Monsieur le Président,
La Suisse souscrit pleinement à la déclaration prononcée par le représentant permanent du Brésil, notre co-porte-plume, au nom de nos deux pays sur le dossier humanitaire. Je tiens à remercier la Directrice des opérations et du plaidoyer d’OCHA, Mme Edem Wosornu, pour son exposé. Permettez-moi d’ajouter quelques observations à titre national sur la situation politique en Syrie.
La Suisse soutient les efforts de l’Envoyé spécial Pedersen visant à assurer que la Syrie ne soit ni menacée, ni éclipsée par les répercussions régionales du conflit au Proche-Orient. Je remercie l’Envoyée spéciale adjointe, Mme Najat Rochdi, pour son exposé sur les derniers développements en Syrie. Nous regrettons que les actions visant à relancer le processus politique et les travaux du Comité Constitutionnel, sur la base de la résolution 2254, soient au point mort. Nous enjoignons toutes les parties concernées à pleinement s’engager et à collaborer avec l’Envoyé spécial en vue d’une relance d’un tel processus.
La situation sécuritaire, en particulier dans le nord du pays, continue de nettement se dégrader. La Suisse rappelle que le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme, notamment la protection des civils, est – et doit rester – une priorité de ce Conseil. La population civile et les infrastructures civiles, y compris les écoles, doivent être impérativement protégées. Dans la région d’Idlib, plusieurs dizaines de personnes – dont près d’un tiers d’enfants – ont été tuées, et une centaine de milliers d’autres ont été déplacées à cause des affrontements. Dans le nord-est, les violences armées se poursuivent, faisant craindre un vide sécuritaire qui profiterait au groupe Etat islamique alors qu’il multiplie les attaques ces derniers temps. Au même titre que les précédentes, cette nouvelle vague d’hostilités dans le nord du pays affectent les femmes et les filles de manière disproportionnée, augmentant ainsi le risque de violences basées sur le genre. Enfin, les frappes récurrentes sur les aéroports de Damas et Alep et sur divers sites sur l’ensemble du territoire sont une preuve, parmi d’autres, que les répercussions du conflit au Proche-Orient se font également sentir sur le sol syrien. C’est pourquoi nous appelons à instaurer un cessez-le-feu au niveau national, conformément à la Résolution 2254.
Monsieur le Président,
En cette période de fortes tensions régionales, nous rappelons qu’on ne peut envisager une paix durable sans justice - en Syrie comme ailleurs. La Suisse réitère son plein soutien aux organisations de la société civile qui jouent un rôle crucial dans la documentation des crimes internationaux. Leur travail, tout comme celui du Mécanisme international, impartial et indépendant, est fondamental pour lutter contre l’impunité. La Suisse tient à souligner la nécessité de leur apporter les moyens nécessaires à ce travail.
Enfin, la Suisse rappelle que la mise en œuvre de mesures de confiance pragmatiques, au sens de la résolution 2254 et par toutes les parties, telles que la récente déclaration d’amnistie et la prolongation de l’ouverture des passages frontaliers de Bab el Salame et Bab el R’ai, sont essentielles pour ouvrir la voie au dialogue ; à l’intérieur de la Syrie, mais aussi au niveau international. De réels progrès vers une solution politique ne pourront avoir lieu que si toutes les parties concernées reprennent un dialogue réaliste, constructif et tangible. A cette fin, il est important que le Conseil de sécurité continue d’octroyer à la Syrie toute l’attention nécessaire.
Je vous remercie.