Monsieur le Président,

L’idée des opérations de maintien de la paix des Nations Unies est née quand ce Conseil fut contraint par la Guerre Froide. Ces opérations ont réussi à sauver la vie de millions de civils au courant des dernières décennies. Je voudrais donc commencer par remercier les casques bleus qui accomplissent un travail remarquable au quotidien, souvent dans des conditions difficiles, et parfois à un prix personnel très élevé.

Depuis la création du concept des opérations de maintien de la paix il y a 75 ans, la nature des conflits de même que les mandats des missions ont pourtant beaucoup changé. C’est pourquoi, dans son « Nouvel Agenda Pour la Paix », le Secrétaire général stipule, je cite : « l’écart entre les tâches prescrites aux missions de maintien de la paix des Nations Unies et ce que celles-ci peuvent réellement accomplir en pratique apparaît manifeste. »

Monsieur le Président, chers collègues,

Nous devons donc adapter les instruments pour rapidement combler cet écart. C’est une tâche pour ce Conseil, l’ONU elle-même et tous les Etats membres. Je remercie ainsi le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, de son exposé, surtout de nous avoir rappelé toutes les réussites, et je salue le troisième rapport d’avancement de la mise en œuvre de l’initiative « Action pour le maintien de la paix Plus ». Celle-ci doit se poursuivre sans relâche, et nous la soutenons pleinement. Les recommandations qui émanent du Secrétariat démontrent qu’une réflexion de fond concernant la réforme du maintien de la paix est nécessaire.

Laissez-moi énoncer trois axes qui nous semblent essentiels :

Premièrement, il revient à ce Conseil de veiller à ce que la primauté du politique guide les opérations de paix et qu’elles appuient un processus politique clairement défini, et qui inclut, bien entendu, aussi les femmes. Il s’agit également de repenser les partenariats avec les organisations régionales en général et l’Union africaine en particulier, afin d’élaborer des modèles de missions modulables et souples. À cet égard, la Suisse reconnait qu’un financement prévisible, durable et flexible des opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine représenterait un instrument important pour ce Conseil, et nous soutenons bien entendu tous les efforts que notre collègue du Ghana vient d’annoncer. C’est d’ailleurs pourquoi nous avions – pendant notre présidence – organisé un débat à ce sujet, présidé par notre Vice-Présidente.

Deuxièmement, la protection des civils au sens large doit demeurer au centre de notre attention. Toutes les missions autorisées par le Conseil ont l’obligation de respecter la Charte, le droit international humanitaire, les droits humains et le droit des réfugiés. Ce respect doit être une condition préalable à l’octroi de fonds ou de soutien par les Nations Unies et requiert des structures, processus et ressources adéquats. Il s’agit d’une exigence de diligence en matière de droits humains des Nations Unies qui est particulièrement pertinente, actuellement par exemple dans le contexte de la MONUSCO, où la question d’un soutien à des forces non-onusiennes se pose.

Troisièmement, démontrer l’efficacité d’une mission est une attente légitime aujourd’hui. L’efficacité représente non seulement une première ligne de défense contre la désinformation, mais également une responsabilité morale envers les populations affectées et envers nos contribuables. La mise à disposition par la Suisse d’un expert en la matière au Département des opérations de paix souligne notre soutien à la mise en œuvre et au développement du Système Intégré de Planification et d’Evaluation de la Performance (CPAS). Ceci notamment avec l’objectif de renforcer le lien entre l’évaluation de la performance, la planification et la budgétisation.

Nous saluons aussi les développements en termes de performance environnementale conformément à la Stratégie du Département d’appui opérationnel. Ceci contribue à réduire l’empreinte environnementale des opérations de maintien de la paix et de mieux gérer les ressources naturelles. «Greening the missions» est aujourd’hui un mot d’ordre.

La Suisse s’engage pour une discussion approfondie de la réforme du maintien de la paix. C’est pourquoi elle a pris l’initiative – lors de sa Présidence – d’organiser avec l'Institut international pour la paix (IPI) un atelier sur cette thématique. Cette discussion a mis en exergue la nécessité de développer les capacités des forces régionales, de renforcer les structures actuelles et de rationaliser les mandats.

Comme l’a dit la Directrice exécutive de Security Council Report et ancienne cheffe de plusieurs missions de paix, Mme Karin Landgren, lors du débat sur les opérations de paix en novembre : « Les opérations de paix adaptées à l'époque contemporaine doivent concevoir de nouvelles approches qui tiennent compte des causes et des moteurs sous-jacents des conflits. » Le « Nouvel Agenda pour la Paix » nous offre une opportunité unique de le faire, et la Suisse entend continuer à y contribuer de manière constructive et active.

Ou – comme nous le disions lors de la commémoration des 75 ans du Peacekeeping : « Peace begins with me, with you, and with all of us. »

Je vous remercie.

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