Monsieur le Président,
Nous remercions les intervenantes et les intervenants pour leurs présentations. La Suisse exprime sa gratitude envers les policières et policiers qui s’engagent dans les missions jour après jour, parfois dans des conditions très difficiles, pour le maintien de l’ordre public, la protection des civils et le développement des capacités policières des états hôtes. Nous rendons hommage à toutes celles et ceux qui ont laissé leur vie en œuvrant pour un monde plus sûr et plus pacifique.
Laissez-moi souligner trois éléments :
Le développement des capacités policières locales est primordial. L’état hôte doit être en mesure d’assurer la sécurité de ses citoyens. Un effort substantiel est notamment requis pour développer les capacités en termes de maintien de l’ordre public, par exemple en vue de la tenue d’élections, comme nous nous y attendons en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud. Les équipes de police spécialisées peuvent jouer un rôle important dans cette formation, tout comme dans d’autre domaines comme la criminalistique, la police de proximité ou encore la lutte contre les violences basées sur le genre. Dans le cadre de transitions et de la réduction militaire d’une mission, ce Conseil devrait considérer au cas par cas la possibilité d’augmenter de manière temporaire la composante police. Ceci afin de s’assurer que l’état hôte soit soutenu de manière optimale dans la reprise de fonctions policières et judiciaires. Cette montée en puissance des instances autres que militaires devrait également être coordonnée avec les organismes, fonds et programmes qui continuent l’action onusienne après le retrait d’une mission, améliorant ainsi la durabilité des initiatives entreprises au cours de celle-ci.
Deuxièmement, la police a une fonction cruciale pour la protection des civils dans le cadre de son engagement avec la population. En effet, son réseau est un élément porteur du système d’alerte précoce. Par conséquent, il est essentiel de disposer d’un personnel à même de communiquer, indépendamment ou au travers d'une assistance, dans les langues locales. L’engagement de la composante police avec les comités de protection des communautés dans le contexte d’Abyei en est un exemple que nous saluons en attendant la formation du service de police d'Abyei (APS). A cet égard, les pays fournisseurs d’effectifs de police devraient s’assurer que le personnel déployé soit adéquatement formé, afin que les informations obtenues se traduisent en une planification efficace, y compris en ce qui concerne les opérations de protection. Il est également important que les commandants soient bien préparés à de tels défis. C'est pourquoi la Suisse accueille le cours à l'intention des Commandants de police des Nations Unies, qui a débuté hier en Suisse.
Troisièmement, les efforts entrepris pour améliorer la performance de la composante police sont positifs. Nous nous félicitions des efforts d’intégration des différentes composantes d’une mission, notamment au niveau des centres d’opération et d’analyse conjoints. Cette intégration doit cependant être accompagnée d’une délimitation claire des fonctions de chaque composante. La police a des fonctions différentes de celles des composantes militaires et civiles. Une dilution devrait être évitée. La mise en œuvre systématique du Système intégré de planification et d’évaluation de la performance (CPAS) est un pas important permettant de mesurer la performance d’une mission dans son ensemble. A cet égard, il nous semble important que les missions ne se focalisent pas seulement sur des chiffres mais aussi sur des appréciations qualitatives. A titre d’exemple, il ne faudrait pas seulement compter le nombre des patrouilles mais aussi évaluer leur impact. Un processus systématique de retour sur expérience permettrait de relever les succès et échecs rencontrés pour en tirer des leçons. Ceci concerne également une réflexion sur la qualité du matériel et de la formation du personnel.
Monsieur le Président,
La composante police peut jouer un rôle clé, entre autres, dans le renforcement de l’Etat de droit, dans la prévention, et dans la lutte contre la prolifération d’armes qui sont des éléments importants du Nouvel agenda pour la paix. L’autorisation récente par ce Conseil de la mission de sécurité en Haïti tient compte de ce rôle. La Suisse continuera à contribuer aux efforts de la police des Nations unies en mettant à disposition des policières et policiers qui possèdent une expertise requise et des connaissances linguistiques adéquates. Ceci afin d’augmenter l’impact des missions de paix.
Je vous remercie.