Monsieur le Président,

Je remercie la Représentante spéciale du Secrétaire général, non seulement de son intervention, mais surtout de son travail précieux au quotidien sur le terrain. Je voudrais aussi remercier la Directrice Exécutive d’ONU Femmes, le Commissaire aux Affaires Politiques, à la Paix et à la Sécurité de la Commission de l'Union Africaine et la Directrice de l’association « Jeunesse en Marche pour le Développement en Centrafrique » de leurs exposés. Je souhaite la bienvenue à la Ministre des Affaires étrangères de la République centrafricaine (RCA), ainsi qu’aux représentants des Etats de la région.

Il ne fait aucun doute que les femmes sont des actrices indispensables pour une paix durable, en Centrafrique comme ailleurs. Pourtant, comme l’a partagé une représentante de la société civile centrafricaine durant la visite du Comité de sanctions en début du mois, « les femmes centrafricaines sont des piliers de la paix, mais elles sont trop souvent mises à l’écart ». Nous saluons d’autant plus l’appel de la présidence à porter une attention particulière à l’agenda « Femmes, paix et sécurité » dans nos délibérations aujourd’hui. Il est fondamental que les membres du Conseil incluent et soutiennent l’engagement des femmes pour la paix.

Je me permets donc de choisir un angle « Femmes, paix et sécurité » pour les trois points que je voudrais soulever ici.

Premièrement, pour que la paix s’installe et perdure, les femmes doivent être en première ligne dans tous les processus politiques. Nous notons l’annonce du gouvernement centrafricain d’organiser un référendum constitutionnel, outil de démocratie directe cher à la Suisse. Nous en appelons aux autorités centrafricaines de garantir un processus ouvert, transparent, libre et équitable. Un processus qui assure la participation pleine et entière - égale et significative - des femmes. Il en va de même pour les prochaines élections locales, où les candidates doivent pouvoir se présenter libres de toutes menaces et représailles. À cet égard, nous encourageons le gouvernement à redoubler d’efforts pour la mise en œuvre de la loi sur la parité, qui exige au minimum que 35% des postes politiques soient occupés par des femmes.

Deuxièmement, malgré une amélioration de la situation sécuritaire dans certaines régions, les groupes armés poursuivent leurs actions, comme nous l’avons aussi entendu de la Représentante spéciale. En effet, aux frontières du Soudan et du Tchad, le trafic illicite d’armes, les taxations illégales et les attaques contre la population civile augmentent. Cela rend l’accès humanitaire encore plus difficile. Et une fois de plus, les femmes sont les plus durement impactées. Traditionnellement engagées aux travaux champêtres, elles sont davantage exposées non seulement à la présence d’acteurs armés, mais aussi aux engins explosifs improvisés qui parsèment certaines régions rurales. Nous appelons les autorités centrafricaines à assurer la protection de la population civile et de ses droits. A ce titre, nous saluons les actions du gouvernement en faveur des plus de 13'000 réfugiés et retournés venus du Soudan.

Troisièmement, la lutte contre l’impunité doit être renforcée. Les femmes victimes de violences sexuelles continuent d’être stigmatisées, et ces violations sont souvent réglés en dehors du système judiciaire formel. Pour que cela cesse, il faut renforcer le système de justice ordinaire et la confiance de la population en ce système. Le Ministre d’Etat chargé de la Justice l’a souligné la semaine passée, je cite : « la justice est un passage obligé de la construction et du renforcement de l’Etat de droit ». Pourtant, la Cour Pénale Spéciale manque toujours de ressources. Et la Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation fait face à des lenteurs importantes. Nous encourageons donc le gouvernement et la communauté internationale à soutenir ces institutions qui posent les bases pour la réconciliation et une paix durable dans le pays.

Enfin, la Suisse reste préoccupée par les graves allégations d’exploitation et d’abus sexuels commis par certains casques bleus de la MINUSCA. Nous saluons le grand engagement du Secrétaire général, et surtout de sa Représentante spéciale, en faveur de la tolérance zéro face à de tels incidents.

Monsieur le Président,

Nous ne pourrons consolider la paix, tant que des violences quotidiennes continueront d’affecter la moitié de la population. La réponse à l’insécurité dans le pays passe par des processus politiques inclusifs, et doit reposer sur le droit international, garantissant les droits des femmes et créant un environnement sûr et respectueux pour leur participation. Dans ce contexte, nous soutenons aussi les quatre principes proposés par la Directrice Exécutive d’ONU Femmes. À l’avenir, œuvrons ensemble pour que les femmes ne soient plus des victimes invisibles, mais des actrices reconnues de la paix et de la sécurité en RCA. 

Je vous remercie.

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