Madame la Présidente,

Je remercie la représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission des Nations unies au Kosovo (MINUK) pour son intervention. Je souhaite la bienvenue à leurs Excellences, Président Vučić et Présidente Osmani, et saisis cette occasion pour souligner les liens humains solides qui unissent la Suisse à leurs pays respectifs.

La normalisation des relations, sur la base d’une confiance renforcée, est dans l'intérêt et au bénéfice des peuples du Kosovo et de la Serbie. Je me permets de donner trois exemples d’approches que nous souhaiterions voir renforcées :  

Premièrement, une rhétorique mesurée et un engagement responsable de la part des dirigeants politiques : afin d’espérer voir un avenir où les griefs du passé seront reconnus sans entraver les progrès, il est nécessaire que les dirigeants politiques du Kosovo et de la Serbie posent les bases d’une coopération et d’une compréhension commune, afin de montrer l’exemple également à leurs populations.  

Deuxièmement, un engagement clair et accru dans le cadre du dialogue facilité par l'Union européenne:  les progrès réalisés sur la feuille de route énergétique et les plaques d'immatriculation montrent les résultats concrets de ce format. Les questions en suspens, y compris les conséquences de la mise en œuvre des réglementations monétaires au Kosovo, doivent être résolues par ce dialogue, en tenant compte des intérêts des communautés concernées. En outre, il est nécessaire de renforcer la légitimité et la durabilité des solutions dans le processus de paix, y compris par une participation renforcée des femmes aux négociations.

Troisièmement, des avancées concrètes : plus d'un an après les décisions prometteuses prises dans le cadre des accords de Bruxelles et d'Ohrid, il est grand temps de passer des engagements sur papier aux actes. Nous demandons à la Serbie de lever toute ambiguïté quant à son engagement en faveur des accords et de s'abstenir de s’opposer à l'adhésion du Kosovo à des organisations internationales. Et nous appelons le Kosovo à établir sans délai l'Association des municipalités à majorité serbe, un engagement pris en 2013.

La Suisse s’engage pour l'instauration de relations constructives entre les parties par des mesures pratiques et discrètes. Ainsi, depuis 2015, nous facilitons des réunions afin de permettre un contact direct entre les représentants des partis politiques du Kosovo et de la Serbie.

Madame la Présidente, 

Les deux parties partagent la responsabilité de réduire les tensions. Les escalades comme celle qui s'est produite à Banjska en automne dernier doivent être évitées à tout prix et les responsables doivent être traduits en justice. Nous réitérons notre appréciation et notre soutien continu au travail important de la KFOR pour assurer un environnement pacifique et sûr.  

En ce qui concerne les votes d’hier sur la révocation des maires dans le nord du Kosovo, la Suisse regrette que la communauté serbe n’y ait pas participé. Nous encourageons le gouvernement du Kosovo à renforcer ses efforts d’intégration de la minorité serbe dans la société.  

Cela nous ramène à l’établissement de la confiance, tant entre les communautés qu’entre les parties, comme condition préalable pour préserver la paix et progresser vers des sociétés multiethniques pacifiques et prospères. 

J’aimerais ajouter une dernière approche à ce sujet à l’aide d’un exemple tiré du rapport : Pour la première fois depuis 2021, le groupe de travail sur les personnes disparues, présidé par le CICR, a repris ses réunions à Genève au début de cette année. Reconnaissant que le travail sur le passé est essentiel pour promouvoir la réconciliation, nous encourageons la poursuite de la coopération dans ce domaine et dans d'autres, y compris en ce qui concerne les violences sexuelles commises pendant le conflit.

Nous remercions la MINUK pour son rapport et restons prêts à discuter de manière constructive d'un éventuel examen stratégique de la Mission. 

Pour conclure, laissez-moi souligner un point soulevé par le Secrétaire général dans le Nouvel agenda pour la paix : la coopération diplomatique, si elle est importante entre pays partageant les mêmes idées, elle est absolument cruciale entre pays en désaccord.

Je vous remercie.

Télécharger la déclaration

Document(s)
Taille / Type