Merci Madame la Présidente,
Et je remercie la Représentante spéciale du Secrétaire général, Bintou Keita, de son exposé, y inclus le slam touchant des jeunes, ainsi que de tout le travail accompli par la MONUSCO. Je salue la présence des représentants de la RDC et du Rwanda à cette réunion. Je félicite également la RDC, comme mes collègues, pour la formation de son nouveau gouvernement, y compris la nomination de la première femme Première Ministre du pays.
Alors que le désengagement de la MONUSCO du Sud Kivu s’est achevé et que les conditions sécuritaires dans l’Est restent instables, la RDC se trouve à un carrefour décisif pour le rétablissement durable de la paix sur son territoire. Afin d’apaiser les tensions et d’assurer la protection des civils, trois aspects nous semblent particulièrement importants :
Premièrement, seule une solution politique, fondée sur le dialogue et le respect mutuel, peut conduire à une paix et une sécurité durable dans la région. Comme mentionné aujourd’hui par la Représentante spéciale, l’intensification des tensions entre la RDC et le Rwanda représente un risque réel d’escalade régionale et d’aggravation du conflit. Dans ce cadre, nous saluons les initiatives politiques en cours et encourageons les Présidents Tshisekedi et Kagame à se réunir au plus vite pour engager un dialogue sincère et constructif. Nous saluons les efforts des Etats-Unis ayant menés à une trêve humanitaire dans l'Est et espérons que celle-ci débouchera sur un cessez-le-feu permanent.
Par ailleurs, pour rétablir la confiance, il est crucial que tous les Etats de la région respectent leurs engagements. À cet égard, la progression continue des forces de défense rwandaises et du M23 dans l’Est de la RDC, notamment la récente occupation de plusieurs localités du territoire de Lubero, est inacceptable. Cette avancée constitue une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC. Nous appelons instamment le Rwanda à cesser tout soutien au M23 et à se retirer du territoire congolais. De même, nous appelons les FARDC (Forces armées de la république démocratique du Congo) à tenir leurs engagements et cesser leur soutien aux FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda).
Deuxièmement, aucun dialogue de paix durable ne pourra aboutir si les parties continuent à violer le droit international. La Suisse reste préoccupée par l'augmentation des attaques contre les civils, des recrutements d'enfants et des violences sexuelles liées au conflit dans toutes les zones affectées par le conflit. Les parties doivent prendre des mesures concrètes pour protéger la population civile. Conformément au droit international humanitaire, les parties doivent notamment éviter de placer des objets militaires à l’intérieur ou à proximité de zones fortement peuplées. Les civils et les sites de déplacés ne doivent jamais être pris pour cible. De plus, nous condamnons sans équivoque toutes les attaques contre la MONUSCO et contre le personnel humanitaire. En effet, les parties aux conflits ont l’obligation de respecter et de protéger le personnel humanitaire et onusien, y compris le personnel local, comme le rappelle la résolution 2730 de ce Conseil, adopté au mois de mai à l’initiative de mon pays.
Troisièmement, alors que la MONUSCO a achevé son retrait du Sud-Kivu, nous sommes préoccupés par les défis sécuritaires qui perdurent après le désengagement. La Suisse encourage la RDC à prendre le relais et à veiller à ce que les vides sécuritaires soient comblés, notamment par le déploiement des forces de sécurité. Par ailleurs, il est essentiel que ces défis en matière de protection soient pris en compte lors des prochaines étapes du désengagement.
Enfin, tout soutien de la MONUSCO aux forces régionales devrait être entrepris en gardant à l'esprit que la paix et la sécurité ne peuvent être atteints que par des solutions politiques durables. Il doit être conditionné à une application robuste du Principe de diligence voulue en matière de droits de l'homme et à un soutien pour assurer l'adhésion au cadre de conformité de l'Union africaine, conformément à la résolution 2717. D'un point de vue opérationnel, tout soutien doit s'accompagner d’une approche centrée sur la protection des civils et d'une coordination et d'un partage d'informations solides.
Madame la Présidente,
La Suisse continue de s'engager en faveur d’une solution politique à la crise dans l’Est de la RDC. Nous réaffirmons notre disponibilité à soutenir les efforts diplomatiques et les discussions de paix. Nous appelons les membres de ce Conseil à parler d’une seule voix pour que ces efforts se concrétisent et mènent à une désescalade du conflit.
Je vous remercie.