Monsieur le Président,
Je remercie l’Envoyé spécial du Secrétaire général et le Secrétaire exécutif de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs et Madame Malimukono pour leur exposé. J’adresse également mes remerciements à la Commission de Consolidation de la Paix pour son avis écrit. Je souhaite la bienvenue aux représentants des Etats de la région.
Il est indéniable que la paix dans les Grands Lacs nécessite la coopération de toute la région. Nous encourageons l’Envoyé Spécial Xia à poursuivre ses efforts pour avancer un dialogue sincère entre toutes les parties et apaiser les tensions régionales. Car ce n'est qu'ensemble que nous pourrons atteindre les objectifs communs de paix, de sécurité et de coopération, prévus dans l’Accord-cadre d'Addis Abeba, en cours de revitalisation.
J’aimerais souligner trois points :
Premièrement, les initiatives diplomatiques et politiques régionales doivent demeurer l’instrument principal pour résoudre les conflits. C’est pourquoi nous lançons un appel pressant à la désescalade des violences et des appels à la haine qui peuvent empêcher ce dialogue. La Suisse réaffirme son soutien aux processus de Nairobi et de Luanda. Nous saluons l’adoption du cadre commun lors du récent Sommet quadripartite et appelons tous les acteurs à œuvrer pour l’harmonisation et la coordination des mécanismes régionaux. Pour garantir leur succès, il est impératif que tous les engagements pris soient mis en œuvre et les femmes puissent participer de manière significative et efficace. Il est notamment essentiel que tous les acteurs, en particulier la RDC et le Rwanda, cessent leur soutien à certains groupes armés.
Deuxièmement, les causes profondes des conflits doivent être traitées pour atteindre une paix durable. Cela passe par le renforcement de l’Etat de droit, la bonne gouvernance et la création d’opportunités économiques et sociales. La Suisse reconnaît le potentiel considérable de la région des Grands Lacs en matière de développement durable. Ainsi, elle s’engage depuis plusieurs années dans des projets visant à renforcer les droits de l’homme, à lutter contre la désinformation, à promouvoir la formation professionnelle et à créer des emplois. Par ailleurs, il est urgent de mettre en place une gestion responsable des ressources naturelles, qui représentent une source de prospérité pour les populations des Grands Lacs. L’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles par les groupes armés, notamment dans l’est de la RDC, compromettent la paix et le développement dans la région.
La Suisse soutient également les autorités congolaises dans l’avancement du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation. Nous notons l’adoption par le Sénat congolais de la loi établissant une force militaire de réserve. Nous encourageons les autorités à assurer que cela ne conduise pas à l’intégration de facto de membres de groupes armés au sein des FARDC. Ceci irait à l’encontre de l’esprit des principes établis dans la Stratégie nationale pour la mise en œuvre du P-DDRCS.
Troisièmement, le respect du droit international est essentiel pour parvenir à une paix durable. Alors que les attaques des groupes armés contre les populations civiles continuent, la Suisse appelle toutes les parties à respecter les obligations qui leur incombent en vertu des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Comme communiqué par la Réunion Quadripartite des chefs d'état-major au début du mois, des couloirs humanitaires doivent être mis en place pour faciliter l'assistance humanitaire rapide et sans entrave aux populations.
La Suisse accorde une attention particulière au respect des droits des femmes et des filles, compte tenu du nombre alarmant de cas de violences sexuelles vérifiées dans l’est de la RDC. Nous sommes préoccupés par les niveaux élevés d’exploitation sexuelle systématique dans et autour des camps de déplacés, notamment à Goma. Ainsi, nous encourageons les Etats de la région à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population civile et lutter contre l’impunité.
Monsieur le Président,
Alors que la poursuite des initiatives régionales demeure cruciale, il est impératif d’assurer la mise en œuvre des engagements déjà pris et de s’attaquer aux causes profondes des conflits. Dans un contexte d’insécurité et de tensions régionales croissantes et la transition en cours de la MONUSCO, la Suisse appelle à la retenue et au respect du droit international par toutes les parties.