Monsieur le Président,

Je vous remercie d'avoir convoqué cette séance du Conseil de sécurité. Il est important que le Conseil se penche sur ce thème. Je remercie également la Représentante spéciale Pramila Patten pour son exposé et son rapport.

La violence sexuelle dans les situations de conflit constitue une violation grave du droit international humanitaire et des droits de l’homme, et peut constituer un crime de guerre voire un crime contre l’humanité.

Il est par conséquent impératif que le Conseil condamne unanimement toutes violences sexuelles liée aux conflits, dans le contexte du conflit au Proche Orient comme dans tous les conflits armés, et agisse pour empêcher qu’elles ne se reproduisent.

La Suisse est profondément choquée par les faits présentés dans le rapport de Madame Patten. Je souhaite exprimer ici toute la sympathie et le soutien de mon pays aux survivantes et aux victimes de ces violences – en premier lieu aux femmes et aux jeunes filles qui les ont subies, et à leurs proches. Nous appelons à ce que la dignité des survivantes et des victimes soit respectée en toute circonstance.

Dès le 7 octobre dernier, nous avons répété à maintes reprises notre ferme condamnation des actes de terreur perpétrés par le Hamas, qui ont fait plus de 1'200 victimes en Israël. Parmi ces victimes, le rapport souligne qu’il « existe des motifs raisonnables de penser » que des violences à caractère sexuel, y compris des viols, des viols collectifs et des faits de torture à caractère sexuel ont été commis à plusieurs endroits.  Le rapport fait également état de violences similaires contre les otages. Il est à craindre que de telles violences sont encore subies par les otages toujours en captivité, dont la Suisse n’a eu de cesse d’appeler à la libération immédiate et inconditionnelle.

La Suisse réitère sa condamnation ferme de toute violence sexuelle.  

Nous appelons à l’établissement des faits par les organes compétents – comme le Haut-Commissariat aux droits de l’homme ou la Commission d’enquête – afin de contribuer à l’identification des violations et de leurs auteurs et que ceux-ci ne restent pas impunis. Nous appelons également à ce que le Haut-Commissariat et la Commission d’enquête reçoivent l’accès nécessaire à cette fin.

Des enquêtes doivent être menées sur toutes les violations du droit international commises en Israël et dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé, et leurs auteurs traduits en justice auprès des instances pertinentes. À cet effet, la Cour pénale internationale mène actuellement une enquête sur la situation dans le Territoire palestinien occupé qui couvre tant les faits relevant du 7 octobre que les événements en cours à Gaza et en Cisjordanie.

Monsieur le Président,

La Suisse soutient aussi la recommandation du rapport pour un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza. Un tel cessez-le-feu est nécessaire pour protéger les populations civiles, leur fournir l’aide humanitaire dont elles ont urgemment besoin, et libérer les otages.

L’expertise en matière de violences sexuelles liées aux conflits doit être prise en compte dans la conception et la mise en œuvre de tout accord. La poursuite des hostilités à Gaza s’accompagne en effet d’une augmentation des violences basées sur le genre.

La Suisse condamne le fait que les hostilités continuent de faire de nombreuses victimes civiles à Gaza, dont près de 9’000 femmes. Toujours selon les Nations Unies, 3’000 sont devenues veuves et 95 % des mères n'ont pas assez à manger. Les besoins spécifiques des femmes et filles en matière d'intimité, de sécurité et d'hygiène ne sont pas satisfaits. Elles n'ont pas accès aux services de santé, y compris à la santé sexuelle et reproductive, aux services de protection contre les violences basées sur le genre, et sont confrontées aux formes les plus graves de violence obstétrique.

Nous sommes très préoccupés par les informations contenues dans le rapport concernant les violences sexuelles et basées sur le genre contre des Palestiniennes et Palestiniens dans les lieux de détention, lors de raids dans les maisons et aux points de contrôle à Gaza et en Cisjordanie.

Nous prenons bonne note que ces informations compléteront celles déjà vérifiées par d’autres entités de l’ONU et qu’elles pourront être inclues dans le prochain rapport du Secrétaire général concernant la violence sexuelle dans les conflits armés.

Monsieur le président,

Comme l'a dit la Représentante spéciale Patten : "L'objectif ultime n'est pas une guerre sans viol. C'est un monde sans guerre".

Ce Conseil doit à tout prix mettre fin à la spirale de violence actuelle au Moyen-Orient et relancer un processus de dialogue en vue d’une solution politique à ce conflit.

Dans ce processus, la participation pleine, égale et significative de femmes palestiniennes et israéliennes est essentielle pour contribuer à une solution à deux Etats démocratiques, Israël et la Palestine, vivant côte-à-côte, en paix, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues dont Gaza fait partie intégrante.

Je vous remercie.

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