Monsieur le Président,
Je remercie l’Envoyé spécial Hans Grundberg, et Madame Lisa Doughten,d’OCHA pour leurs interventions.
« La guerre est laide », c’est par ces mots qu’Elham Hassan, 40 ans, habitante de Sana’a, commence sa lettre de septembre 2023 aux générations futures, un saisissant plaidoyer pour la paix. Elle ajoute : « Même lorsque les combats prennent fin, les choses ne redeviennent pas comme avant. Vous êtes peut-être encore en vie et vous respirez, mais vous ne vivez plus vraiment. » Ces mots nous rappellent notre devoir : éviter les conflits et leurs lourdes conséquences.
A ce titre, trois points doivent être soulevés.
Premièrement, il est urgent de mettre fin à la spirale de la violence. La Suisse reste très préoccupée par la situation dans la région, y compris au Yémen. Il faut éviter une escalade régionale encore plus grave. Celle-ci aurait aussi pour conséquence une aggravation de la situation au Yémen avec un au coût humain désastreux. Nous appelons toutes les parties au strict respect du droit international, y inclut des droits et des libertés de navigation en mer Rouge. Nous réitérons notre appel à la plus grande retenue et à une solution diplomatique. La Suisse soutient tous les efforts diplomatiques actuellement en cours à cet égard.
Deuxièmement, la résolution du conflit politique au Yémen doit rester au centre de notre attention. Nous appelons toutes les parties à tout faire pour éviter le retour d’un conflit à grande échelle. Favoriser toute mesure de renforcement de la confiance est primordiale. Le mois dernier, nous avions salué l’accord concernant la cessation des mesures de rétorsion dans le secteur bancaire et la reprise de certains vols commerciaux. Sa mise en œuvre partielle est un pas dans la bonne direction. Toute mesure de rétorsion économique doit cesser. La Suisse appelle les parties au conflit à respecter les dispositions de l'accord de désescalade économique et à se réunir sous l'égide de l’office de l’envoyé spécial. La reprise des discussions concernant un échange de prisonnier en juin dernier est un signal positif, que nous saluons. Ces discussions représentent une opportunité pour créer un climat de confiance et redonner un élan aux pourparlers entamé par l’Envoyé spécial. Dans ce contexte, la Suisse réitère son plein soutien au rôle de médiation de l'envoyé spécial.
Troisièmement, seul un soutien au travail humanitaire et une résolution du conflit par la voie diplomatique permettront une amélioration pérenne de la situation humanitaire alarmante. Nous sommes préoccupés par les inondations soudaines. Une étude réalisée par une ONG yéménite à la demande de la Suisse sur l'impact du changement climatique sur les personnes déplacées au Yémen a montré que près de 600 000 personnes ont été déplacées au cours des 15 dernières années à cause des torrents et des crues soudaines. Ces inondations amplifient encore le risque de maladies telles que le choléra. Par ailleurs, la destruction des infrastructures civiles et la dispersion des populations en raison du conflit armé en cours ont encore accru la vulnérabilité à ces évènements climatiques.
Le travail du personnel humanitaire est crucial dans ce contexte. Leur sécurité et leur accès à la population civile doivent être garantis, conformément au droit international humanitaire, comme le rappelle la Résolution 2730. La Suisse est très préoccupée par les limitations de l’espace civil et humanitaire par les Houthis, qui créent un climat de peur. La détention arbitraire de civils yéménites, y compris de membres de personnel humanitaire et onusien, est inacceptable. La Suisse condamne la prise d'assaut du bureau du HCDH à Sanaa. Nous demandons la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement. Pénétrer sans autorisation dans un bureau de l'ONU et s'emparer par la force de documents et de biens constitue une grave violation des privilèges et immunités des Nations Unies.
Monsieur le Président,
Elham Hassan termine sa lettre avec un cri pressant, un appel pour une « paix durable qui préservera la liberté, la dignité, les droits et l’égalité pour tous. » Nous ne pouvons que réitérer cet appel, pour le Yémen et pour l’ensemble de la région. Le soutien de ce Conseil pour les efforts des Nations Unies, sur le plan politique et humanitaire, reste fondamental. La Suisse continuera à œuvrer dans ce sens.
Je vous remercie.