Madame la Présidente,

La menace la plus systémique pour l’humanité est le changement climatique, comme l’a dit le Secrétaire général des Nations Unies.

Dans un monde qui se réchauffe, la sécurité climatique et la paix durable sont inséparables. C’est pourquoi la Suisse a fait de la sécurité climatique une priorité au Conseil de sécurité.

Je remercie donc les Émirats arabes unis d’avoir organisé ce débat important et pour la poursuite de leur engagement par la présidence de la COP28.

Les travaux au niveau du Conseil de sécurité et la mise en œuvre de l’accord de Paris sont complémentaires pour adresser ces défis immenses. Le Président Santos, le Secrétaire général adjoint Lacroix, ainsi que Madame Kadry – que je remercie pour leurs témoignages – l’ont illustré de façon claire: le changement climatique alimente les risques de conflit. Reconnaître le lien indéniable entre le changement climatique et la sécurité est ainsi impératif. C’est aussi pourquoi la Suisse soutient la déclaration du Groupe d’Amis sur Climat et Sécurité.

Madame la Présidente,

Aux tensions et conflits dans le monde s’ajoute le changement climatique, la perte de la biodiversité et la pollution: beaucoup de vous l’ont senti ici même à New York la semaine passée. C’est une triple crise planétaire.

Chaleur et sécheresse, tempêtes et inondations déstabilisent de nombreuses régions du monde. Le cercle vicieux de tensions, de fragilité et de conflits est souvent renforcé par le changement climatique. Prenons le cas du Sahel, comme l’a souligné Madame Diouf, représentante de la société civile devant ce Conseil le mois passé. Ou encore le Soudan du Sud, où des inondations persistantes empêchent la mission mandatée par ce Conseil d'accomplir pleinement ses tâches de protection des civils.

L’impact du changement climatique est sans précédent. Notre réponse doit donc être innovante.

Premièrement, nous devons mettre la science et les nouvelles technologies au service de la prévention des conflits. Par exemple, l’initiative Climate Risk and Early Warning Systems, dont l’Organisation météorologique mondiale est un partenaire clé, met en œuvre des systèmes d’alerte précoce. Elle déclenche l’action rapide en amont d’évènements extrêmes dans les pays vulnérables et représente donc une contribution concrète pour prévenir des conflits. Un autre exemple est la matrice de suivi de déplacement de l’Organisation internationale pour la migration qui analyse les données des populations déplacées.

Intégrer l’expertise scientifique et diplomatique est une approche stratégique de la Suisse.  Ces dernières années, nous avons ainsi créé un pôle d’expertise à Genève sur les effets du changement climatique sur la sécurité humaine dont bénéficie tout le système onusien.

Deuxièmement, nos efforts collectifs pour bâtir et consolider la paix doivent également intégrer les liens entre le changement climatique et la sécurité. Le Fonds de consolidation de la paix de l’ONU, que la Suisse soutient, confirme ce besoin. Les leçons à retenir concernent notamment le financement climatique dans les pays fragiles. Celui-ci doit refléter les priorités locales, renforcer le pouvoir économique des femmes et valoriser l’expertise des jeunes générations.

Troisièmement, les mandats des opérations de maintien de la paix doivent être sensibles aux risques climatiques. La réalité sur le terrain a déjà poussé certaines missions à réagir. Les conseillers climatiques et environnementaux sont clé pour soutenir les missions dans l’intégration et mitigation des risques climatiques dans leur travail.

Le mécanisme de sécurité climatique, initiative conjointe de différents acteurs et programmes onusiens, permet aux Nations Unies d’aborder ces risques plus systématiquement. Je tiens ici à souligner le rôle du Groupe d’experts informel sur le climat et la sécurité, que nous co-présidons avec votre pays, Madame la Présidente, et le Mozambique. En compagnie également de Malte, nous avons lancé en mars une série de mesures concrètes sur climat, paix et sécurité au sein de ce Conseil. Nous invitons d’autres membres à se joindre à nos efforts.

Madame la Présidente,

La sécurité climatique est une des bases de la stabilité. Nous devons ancrer l'action climatique non seulement dans l’Agenda 2030, mais également dans le Nouvel Agenda pour la Paix.

L’inaction n’est pas une option. C’est pourquoi ce Conseil se doit d’agir sur les rouages complexes qui relient le climat, la paix et la sécurité. Il s’agit de la seule façon de remplir son mandat : maintenir la paix et la sécurité internationales.

Je vous remercie.

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