Et je remercie Madame Edem Wosornu d’OCHA et Monsieur Stephen Omollo du PAM pour leurs exposés, sobres mais très clairs, et pour leur engagement continu dans la réponse humanitaire au Soudan.
Nous saluons l’effort sans relâche des organisations humanitaires internationales et locales dans la réponse à cette crise qui accumule de tristes records. Parmi eux, le plus grand nombre de déplacés internes au monde et de personnes souffrant d’insécurité alimentaire aiguë. Nous sommes consternés par la révélation du Comité d’examen de la famine (CEF) des cas de famine dans le camp de Zamzam, près de la capitale d’El Fasher.
Il y a quatre mois, nous avions été avertis sur le « risque réel de famine » lors d'une réunion convoquée dans le cadre prévu par la résolution 2417. Ce scénario se matérialise maintenant sous nos yeux. Le conflit armé dévastateur qui se poursuit sans relâche en est la cause principale.
Face à la situation désespérée de la population civile, la Suisse réitère trois appels urgents :
Premièrement, nous appelons toutes les parties au conflit à immédiatement faire taire leurs armes au Soudan et notamment à El Fasher. Nous encourageons le dialogue autour d’une solution politique à cette guerre et soutenons toute initiative à cet effet. Nous saluons les premiers pas encourageants des dernières semaines, sous la conduite de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, avec l’espoir qu’ils se traduiront par des progrès sur le terrain.
Deuxièmement, toutes les parties au conflit doivent respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme. Malgré une présence renforcée des Nations unies sur tout le territoire, le conflit en cours ainsi que les fortes pluies et les crues actuelles rendent encore plus difficile l’acheminement de l’aide humanitaire, nous venons de l’entendre. La mise en œuvre des résolutions 2724 et 2736 est cruciale pour que l’aide humanitaire puisse être acheminée de manière rapide, sûre et sans entraves à travers tous les points de passage des frontières et les lignes de front, conformément au droit international humanitaire. Bien qu’il y ait eu des améliorations encourageantes pendant les dernières semaines, des obstacles bureaucratiques et administratifs auxquels se heurtent les acteurs humanitaires persistent. Ceux-ci doivent être levés immédiatement.
Troisièmement, une augmentation urgente et tangible du soutien financier est indispensable pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables. Il reste d'importants déficits de financement, y compris pour les organisations locales qui sont en première ligne des efforts de réponse. La Suisse reste engagée dans la réponse humanitaire au Soudan ainsi que dans la région.
Monsieur le Président,
Les faits issus du rapport du CEF qui nous a mené à convoquer cette réunion, nous appellent à l’action. La famine est en train de s’installer, et nous craignons qu'elle se manifeste ailleurs dans le pays. La communauté internationale doit mobiliser les ressources et l'engagement politique nécessaires pour y répondre. En tant qu’un des deux points focaux informels sur les conflits et la faim, la Suisse appelle tous les membres de ce Conseil à assumer leurs responsabilités, comme la résolution 2417 adopté unanimement il y a six ans le prévoit. Nous devons rester mobilisés pour briser le cercle vicieux entre les conflits armés et la faim.
Les efforts diplomatiques pour faire cesser les hostilités et pour trouver une solution pacifique au conflit doivent se poursuivre. Dans l’intervalle, et en générale, le respect du droit international humanitaire incluant la protection des civils est primordial.
Je vous remercie.