Merci Madame la Présidente,

Et bienvenue de retour dans cette chambre, Madame la Ministre.

« Nous croyons toujours à la promesse d’un monde meilleur pour tout le monde. Et vous ? » Voici la question des jeunes dans une lettre ouverte aux dirigeantes et dirigeants mondiaux, partagée par le Bureau des Nations unies pour la Jeunesse, il y a juste un mois.

Il y a pourtant presque 25 ans déjà, 5 ans après le coup d’envoi lancé par la Déclaration et le Plan d’Action de Beijing de 1995, le Conseil a adopté la résolution 1325, sur les femmes la paix et la sécurité (FPS). Elle prommettait ainsi aux femmes de leur ouvrir les portes des processus de paix et de mieux les protéger. Il y a près de 10 ans, par la résolution 2250 sur la jeunesse, la paix et la sécurité (JPS), il l’a promis aussi aux jeunes. Le débat d’aujourd’hui nous donne l’occasion de passer en revue la mise en œuvre de ces promesses.Je remercie le Mozambique de nous y avoir convoqués. Je remercie également les intervenantes et intervenants pour l’expertise qu’ils ont partagée avec nous, et je salue l’avis de la Commission de consolidation de la paix.

Madame la Présidente,

Ces dernières décennies, nous avons élargi notre vision de la paix et reconnu la diversité des personnes qui la construisent.

Nous pouvons être fiers de ces acquis, de la reconnaissance du rôle essentiel des femmes dans la paix et la sécurité et de l’action des jeunes dans la résolution des conflits.

Mais tournons-nous vers le présent. Où sommes-nous aujourd’hui, selon les derniers rapports du Secrétaire général ?

Pour les femmes, les portes à la consolidation de la paix sont, au mieux, entrouvertes et semblent même se fermer. Les femmes en tant que médiatrices, négociatrices et signataires sont toujours l'exception plutôt que la norme dans les processus de paix. Nous l’avons entendu aujourd’hui des représentants des Nations unies, si l’on regarde les chiffres de la protection, ils ne sont pas encourageants.

Quant aux jeunes dans les processus de paix, le bilan est également mitigé, comme nous l’avons aussi entendu. Si des initiatives louables existent, par exemple en Colombie, au Yémen ou en République centrafricaine, les jeunes subissent généralement plus de violence, sont rarement impliqués dans les négociations de paix et perdent souvent confiance dans les institutions publiques.

En plus, l’approche du double anniversaire des résolutions 1325 et 2250 me fait penser au double obstacle que les jeunes femmes doivent franchir dans la consolidation de la paix.

Une piste prometteuse pour lever ces obstacles est la mise en réseau.

Premièrement, la mise en réseau des femmes et des jeunes qui s’engagent pour la paix. Des réseaux comme FemWise Africa montrent le succès de cet instrument en termes de visibilité, d'apprentissage mutuel et de transmission de connaissances et de protection. Il s’agit donc de créer des réseaux là où ils n'existent pas, relier les réseaux de femmes et de jeunes là où ils existent, et les élargir activement à davantage de jeunes femmes.

Ensuite, les décideuses et décideurs politiques doivent intégrer et utiliser ces réseaux et établir des véritables partenariat avec eux. Des plans d’actions nationaux pour les JPS et FPS peuvent y contribuer.

Enfin, la mise en réseau au niveau multilatéral pour mettre en œuvre les Agendas FPS et JPS. Nous saluons à cet égard le rôle essentiel des avis de la Commission de consolidation de la paix au Conseil de sécurité.

Madame la Présidente,

Nombreux processus de paix le démontrent : plus la paix est ancrée dans chacune et chacun, plus elle est solide et peut grandir. Ce sont les actions de la société en entière qui pérennisent la paix. Bâtir cette paix est un enjeu trop grand pour qu’on puisse se passer tant de l’expertise et l’experience des femmes que celles des jeunes.

En tant qu'États membres, nous aurons de nouveau l'occasion de tenir les promesses que nous avons faites il y a près de 25 ans : avec des messages fermes et forts dans le Pacte pour l'avenir et dans la réforme de l'architecture de paix 2025.

La Suisse continuera à appeler au respect des droits humains et du droit international humanitaire dans ses efforts. Sans protection, les femmes et les jeunes ne peuvent pas participer pleinement. La Suisse continuera aussi à s’engager pour que la voix des femmes et des jeunes soit pleinement entendue dans ce Conseil, et qu’il agisse avec elles et eux. A votre instar, Madame la présidente, nous y porterons une attention toute particulière lors de notre présidence du Conseil en octobre, occasion du débat annuel sur la question « femmes, paix et sécurité ».

Nous avons bien écouté et entendu, et essayerons de tenir compte de toutes les recommendations ici émises, avec détermination et sincérité. Pour que les jeunes puissent, with a growing agency comme cela a été dit, continuer à croire en cette promesse d’un monde meilleur, ou, dans les mots de Madame Diof « être les acteurs et actrices du changement ».  

Je vous remercie.