Monsieur le Président,
Je remercie l’Envoyé spécial Geir Pedersen et la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires ad interim, Joyce Msuya pour leurs présentations.
La Suisse demeure très préoccupée face à la persistance de foyers de conflit et de tensions en Syrie.
Nous appelons à la mise en place d’un cessez-le-feu au niveau national, prônée par la résolution 2254. En outre, une régionalisation du conflit au Proche-Orient doit absolument être évitée face au risque d’escalade régionale. Il est temps de relancer le dialogue et les négociations de paix sous l’égide de l’ONU, selon les paramètres proposés par la résolution 2254.
A cette fin, la Suisse continue de soutenir le travail de l’Envoyé spécial dans la recherche d’une solution politique, qui demeure la seule issue possible au conflit.
Dans la poursuite de cet objectif, nous saluons la détermination inébranlable de la société civile, notamment celle des femmes. Simples citoyennes, déplacées, réfugiées ou défenseuses des droits humains : aujourd’hui encore, elles sont menacées de répression dans l’ensemble du pays pour leurs engagements.
Elles s’engagent aussi pour que la lumière soit faite sur le sort des personnes détenues et disparues.
Alors que nous commémorons ce vendredi la journée internationale des personnes victimes de disparitions forcées, nous rappelons que le droit de savoir est une règle solidement ancrée dans les Conventions de Genève. C’est notamment pourquoi, la Suisse a contribué activement à la création de l’Institution indépendante pour les personnes disparues en Syrie, qui est sise à Genève et dotée d’un mandat éminemment humanitaire.
Nous appelons toutes les parties concernées en Syrie et au niveau international à collaborer avec cette Institution. Apporter des réponses à celles et ceux qui en attendent depuis si longtemps, c’est œuvrer pour la réconciliation et pour une paix durable.
En parallèle de ces efforts, la Suisse continuera de s’engager pour que les violations graves du droit international humanitaire et des droits humains ne restent pas impunies. Nous soutenons en ce sens l’action du Mécanisme international, impartial et indépendant (IIIM). Car il n’y aura pas de paix sans justice en Syrie.
Monsieur le Président,
Sur le plan humanitaire, les conflits ainsi que la crise prolongée et multidimensionnelle en Syrie continuent d‘infliger d'immenses souffrances à la population civile. Plus de 70% de la population a besoin d'une aide humanitaire, dont 7,2 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays.
Les besoins en matière de santé sont également accablants. Le système de santé perturbé peine à fournir des services vitaux. 65% des hôpitaux syriens et 62% des centres de soins de santé primaires sont fermés ou ne fonctionnent que partiellement. Combiné à un accès à l’eau et à l’assainissement défaillant, la menace d’épidémies, notamment de choléra, est réelle. Les acteurs humanitaires sont confrontés à des choix impossibles, entre poursuivre leurs interventions afin de sauver des vies et mettre un terme à des programmes de santé essentiels.
L’ampleur du déficit de financement de la réponse humanitaire en Syrie est inquiétante. Les acteurs humanitaires ainsi que la population syrienne en subissent directement les conséquences. La Syrie ne doit pas devenir une crise oubliée, et la Suisse reste déterminée à soutenir les populations dans le pays et la région. Ainsi, nous maintenons nos contributions à un niveau stable et nous sommes engagés à verser plus de 65 millions de dollars pour l'année en cours.
Monsieur le Président,
Nous saluons la poursuite des opérations humanitaires de l’ONU au travers des points de passage de Bab al-Salam et d'Al Ra'ee, dont l’utilisation a été autorisée pour trois mois supplémentaires. Des autorisations à durée indéterminée restent néanmoins nécessaires pour permettre une plus grande prévisibilité ainsi qu’une programmation, un financement et une planification efficaces. Pour répondre à l’ampleur des besoins dans le pays, toutes les modalités de l'aide – y compris l’aide transfrontalière et celle fournie à travers les lignes de front – sont indispensables.
Nous rappelons, que le droit international humanitaire oblige toutes les parties ainsi que les Etats tiers d’autoriser et faciliter le passage de l'aide humanitaire. Ainsi, toutes les parties doivent permettre et faciliter le transport de l'aide humanitaire à travers toute la Syrie, tout en garantissant un accès rapide, sécurisé, durable et sans obstacle à tous les civils en situation de besoin.
Le peuple syrien mérite la solidarité de la communauté internationale et ce Conseil ne doit pas oublier son sort.
Je vous remercie.