Monsieur le Président,

Je remercie M. Lacroix et les Généraux Subramanian, Rodrigues de Miranda Filho et Lázaro Sáenz de leurs exposés. Au-delà des trois Généraux cités, je remercie l’ensemble des Chefs de mission et des Commandants de force qui accomplissent un travail remarquable dans des conditions souvent très difficiles.

Je voudrais aussi exprimer nos condoléances, tant au Commandant de l’UNIFIL qu’au gouvernement du Ghana, et surtout à la famille du peacekeeper décédé dans un accident ce matin.

Malheureusement, les civils représentent encore la vaste majorité des victimes des conflits armés, et leur protection est en conséquence plus nécessaire que jamais - et aussi plus difficile que jamais, comme nous venons de l’entendre. La protection des civils est aussi une priorité de la Suisse au Conseil de sécurité. Le Nouvel Agenda pour la Paix nous offre le cadre conceptuel pour réfléchir à la manière dont les missions de maintien de la paix peuvent, à l’avenir, encore renforcer la protection des civils. J’aimerais évoquer trois pistes à ce propos :

Premièrement : La protection de la population civile est l'une des tâches primordiales des missions de maintien de la paix. Cette priorité doit se refléter dans l’allocation et l’utilisation des capacités et des ressources disponibles. La protection des civils doit faire l’objet d’une approche globale et intégrée impliquant l’ensemble des composantes, militaire, policière et civile d’une mission. L’effort doit être placé non pas sur la réaction lors d’actes commis à l’encontre des civils, mais sur la prévention de tels faits. Ceci dit, même en présence d'une mission de l'ONU, la responsabilité fondamentale de la protection de la population civile incombe au gouvernement du pays hôte.

Les causes profondes des conflits et les dimensions politiques, socio-économiques, de genre et d’autres aspects doivent être pris en compte dès la phase initiale de planification d’une mission. Dans ce contexte, la présence de conseillères et conseillers POC au sein des états-majors des missions est particulièrement importante afin d’assurer une approche cohérente et coordonnée entre les diverses composantes et les partenaires externes. Le respect des droits humains et du droit international humanitaire doit s’inscrire également dans la formation des peacekeepers, car il en va de la responsabilité de chacun.

Deuxièmement : Au-delà des spécificités de chaque mission, il importe de définir et de systématiquement mettre en œuvre des standards communs pour la protection des civils, y compris contre les violences basées sur le genre. La présence à New York de tous les Commandants de force est l’occasion de tirer profit de leur grande expérience pour établir les meilleures pratiques, et assurer que celles-ci soient diffusées et appliquées dans l’ensemble des missions. La protection des civils doit aussi être garantie dans les phases de transition. A cet égard, le retrait de la MINUSMA ne doit en aucun cas engendrer une péjoration de la condition des civils : le Gouvernement malien doit assurer dès maintenant la reprise des fonctions exercées antérieurement dans ce domaine par la mission.

Enfin, troisièmement : La communication stratégique des missions contribue aussi à la protection des civils. La désinformation et les discours de haine affaiblissent et sapent les efforts. A cet égard, comme nous l’avons entendu lors du briefing sur l’intelligence artificielle la semaine dernière, les nouvelles technologies ont un potentiel intéressant. En contribuant à une meilleure compréhension de l’environnement humain, ces technologies favorisent l’alerte précoce et donc la prévention des violences contre les civils. Dans ce contexte, nous souhaitons demander aux Commandants comment voient-ils, concrètement, à l’avenir, le recours aux nouvelles technologies et notamment à l’intelligence artificielle au sein de leurs Missions pour contrer la désinformation et améliorer la protection des civils, tout en s'assurant que les risques liés à l'utilisation de ces technologies soient minimisés ?

Pour terminer, nous souhaitons rappeler que la protection des civils est une obligation de droit international dans toutes les situations de conflit armé. Avocate de longue date du droit international humanitaire, la Suisse continuera à œuvrer à sa promotion et à sa stricte application.

Je vous remercie.