimu Nderitu, Conseillère spéciale pour la prévention du génocide, pour son intervention. La Suisse saisit l’occasion de cette réunion pour aborder une condition clé à la prévention des conflits et la consolidation de la paix: le respect et la réalisation des droits humains, qui incluent notamment la non-discrimination, la liberté d’expression, ainsi que la liberté de pensée, de conscience et de religion.     

La cohésion sociale se construit grâce à la cohabitation des opinions, des convictions et des croyances. La tolérance est le ciment de toute société inclusive.

Inversement, l’intolérance, la discrimination, l'incitation à la haine et l'extrémisme violent, peuvent diviser voire rompre le lien social. L’appel à la tolérance est donc un appel à lutter contre la discrimination sous toutes ses formes, et à respecter la dignité de chaque être humain.

Cet appel est ancré dans un cadre juridique universel. La Déclaration universelle des droits de l’homme dispose que tous les êtres humains « naissent libres et égaux en dignité et en droits ». De cette disposition, découle l’interdiction de la discrimination inscrite dans plusieurs conventions internationales.

Monsieur le Président,

Les droits humains sont une condition sine qua non à la construction d’une paix durable. Ils sont notre rempart contre la déshumanisation, l’inégalité et l’injustice qui se trouvent souvent à l’origine des conflits violents.

Il n'est donc pas surprenant que les conflits armés se propagent dans le monde entier au moment même où les droits humains perdent du terrain. L’impunité des violations des droits humains constitue un risque majeur pour la paix et la sécurité.

Une étude récente du Fonds de consolidation de la paix le démontre une fois de plus, sur la base de cas concrets dans 45 pays : les droits humains et la consolidation de la paix se catalysent mutuellement.

L’étude confirme que l’attention portée aux droits humains contribue à identifier et régler les différends avant qu'ils n’éclatent en violences ; à s’attaquer aux causes profondes et à remédier aux inégalités structurelles. Elle indique aussi que l'action en faveur des droits des femmes et de leurs besoins socio-économiques est un puissant levier pour la paix. Et que l’autonomisation des femmes facilite l’accès à la justice pour les victimes de violences fondées sur le genre. A cet égard, l’étude montre que la lutte contre les discours de haine fondés sur le genre est essentielle pour promouvoir la participation des femmes. Selon l’étude, les discours de haine en général peuvent être un « précurseur » de pics de violence et de violations des droits humains à grande échelle.

Monsieur le Président,

La Suisse condamne fermement tous les discours de haine. Dans la lutte contre ce phénomène, le respect des droits humains, en particulier la liberté d'expression, doit être garanti. Toutes les voix, même les plus critiques, doivent pouvoir s’exprimer. La liberté d’expression, tout comme la liberté de religion et de conviction, favorisent des débats ouverts et honnêtes, pierre angulaire de toute société pluraliste, inclusive et pacifique. Elles créent un climat de confiance, indispensable à la prévention des conflits. Dans le même ordre d’idées, la tolérance et le respect de la dignité de tous les êtres humains ainsi que la protection des minorités sont indispensables pour que cette coexistence se réalise.

Comme le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, l’a affirmé devant ce Conseil en mai 2023 : « Le plein respect des droits de l’homme est le meilleur antidote contre les inégalités, les griefs non réglés et l’exclusion. »

Agir pour les droits humains, c’est agir pour la paix. Agissons donc : En mettant fin à toute forme de discrimination. En garantissant la participation des femmes dans les décisions. Et, surtout, en plaçant les droits humains au cœur de la prévention et la consolidation de la paix.

Je vous remercie.

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