Monsieur le Président,
Je remercie le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Perthes, pour son exposé. Je salue également la présence du représentant du Soudan à cette réunion.
Le Soudan se trouve à un moment charnière du rétablissement de sa transition démocratique, sur laquelle reposent les espoirs de liberté, de paix et de justice du peuple soudanais. La Suisse se félicite de l'engagement constructif et des progrès réalisés ces dernières semaines dans le traitement des cinq questions clés identifiées dans l'accord-cadre du 5 décembre. Nous appelons les signataires à poursuivre sans relâche leurs efforts de dialogue, et aux forces politiques qui restent en dehors de l’accord-cadre à s’engager de manière constructive. L'engagement renouvelé des dirigeants du Conseil souverain de remettre le pouvoir à un gouvernement civil est également encourageant.
Nous reconnaissons le rôle clé que la Mission intégrée des Nations unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), l'Union africaine et l'IGAD jouent dans la facilitation de ce processus.
Monsieur le Président,
Il s’agit maintenant de consolider sans tarder ces progrès dans un accord politique. Ceci notamment pour trois raisons:
Premièrement, une solution politique au niveau national est essentielle pour améliorer ainsi la situation humanitaire, économique et sécuritaire dans l'ensemble du pays. Nous restons profondément préoccupés par la violence persistante au Darfour, dans les Kordofans et au Nil Bleu. Ces violences, qui touchent tout d’abord la population civile, sont inacceptables. Nous appelons toutes les parties à respecter le droit international humanitaire. La Suisse salue le travail du Comité permanent de cessez-le-feu au Darfour, l’un des rares mécanismes mis en place par l'Accord de paix de Juba. Ce Comité, soutenu par la Suisse depuis sa création, joue un rôle clé pour désamorcer les tensions. Cependant, il faut faire davantage pour lutter contre l'insécurité, car la souffrance humaine ne cesse d’augmenter. Près de 16 millions de personnes ont besoin d'assistance humanitaire – c'est le chiffre le plus élevé depuis 2011.
Deuxièmement, avec le retour imminent d'un leadership civil, nous devons investir dans le renforcement d'une transition inclusive, portée par un large soutien public. Les efforts déployés par les signataires civils et militaires visant à élargir la participation de divers acteurs dans les cinq processus de dialogue constituent un signal encourageant. Toutefois, et malgré leur engagement, les femmes restent sous-représentées tout au long du processus. Ceci doit changer: les femmes ont été à l'avant-garde de la révolution soudanaise, et leur participation pleine, égale et significative reste absolument cruciale pour la réussite de la transition politique. Nous appelons toutes les parties à tenir leurs promesses d'assurer une représentation d'au moins 40 % de femmes dans des futures institutions de transition.
Troisièmement, un engagement ferme en faveur de la justice sera fondamental pour rétablir la confiance du peuple soudanais dans les autorités du pays et briser les cycles de la violence. Les responsables des violations et des abus des droits humains doivent rendre des comptes. Nous restons profondément préoccupés par les informations récurrentes faisant état de violences sexuelles et basée sur le genre à l'encontre de femmes et de jeunes filles dans les camps de déplacés du Darfour. La récente visite de l'expert sur la situation des droits humains au Soudan est une étape importante. Nous réitérons son appel en faveur d'un processus de justice transitionnelle global et inclusif, adapté aux différents régions du pays, axé sur les besoins des victimes et tenant compte de la dimension de genre.
Monsieur le Président,
Bien qu’un accord politique constitue un pas en avant significatif, le véritable travail ne commencera que par la suite. La Suisse continuera à soutenir la transition au Soudan et à s’engager aux côtés du peuple soudanais sur la voie d'un avenir plus pacifique.
Je vous remercie.