Monsieur le Président,

Depuis la création des Nations unies, les Etats Membres ont réalisé ensemble des progrès remarquables. Pendant longtemps, les conflits et l’insécurité alimentaire ont reculé.

Nous n’avons malheureusement pas su garder le cap.

Au cours de la dernière décennie, l'insécurité alimentaire aigüe a massivement augmenté. En dépit des objectifs fixés par l’Agenda 2030, près de 800 millions de personnes sont confrontées à la faim de manière chronique. Les conflits en sont la cause première, comme le montrent le risque de famine à Gaza et l’insécurité alimentaire croissante au Soudan. Dans d’autres contextes à l’agenda de ce Conseil, le changement climatique est un facteur déstabilisant. Pour promouvoir et consolider la paix, il faut mieux saisir les interactions entre ces trois dimensions.

Ce débat tombe donc à point nommé. Nous remercions le Guyana de nous avoir réuni autour de ce thème. Nos remerciements s’adressent également au Secrétaire général, au Secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Monsieur Stiell, à la Directrice générale adjointe de la FAO, Madame Bechdol et à Madame Leiva Roesch, pour leurs exposés.

Vos interventions ne laissent aucune place au doute : nous avons besoin d’un multilatéralisme renforcé. Si l’objectif qui nous réunit reste le même qu’il y a près de 80 ans, le monde, lui, a changé. Les défis sont de plus en plus connexes. Nous devons donc trouver des nouveaux moyens pour consolider la paix.

Le Nouvel agenda pour la paix nous indique le fil conducteur à suivre - celui de la prévention :

Grâce aux progrès scientifiques, divers systèmes d’alerte précoce ont été développés pour l’insécurité alimentaire, les conflits et les urgences climatiques. Nous devons maintenant nous assurer qu’ils puissent opérer ensemble. En effet, les défis connexes exigent des systèmes en réseau permettant de relier les données. Ainsi seulement pourrons nous éviter les angles morts en matière de prévention et agir pour assurer la sécurité alimentaire à long terme.

Une meilleure intégration entres les différents acteurs est également nécessaire. Nous saluons la collaboration entre le Conseil de sécurité et l’ensemble du système onusien, mais également avec les organisations régionales, comme l'Union africaine, les organisations régionales économiques, les acteurs locaux et la science.

Dans cette logique, la Suisse a récemment organisé des dialogues sur les impacts du changement climatique et des conflits sur la sécurité alimentaire avec l’ensemble de ces acteurs.

Le Nouvel Agenda pour la paix propose aussi de pistes concrètes pour l’action de ce Conseil.

Pour parvenir à des réponses adaptées aux contextes, le Conseil doit prendre en compte l’impact du changement climatique sur la paix et la sécurité. Par exemple en mandatant les missions onusiennes d’analyser les risques liés au changement climatique. La sécurité alimentaire doit aussi faire partie de cette équation. Le Conseil doit également servir de plateforme pour l’alerte précoce et pour mobiliser les efforts de la communauté internationale.

Certes, les conflits, la faim et le changement climatique interagissent de manière différente dans chaque contexte. Ce constat ressort des discussions au sein du groupe informel d’experts sur le climat et la sécurité que nous présidons avec le Mozambique. Mais le résultat de cet engrenage est toujours le même : plus d'instabilité et d’insécurité. Nous l’observons au Sahel, au Myanmar ou encore à Haïti.

Pour agir contre la faim causée par les conflits, le Conseil s’est doté d’une base claire en adoptant la Résolution 2417. En tant que points focaux au sein du Conseil avec le Guyana, nous sommes engagés pour faciliter sa mise en œuvre. Concernant l'impact sécuritaire du changement climatique, des progrès ont été réalisés au cas par cas dans plusieurs résolutions. Nous soutenons la recherche d’un consensus entre les membres du Conseil pour qu’il puisse se doter d’un cadre stratégique en vue d’une action cohérente et responsable face aux défis climatiques.

Monsieur le Président,

Les outils pour renforcer la prévention existent. Encore faut-il la volonté politique de les saisir. C’est notre devoir face au triple fléau des conflits, de la faim et du changement climatique.

Etant donné que les populations les plus vulnérables sont affectées de manière disproportionnée, nous devons tout mettre en œuvre pour que le droit international soit respecté. Face aux souffrances causées par la violation de ces normes universelles, nous ne pouvons pas simplement compter sur la résilience des populations.

Je souhaite conclure en rappelant que les défis connexes exigent des réponses intégrées. En faisant de la prévention une priorité politique, le Nouvel agenda pour la paix peut nous mettre sur la bonne voie. Le Sommet de l'avenir sera l’occasion de l’emprunter ensemble.

Je vous remercie.

 

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