Madame la Présidente,
Je remercie le Représentant Spécial du Secrétaire-général, El-Ghassim Wane et Mme Beatrice Abouya pour leurs exposés.
Le retrait de la MINUSMA est d’une ampleur et d’une complexité sans précédent. Nous saluons la priorité que les Nations Unies accordent à sa planification qui inclut différentes composantes du système onusien. Nous soutenons les objectifs identifiés par le Secrétaire général, comme la sûreté et la sécurité du personnel, la sauvegarde des acquis de la Mission, et la préservation d’un environnement propice à l'engagement à long terme des Nations Unies au Mali.
Le plan de retrait est ambitieux et les enjeux pour le Mali sont importants. Je souhaite souligner trois points :
Premièrement, la sûreté et la sécurité du personnel de la MINUSMA doit être assurée. Les événements à Ber il y a quelques semaines et d'autres cas où la MINUSMA a été directement attaquée, ont montré à quel point le personnel de la mission est exposé et menacé. Malheureusement il faut s’attendre à ce que les risques pour le personnel augmentent. Ceci d’autant plus que les campagnes de désinformation contre la MINUSMA adoptent de nouveaux narratifs. Nous saluons donc les mesures présentées par le Secrétaire général dans le domaine de la communication stratégique. Au-delà du retrait de la MINUSMA, nous sommes en faveur du maintien d'une unité de garde dotée, équipée et formée de manière adéquate pour répondre aux risques auxquels le personnel en charge de la phase de liquidation pourrait être confronté. Nous comptons sur le soutien des Forces armées maliennes en matière de protection des abords des infrastructures onusiennes restantes. Ceci inclut la sûreté de l’unité de garde.
Deuxièmement, la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation (APR) demeure – plus que jamais – crucial et urgent. Dans ce contexte, l’intensification des tensions entre le gouvernement de transition et la Coordination des Mouvements de l'Azawad (CMA) liée au retrait imminent de la MINUSMA nous inquiètent. Neuf ans de travail, de dialogue et d’efforts pour la réconciliation nationale sont en jeu – avant tout pour le peuple malien, mais également pour la région et l’ensemble de la communauté internationale. La Suisse partage l'analyse du Secrétaire général selon laquelle des mesures de confiance sont indispensables pour remettre le processus de paix sur les rails. Nous soulignons également que toute violation du cessez-le-feu pourrait entraver la reprise du processus de paix. Pour soutenir les efforts de la Médiation Internationale pour la mise en œuvre de l'APR, la question de la pertinence de mettre en place un mécanisme d'accompagnement - avec les ressources adéquates et, de préférence, une présence permanente sur place – se pose. Toute réflexion à ce sujet devrait être coordonnée avec les autorités maliennes, les autres parties signataires de l’APR et la Médiation Internationale.
Troisièmement, les discussions sur la reprise des multiples tâches de la MINUSMA doivent aboutir à des proposition concrètes, d’ici à la fin de l’année. Nous appelons toutes les parties à faire de leur mieux pour trouver un accord. Quelques suggestions concrètes ont déjà été faites par le Secrétaire général. La Suisse soutient, par exemple, le transfert des tâches politiques à UNOWAS et elle se tient à disposition pour contribuer aux réflexions à ce sujet. Nous notons également que certaines activités précédemment menées par la MINUSMA ne peuvent pas être transférées, ce qui aura des conséquences entre autres sur la protection de civils et l’approvisionnement de l’aide humanitaire. Nous saluons toutes les mesures prises pour minimiser l’impact du retrait de la MINUSMA sur la population et mieux répondre aux besoins humanitaires. Nous prenons également note du fait qu'aucune des organisations mentionnées dans le rapport – entre autres UNOWAS, l’équipe de pays de l’ONU et OCHA, ne disposent de ressources adéquates pour assumer des tâches supplémentaires et que des ajustements budgétaires seraient nécessaires.
Madame la Présidente,
Pour conclure, je souhaite remercier la MINUSMA et tout son personnel ainsi que le secrétariat à New York pour leurs engagements et les efforts entrepris depuis le premier juillet dans le but d’assurer un retrait sûr et ordonné. Les tâches les plus importantes et les plus difficiles sont encore à venir. Nous appelons tous les acteurs à coopérer avec la MINUSMA afin que son retrait puisse être mis en œuvre selon le plan et en toute sureté et sécurité. Enfin, nous espérons que le Conseil peut fournir le soutien et l’orientation nécessaire dans la suite de ce processus en se basant sur les informations du Secrétaire général sur les développements importants.
Je vous remercie.