Merci, Madame la Présidente.

Je voudrais également remercier la Représentante spéciale Otunbayeva, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d'urgence Tom Fletcher et le Président du Comité 1988 de leurs exposés, ainsi que Madame Mahboob de ses paroles courageuses.

L’adoption, il y a trois quarts de siècle, de la Déclaration universelle des droits humains, que nous venons de commémorer ce mardi, nous rappelle douloureusement que la situation en Afghanistan est un exemple flagrant de la distance qui nous sépare de la réalisation de ces droits universels. La semaine dernière, les Talibans ont effectivement fermé le dernier accès à l’enseignement supérieur pour les femmes, leur interdisant l’accès aux professions médicales. Cette exclusion des femmes du secteur de la santé, au mépris de leur dignité et de leurs aspirations, aggravera la pénurie déjà critique de services essentiels. La crise humanitaire s’approfondi davantage. S’ajoutant à d’autres restrictions, cette action exacerbe encore la crise des droits des femmes la plus grave au monde, privant l’Afghanistan de perspectives économiques, sociales et politiques. Lorsque la moitié de la population est exclue de l’éducation, de la vie publique et économique, les conséquences se répercutent sur l’ensemble du pays. La pauvreté est exacerbée. Les communautés déstabilisées. Et la confiance dans la gouvernance et les institutions publiques s’érode. Nous appelons les Talibans à revenir immédiatement sur ces décisions que nous condamnons fermement.

Madame la Présidente,

Ce Conseil a reconnu l’évaluation indépendante comme une base pour avancer, et son soutien à la MANUA et à son mandat demeure solide. Mais nous devons faire davantage pour garantir que les droits de toutes les Afghanes et de tous Afghans soient rétablis et que l’Afghanistan puisse s’engager durablement sur le chemin de la paix, de la stabilité et de la prospérité.

En réfléchissant aux deux années de la Suisse en tant que membre de ce Conseil, je souhaite souligner les points essentiels suivants :

Premièrement, les droits humains de toutes les Afghanes et de tous les Afghans doivent être respectés. L’Afghanistan ne pourra atteindre la stabilité, la prospérité ou la paix tant que des violations systémiques persisteront. Les femmes doivent pouvoir prendre leur place à la table des négociations et participer aux prises de décisions. A cette fin, une solide formation est indispensable. Ma délégation s’est engagée pour que les femmes afghanes soient incluses dans la construction de l’avenir de leur nation. En décembre dernier, nous avons organisé une réunion à huis clos en formule Arria pour faciliter un dialogue entre des femmes afghanes et les membres de ce Conseil. En septembre de cette année, nous avons amplifié les voix de ces femmes qui ont consacré leur vie à construire la paix au sein de leurs communautés avec notre Présidente et le Secrétaire général des Nations unies. Leur courage doit continuer d’inspirer et de guider nos actions, et nous ne devons pas abandonner leurs espoirs et aspirations.

La composante « droits humains » de la MANUA est essentielle pour documenter les violations, contribuer à garantir la responsabilité et préserver la dignité. La Suisse a contribué à hauteur de plus de deux millions de dollars pour soutenir ce travail crucial, et nous appelons ce Conseil à réaffirmer son engagement envers les droits humains lors du renouvellement du mandat de la MANUA en mars. Sans droits humains, un Afghanistan en paix, sûr et prospère restera hors de portée.

Deuxièmement, investir dans la résilience climatique aujourd’hui sauvera des vies demain. L’Afghanistan est l’un des pays les plus touchés par le changement climatique, avec des sécheresses et d’autres événements climatiques extrêmes qui déplacent des communautés entières, épuisent des ressources déjà rares et exacerbent les tensions régionales liées à l’accès à l’eau et aux ressources naturelles. La réunion de l’année dernière du Groupe d’experts informel sur le climat, la paix et la sécurité, coprésidée par la Suisse, a mis en évidence la nécessité de solutions innovantes et d’une résilience accrue. Nous saluons la nomination d’un conseiller climatique à la MANUA qui contribuera à renforcer les efforts de la mission à ce sujet.

Troisièmement, l’action humanitaire doit être protégée. Plus de 23 millions de personnes en Afghanistan ont un besoin urgent d’aide humanitaire. Nous ne pouvons pas permettre qu’elles soient privées de l’aide dont elles ont besoin. L’accès humanitaire et la protection du personnel humanitaire doivent être garantis en tout temps, conformément au droit international humanitaire et à la Résolution 2730 de ce Conseil. Nous faisons écho à l’appel du Secrétaire général aux Talibans pour qu’ils garantissent un accès sans entrave, s’abstiennent d’interférer arbitrairement et assurent la sécurité du personnel humanitaire. De son côté, la Suisse vise l’ouverture prochaine d’un bureau humanitaire à Kaboul afin de pouvoir contribuer aux besoins humanitaires de la population afghane en détresse.

Madame la Présidente,

Répondre aux crises en Afghanistan exige un engagement résolu, coordonné et soutenu. La MANUA reste un pilier des efforts internationaux, et son mandat est essentiel pour l’avenir du pays. Alors que le mandat de la Suisse au Conseil touche à sa fin, nous réaffirmons notre solidarité avec le peuple afghan et notre engagement indéfectible à défendre leurs droits et leurs libertés. La Suisse restera ferme dans son soutien à la paix, à la stabilité et à la dignité pour toutes et tous les Afghans.

Je vous remercie.

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