Merci, Madame la Présidente.
Je voudrais aussi commencer par remercier le Sous-Secrétaire général et Directeur d’OCHA, Tom Fletcher, et l’Envoyé spécial pour la Syrie, Geir Pedersen, non seulement de leurs exposés mais aussi du travail précieux de ces derniers jours, y inclus en Syrie.
Je remercie également M. Bader Jamous, Président du Comité de négociation syrien de sa déclaration et je remercie Madame Waad al-Kateeb, co-fondatrice de la Fondation Action for Sama pour avoir partagé avec nous son histoire.
En l’espace de quelques semaines seulement, un nouveau chapitre s’est ouvert en Syrie.
Les Syriennes et les Syriens font face à une tâche colossale et formidable : il faut assurer que justice soit rendue pour les pages les plus sombres du chapitre précédent. Et je voudrais me joindre aux condoléances à toutes les familles syriennes, pour toutes les souffrances endurées, de l’Envoyé spécial. Il est grand temps maintenant de pouvoir rédiger une nouvelle page d’Histoire.
La Suisse continuera de soutenir la recherche de liberté et de justice, de dialogue et de réconciliation des Syriennes et Syriens, la mise en valeur de leur identité plurielle et la reconstruction de leur nation sur les fondements de l’Etat de droit.
Durant les deux années de notre mandat au Conseil de sécurité, la Suisse a répété que seule une solution politique inclusive, menée par et pour les Syriennes et les Syriens, facilitée par l’ONU et son Envoyé spécial et fondée sur le droit international pourra mettre fin au conflit.
Les autorités émergentes en Syrie ont désormais une opportunité historique de se démarquer clairement de leurs prédécesseurs en soutenant une transition politique inclusive et durable, conforme aux principaux éléments de la résolution 2254.
Parmi ces éléments figurent : un cessez-le-feu au niveau national, qui doit être aussi observé par toutes parties au conflit, à commencer par les Etats voisin de la Syrie ; le respect de la Charte des Nations unies, du droit international humanitaire et des droits humains, y compris la protection des minorités, ainsi que de la souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie ; une gouvernance inclusive, avec participation active, surtout aussi des femmes et de la société civile, dont la Suisse n’a eu de cesse de promouvoir le rôle essentiel ; un rejet de toute forme de terrorisme ; la prise en compte des aspirations légitimes du peuple syrien, dans toute sa diversité, et la tenue d’élections libres, inclusives, transparentes et régulières.
Par ailleurs, la Suisse est fortement préoccupée par les derniers développements dans le Golan syrien occupé. Elle appelle à ce que toute violation de l’accord de 1974 sur le dégagement des forces cesse immédiatement et réitère son soutien à la FNUOD. La Suisse rappelle que le plateau du Golan constitue un territoire occupé. Elle condamne les annonces du gouvernement israélien de vouloir y doubler les colonies, qui sont illégales en vertu du droit international humanitaire.
Madame la Présidente,
La Suisse continuera à mettre Genève à disposition pour tous pourparlers ou initiatives de paix sous l’égide de l’ONU et de son Envoyé spécial.
Mais Genève est aussi le siège de deux institutions-clés pour la transition.
La libération récente de nombreux détenus en Syrie a confirmé l’ampleur des atrocités commises dans les infâmes prisons du gouvernement syrien, mais elle a aussi apporté une lueur d’espoir aux familles encore en attente de nouvelles de leurs proches. Le droit de savoir de ces proches est une règle solidement ancrée dans les Conventions de Genève. L’Institution indépendante pour les personnes disparues, dont le mandat est strictement humanitaire, est bien placée pour faire la lumière sur le sort des dizaines de milliers de personnes disparues dans tout le pays, en coopération avec les associations des familles de victimes et d’autres acteurs et actrices humanitaires.
Enfin, la Suisse rappelle qu’il n’y aura pas de paix durable sans justice selon les principes de l’Etat de droit. Les preuves, telles qu’établies notamment par les archives, et les récits des victimes et témoins, pouvant soutenir les instances judiciaires en matière de reddition des comptes doivent être préservées. La Suisse souligne le rôle central du Mécanisme international, impartial et indépendant (IIIM) à cet égard.
Madame la Présidente,
Au cours des deux dernières années, la Suisse a rempli le rôle de porteplume sur le dossier humanitaire en Syrie.
Pendant son mandat, et notamment après les terribles tremblements de terre de février 2023, elle s’est engagée pour que l’aide humanitaire parvienne de manières sûre, rapide et sans entraves à toutes les personnes dans le besoin, par toutes les modalités d’acheminement possibles et sur l’intégralité du territoire syrien.
Nous avons souligné l’importance d’exemptions humanitaires aux sanctions pour faciliter les activités humanitaires notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la sécurité alimentaire. Nous continuerons d’encourager les réflexions à ce sujet au regard des changements à la tête du pays.
Les crises qui s’entrelacent depuis treize années ont emporté plus d’un demi-million de vies, détruit les infrastructures critiques, précipité plus de 90% de la population en-dessous du seuil de la pauvreté et déplacé plus de 16 millions de personnes. Des millions de réfugiés envisagent aujourd’hui un retour qui ne pourra se faire que de manière volontaire, sûre et digne, conformément au droit international pour la protection des réfugiés et des droits humains en général.
La Suisse réitère sa solidarité avec le peuple syrien. Dans cet esprit, nous venons d’allouer deux millions de francs supplémentaires en faveur de l’aide d’urgence en Syrie.
Nous saluons le déplacement du Sous-Secrétaire général et Directeur d’OCHA Tom Fletcher en Syrie. Celui-ci a fait état des engagements pris par les autorités émergentes en faveur de la protection des civils, de la continuation des services essentiels, ainsi que pour l’ouverture de tous les points de passages frontaliers pour l’aide humanitaire. Ces engagements doivent être concrétisés et maintenus dans le temps.
Madame la Présidente,
En quittant le Conseil, la Suisse appelle tous les membres à poursuivre la voie qui s’est ouverte le 8 décembre dernier et dans un même esprit de coopération ainsi que de pleinement soutenir une transition politique qui soit menée par et pour les Syriennes et Syriens.
La recherche d’une solution politique en Syrie, selon les termes adoptés par ce Conseil, a trop longtemps piétiné.
Il est temps d’apporter un soutien sans équivoque en faveur de la paix et de la sécurité en Syrie et dans la région toute entière.
Je vous remercie.